AÏDA SALLOUM SUR LES CIMAISES DE L’ÉTABLISSEMENT
ARABE POUR LA CULTURE ET LES ARTS
UNE PEINTURE OÙ SE CÔTOIENT L’ÉMOTION, L’INCOMMUNICABLE ET L’ÉPHÉMÈRE

Après avoir été franchement figurative et bien qu’elle garde encore le prétexte d’un sujet, la peinture de Aïda Salloum glisse de plus en plus vers l’abstraction, comme en témoigne son exposition d’œuvres récentes à “l’Etablissement arabe pour la Culture et les Arts”, des paysages où seules quelques formes structurées s’affirment dans un lieu réinventé.
 

Les fenêtres de la mémoire..

Civilisation.

Par une démarche qui lui est particulière, où ont une égale part la déduction intellectuelle et l’expression artistique, Aïda Salloum regarde la nature, la décompose et la réorganise selon un certain ordre conceptuel.
La mise en scène de l’image, chez cette artiste, utilise, de préférence, des espaces transparents qui laissent place à la perspective dont les divers éléments sont traduits en couleurs froides et chaudes: des bleus, des mauves, des rouges, des jaunes, des verts, des gris et même des blancs, créant des harmonies tendres et d’autres violentes formant de vigoureux contrastes.
Une dialectique particulière se joue entre la présence objective des éléments constituant les paysages et leur potentiel symbolique. En variant leurs qualités spécifiques et leurs modes d’interférence, non seulement des changements d’échelle interviennent au sein d’une même composition, mais aussi des différences de netteté et d’intensité colorée où le passage de la polychromie à la monochromie contribue, avec les ruptures d’équilibre, à accentuer l’harmonie de l’œuvre et à compliquer la lecture du tableau. Si Aïda Salloum est sensible aux recherches du moment, elle garde, aussi, le souci constant de préserver un style qui lui est propre, avec la volonté d’une certaine simplification, afin d’atteindre le maximum de communication. Sa peinture se caractérise par un penchant net pour les motifs architecturés et il se dégage de la plupart de ses compositions un souci de rythme harmonieux.
 

Nostalgie.

Eclosion.

La démarche de Aïda Salloum la mène dans la proximité de ceux qui revendiquent une nouvelle figuration. L’image qu’elle nous offre n’est pas réaliste. Elle est la reconstitution d’un certain réel où se côtoient l’émotion et la distance, l’incommunicable et l’éphémère.
Aïda Salloum veut, aussi, à sa manière exprimer les notions d’espace et de simultanéité. Elle ne suggère pas le mouvement; elle veut le fixer. C’est-à-dire imprimer sur la toile une trace d’un moment dans le temps.
Le dialogue entretenu par l’artiste avec son tableau est exclusivement émotif. Cette émotion est signifiée dans le constat que nous donne l’image qui n’a plus d’autres références qu’elle-même.

Par NICOLE MALHAMÉ HARFOUCHE

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