ASSAD ET MOUBARAK: L’ACTION COMMUNE
Les concertations se poursuivent intensément et, pour cause, entre Le Caire et Damas au fur et à mesure qu’approche la date fixée par Ehud Barak pour rapatrier “Tsahal” du Liban-Sud et de la Békaa-ouest d’ici au 7 juillet et peut-être même avant le début de ce mois.


Tête-à-tête Assad-Moubarak au Caire.

A la suite de la réunion, mercredi dernier, à Palmyre dans le désert syrien, des ministres des Affaires étrangères de Syrie, d’Egypte et d’Arabie saoudite, on s’attendait à la tenue d’un sommet tripartite, devant être suivi d’un autre élargi, à l’effet de passer en revue les développements de la conjoncture régionale et, partant, d’affronter les machinations de l’Etat hébreu, dont le plan de retrait suscite des doutes quant à “l’idée de derrière la tête” de ceux qui l’ont élaboré. Surtout s’il devait s’agir de militaires qui ne cachent même pas leurs sombres desseins.
Ainsi, le sommet a eu lieu au Caire et il a été bipartite, seuls les présidents Moubarak et Assad y ayant pris part. On ignore la raison pour laquelle le prince héritier d’Arabie saoudite ne s’est pas joint à eux, ainsi que certaines dépêches d’agence le laissaient prévoir.
Quoi qu’il en soit, Damas, Le Caire et Djedda agissent en parfait accord et les chefs de leur diplomatie ont dû certainement élaborer la stratégie de l’action à entreprendre dans l’étape actuelle, pour déjouer les plans de l’ennemi commun.
Le Conseil de la Ligue arabe a, d’ailleurs, donné le ton: siégeant en son siège dans la capitale égyptienne, à l’échelon des délégués permanents des Etats membres, l’organisme panarabe a confirmé les recommandations adoptées, précédemment, par les ministres arabes des Affaires étrangères lors de la session qu’ils ont tenue, il y a quelques semaines à Beyrouth.
Le conseil a invité les pays membres “à suspendre toute tentative de normalisation des relations avec l’entité sioniste, jusqu’à ce que soit réglé le conflit proche-oriental”. De plus, il leur a demandé de ne plus participer aux négociations multilatérales où sont débattues des questions aussi importantes que les problèmes des réfugiés, de l’eau, du désarmement, etc...
Les présidents Assad et Moubarak ont abondé dans ce sens. Bien plus, ils ont accusé - ce qui est naturel - l’Etat hébreu de saboter la paix et lui ont fait assumer l’entière responsabilité de son blocage.
MM. Farouk Chareh et Amr Moussa l’ont proclamé sans ambages au cours de la conférence de presse conjointe qu’ils ont tenue à l’issue du sommet du Caire - à la place des présidents Assad et Moubarak - en affirmant “qu’Israël fuyait les échéances de la paix”. Aussi, doutent-ils du fait pour Israël “de faire un effort sérieux pour en relancer le processus, du moins dans un avenir prévisible”.
Il est de notoriété publique que cette relance est de moins en moins probable et qu’il faudra attendre la fin des élections présidentielles américaines, prévues en novembre, pour espérer pouvoir sortir les négociations de l’impasse et pour obtenir une paix juste et globale dans la région.
MM. Chareh et Moussa ont révélé, par la même occasion, l’acceptation par leurs chefs d’Etat, de la proposition suggérant la convocation au Caire d’une conférence des ministres des A.E. des pays signataires de la “Déclaration de Damas”, à savoir, les six Etats membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), plus la Syrie et l’Egypte, au cours de la première semaine de juin. Ces pays avaient prévu une coopération multiforme entre eux, mais celle-ci ne s’est pas concrétisée jusqu’ici.
Le moment est venu, pensent-ils, d’y revenir, afin de faire front commun contre Israël qui tire un profit évident des dissensions interarabes. Il est temps d’y mettre un terme et la Ligue a pris la décision qui s’imposait pour y parvenir: suspendre toute tentative de normalisation des relations avec l’Etat hébreu, certains Etats du Golfe étant les plus vulnérables dans ce domaine.
Au sommet du Caire, le Liban, comme on s’en doute, n’a pas été oublié. En effet et ainsi que l’a rapporté M. Chareh, la Syrie et l’Egypte n’acceptent aucun piège dans l’application par Israël de sa décision relative au retrait, ni l’utilisation de ce retrait pour faire pression contre n’importe quelle fraction libanaise et, surtout, contre la Résistance.
Naturellement, ils ont réitéré leur soutien sans réserve au Liban, pour l’aider à effacer les séquelles des derniers raids aériens ayant pris pour cible, une fois de plus, deux de nos sous-stations électriques, celles de Bsalim et de Bared. Cela se traduit par des pertes sèches au plan économique et constitue un coup dur aux secteurs productifs.
 
LES NÉGOCIATIONS PALESTINO-ISRAÉLIENNES PIÉTINENT...
DIALOGUE DE SOURDS À EILAT COMME À LA BASE DE BOLLING

Les négociations palestino-israéliennes continuent à piétiner, par la faute de l’interlocuteur de l’Etat hébreu qui tergiverse et manœuvre à l’effet de torpiller le processus de paix. En dépit de la participation active de M. Dennis Ross, l’émissaire américain ne parvenant pas à rapprocher les points de vue.


Dans l’attente de l’accord-cadre.

Aussi, a-t-il décidé au terme d’une semaine de conciliabules à Eilat, de regagner Washington pour rendre compte au président Clinton et à Mme Albright des résultats des pourparlers qui se déroulent jusqu’ici dans ce port israélien dans le même climat que celui ayant caractérisé les entretiens de la base aérienne de Bolling, près de la capitale fédérale, le mois dernier.
Pourtant, Ehud Barak a conféré, ces derniers jours, longuement, avec M. Yasser Arafat et promis d’intervenir pour rétrécir la brèche séparant les négociateurs. Mais rien ne s’est produit, bien que le Premier ministre israélien ait promis de placer “très bientôt” trois villages proches de Jérusalem-est: Abou-Dis, Azarieh et Suwahara, sous le contrôle total des Palestiniens.
Le sommet Barak-Arafat tenu dimanche soir à Ramallah (Cisjordanie) “n’a donc donné aucun résultat et n’a débouché sur aucun accord”, de l’avis d’un responsable palestinien. M. Ross a reconnu “l’existence de difficultés”, tout en faisant état de “possibilités de progrès”.
Cependant, le principal négociateur palestinien, M. Saëb Erakat, a affirmé “qu’il n’y avait eu aucun progrès”. Tout en annonçant une nouvelle rencontre jeudi (hier), il a émis le souhait de voir les Américains intervenir pour faciliter l’application des résolutions 242 et 338 du Conseil de Sécurité, “car, dit-il, nous avons besoin de leur aide”.
L’émissaire US est parti pour Washington mais sera de retour, probablement, au début de la semaine prochaine.
Fait à signaler: Palestiniens et Israéliens sont censés conclure un accord-cadre avant le 13 mai, ce dernier devant définir les grandes lignes d’un accord permanent à signer avant le 13 septembre, dernier délai. Il est clair que cette échéance ne peut être respectée. L’accord-cadre devait être signé le 13 février, mais Ehud Barak en avait demandé l’ajournement de trois mois. Lors du sommet de Ramallah, Barak semble avoir réclamé un nouveau report de cette date, ainsi que du troisième retrait israélien de Cisjordanie prévu par l’accord d’Oslo de 1993 sur l’autonomie palestinienne. 


Home
Home