HOMME POLITIQUE DEVENU HOMME DE CINÉMA ET DE THÉÂTRE
BERNARD TAPIE: “JE ME SENS TRÈS RESSEMBLANT
AUX LIBANAIS: PLUS ON COGNE DESSUS, PLUS ÇA REBONDIT...”

C’est à l’hôtel “Phoenicia” que je l’ai rencontré; il était entouré de sa femme Dominique et de ses amis libanais: Raymond Baisari et Antoine Chahine.
Bernard Tapie, une personnalité à toute épreuve, un charisme et une faculté de “rebondir” fascinants.
Il faut le dire, peu d’hommes auraient pu comme lui recommencer aussi aisément, virer tellement leur vie mais, se retrouver toujours sous les feux de la rampe, réussir et croquer de nouveau la vie à belles dents.
C’est un défi qu’il se lance ou plutôt qu’il lance à ses détracteurs, je ne saurais vous le dire! Amer, il ne l’est point. Réaliste, que oui! Il est toujours aux aguets, lorsqu’il s’agit de presse ou de photos, à croire qu’ils ne lui ont fait que trop de mal et il s’en méfie.
Le passé, la politique, l’Olympique de Marseille, la prison, que de sujets tabous! Un passé qu’il a bien gommé et avec force et dont, certes, il ne veut plus entendre parler. Un homme nouveau est né: Bernard Tapie l’acteur! Point à la ligne.

Homme politique, ancien président de l’Olympique de Marseille, homme de cinéma et de théâtre, où vous retrouvez-vous?
Au théâtre. Je viens de finir une pièce et je compte la présenter au Liban le 1er novembre. Elle a pour titre: “Vol au-dessus d’un nid de coucou”.
La pièce est-elle identique au film qui a fait couler beaucoup d’encre?
C’est la même histoire, bien sûr. Toutefois, la liberté du cinéaste est plus grande. La pièce de théâtre est plus proche du roman qui est plus fort que le film.

“Vol au-dessus d’un nid de coucou” a-t-il été très prisé au théâtre, comme au cinéma?
La pièce commence bien avant le film avec Kirk Douglas; il en avait acquis les droits pour en faire un film et pensait, alors, à son fils Michael. Mais cela n’a pas marché, car il a opté pour Jack Nicholson. Il y a deux ans, les Américains ont décidé de relancer la même pièce à Broadway. Ils ont fait un casting non réussi.
Après avoir vu le film de Claude Lelouche: “Hommes, femmes, mode d’emploi”, ils ont décidé de faire appel à moi. C’est vraiment un pur hasard et c’est lui qui, souvent, décide pour vous.

Comment êtes-vous arrivé au cinéma?
Lelouche a appelé à ma sortie de prison et m’a dit: “Tu te souviens, je t’avais proposé de t’activer au cinéma; ne veux-tu toujours pas en faire? Comme je sortais d’une situation difficile, j’ai accepté, c’est aussi, le hasard. Si j’avais accepté la première fois, je n’aurais peut-être fait que cela dans ma vie...

LA PRISON, C’EST TERRIBLE...
La prison, que vous a-t-elle appris?
Qu’on était bien dehors et qui dit qu’on s’en faisait, est très loin de la réalité.
Il faut se rappeler pourquoi un type en état d’arrestation est capable de meurtre de peur d’y entrer. Les pédophiles qui ont fait de la prison, tuent l’enfant lorsqu’ils récidivent pour ne pas être dévoilés.
La prison c’est bien plus terrible qu’on ne peut l’imaginer. En France, en prison, il y a plus d’un suicide par jour.

Et le Liban, comment l’avez-vous trouvé?
Génial, fabuleux, incroyable! J’y reviendrai toujours... Je ne suis pas resté longtemps, mais on y mange beaucoup! Nous autres, nous sommes habitués à une nourriture moins compliquée.

LES LIBANAISESONT DU CHARME
Et les Libanaises, quelle impression ont-elles produit sur vous?
Les Libanaises ont à la fois du charisme, beaucoup de personnalité et de charme. Elles sont très libérées dans leur contact avec les hommes, sont spontanées et franches. Le soir, quand on les voit, elles sont très appropriées pour la fête.
Les Méditerranéennes ont cette faculté; c’est le champagne méditerranéen.

Vous rentrez à Paris?
Oui, mais je reviendrai au Liban deux ou trois jours avant la première de la pièce.

Et quel est l’objet de votre visite à Beyrouth?
C’était l’envie de connaître ce pays. Connaissant Raymond Baisari, il m’en avait tellement parlé que j’ai tenu à y venir. Et comme la pièce était programmée, j’en ai profité pour faire connaissance avec l’organisateur, ses amis et ses collaborateurs. J’ai découvert que beaucoup de Libanais vivant à Paris ont vu ma pièce. C’est, d’ailleurs, ce qui m’a fait grand plaisir.

PLUS DE REGRETS QUE DE REMORDS
Rétrospectivement, auriez-vous des regrets?
Certes, j’en ai comme tout le monde, mais j’ai plus de regrets que de remords.

Avez-vous changé de look en passant de la politique au cinéma; puis, au théâtre?
Pas encore.

Et le sport, en faites-vous toujours?
Oui, beaucoup.

Un dernier mot aux Libanais?
Cette volonté de ne pas mourir est excellente, je me sens très ressemblant aux Libanais: plus on cogne dessus, plus ça rebondit.

NADINE ZAKHEM

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