![]() Les fermes de Chébaa: Nouvelles préoccupations pour la diplomatie libanaise. |
![]() 5.000 nouveaux soldats français au Sud. |
Le président de la Chambre a, également, soulevé cette question en inaugurant le congrès pour l’évolution de l’action parlementaire arabe ayant tenu ses assises, cette semaine à Beyrouth. “Le Liban et les Nations Unies, a-t-il déclaré, sont des jumeaux dans l’application de la résolution 425. Je mets en garde contre le piège israélien qui vise à brouiller notre pays avec l’organisation internationale. Mais ce piège ne passera pas, car nous continuerons à combattre Israël et poursuivrons notre résistance en faveur des fermes de Chébaa, sans porter atteinte à la dignité de l’ONU et à ses forces que nous considérons comme faisant partie de notre combat en vue de la libération”.
CHÉBAA AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS
OFFICIELLES
Ces fermes restent au centre des préoccupations de la diplomatie
libanaise qui s’emploie à confirmer leur appartenance au Liban,
alors que les Israéliens cherchent à lier ce dossier avec
celui du Golan, afin de ne pas évacuer cette zone sur la base de
la résolution 425 et, aussi, pour utiliser cette carte face à
la Syrie.
Le Liban a découvert de nouveaux documents attestant, faits,
dates et chiffres à l’appui, que Chébaa a toujours fait partie
intégrante du territoire libanais. Ces pièces justificatives,
le président Salim Hoss les a fait parvenir à M. Kofi Annan,
secrétaire général de l’ONU. Il s’agit, notamment,
des procès-verbaux de deux réunions tenues par deux délégations
libanaise et syrienne en 1964 et 1967, pour débattre du dossier
de Chébaa. Les deux parties y consignent leur accord autour du tracé
de la frontière entre les deux pays.
Dans le même temps, le chef du gouvernement rencontrait les ambassadeurs
des pays membres permanents du Conseil de Sécurité, pour
leur exposer la situation à Chébaa. Le président Hoss
qui a remis aux diplomates des documents appuyant ses assertions, a touché
du doigt la compréhension de ses interlocuteurs qui se sont engagés
à soutenir le point de vue libanais devant les instances internationales.
Le gouvernement libanais, apprenons-nous, a fait part aux Nations Unies,
par l’intermédiaire de sa mission permanente à New York,
de son opposition au report de l’examen du dossier de Chébaa, à
la demande de la partie israélienne. Tout en exigeant le retrait
israélien de cette zone en application de la résolution 425.
![]() Nabih Berri: Le retrait israélien est incomplet sans Chébaa. |
![]() Salim Hoss: Des pièces justificatives et des procès verbaux des années 60. |
LA VISITE DE HAIN À BEYROUTH
Devant M. Peter Hain, ministre d’Etat britannique pour les Affaires
extérieures, les responsables libanais ont exposé la position
officielle envers l’affaire de Chébaa et mis en garde contre les
manœuvres de l’Etat hébreu visant à induire l’opinion publique
en erreur. De plus, ils ont rappelé les constantes libanaises, dont
ils ne dévieront jamais.
Dans ce contexte, le président de la République a réaffirmé
“l’attachement du Liban à l’application inconditionnelle de la 425,
ce qui exige la récupération de notre souveraineté
sur l’ensemble du territoire national y compris les fermes de Chébaa”.
Et d’ajouter: “La paix juste, globale et durable au Proche-Orient,
ne peut être instaurée sans le retrait total des forces israéliennes
et la reconnaissance du droit de retour à leur terre des réfugiés
palestiniens”.
Le ministre d’Etat britannique a, quant à lui, invité
toutes les parties à soutenir le Liban dans l’action intensive qu’il
mène en vue d’une paix juste et de la stabilité dans la région
tout entière après le retrait israélien.
De son côté, le président Berri s’est adressé
en ces termes à une délégation comprenant des représentants
des clubs et associations de Jezzine: “Les fermes de Chébaa constituent
une partie intégrante du territoire libanais. Nous ne transigeons
pas à son sujet et la Résistance se poursuivra contre Israël
si ce dernier n’évacue pas Chébaa”.
A ce propos, il y a lieu de mentionner les nouveaux documents que le
président Hoss a envoyés à M. Kofi Annan, alors que
le secrétaire général de l’ONU recevait le rapport
de M. Terjé Roed-Larsen, son émissaire spécial au
Proche-Orient, consignant la teneur et les résultats de ses entretiens
à Damas, Beyrouth et Tel-Aviv.
Le Conseil de Sécurité prendra connaissance lundi prochain
de ce rapport, sur la base duquel il se prononcera sur la formule destinée
à trancher un nouveau conflit sur un dossier aussi contesté.
Fait à signaler: la diplomatie syrienne s’est portée
à la rescousse de la diplomatie libanaise. En effet, dans une communication
téléphonique avec M. Annan, M. Farouk Chareh, ministre syrien
des A.E., lui a assuré que les fermes de Chébaa ont été
de tout temps sous la souveraineté libanaise jusqu’à leur
occupation en 1967 par les Israéliens.
M. Chareh devait informer le président Hoss de son entretien
avec le secrétaire général de l’ONU et réitérer
l’appui de Damas à la position libanaise.
Un porte-parole du ministère syrien des A.E. a précisé,
à ce sujet, que M. Chareh a mis l’accent au cours de son entretien
avec M. Annan, sur le rôle que les Nations Unies sont appelées
à jouer dans l’application de la résolution 425. Tout en
réaffirmant la disposition de la Syrie à faciliter la tâche
de l’ONU au plan du retrait israélien du Sud libanais. Enfin, il
a affirmé qu’aucun litige “territorial” n’a jamais opposé
le Liban à la Syrie.
![]() Larsen: Un rapport détaillé à l’ONU. |
![]() Chareh: “Pas de litige territorial avec le Liban”. |
FLAMBÉE DE VIOLENCE AU SUD
Tout en poursuivant son abandon de certaines positions dans la région
frontalière, Israël continue à pilonner les villages
sudistes, prenant pour cible, une fois de plus, des objectifs civils, telle
l’école de Arab Salim où plusieurs écolières
ont été blessées et des institutions médicales,
notamment le dispensaire de cette localité.
Pendant ce temps, des rumeurs persistantes propagées par des
sources renseignées, annoncent une éventuelle reprise des
négociations syro-israéliennes “avant la fin du mois courant”.
Et ce, suite à des concertations menées par Washington auprès
de Damas et de Tel-Aviv.
Tous ces faits ont été au centre des délibérations
du Conseil des ministres hebdomadaire, lequel s’est arrêté
à des informations dont il ressort qu’Israël tient à
opérer le retrait de ses forces du Sud “d’une manière calme
et ordonnée”.
A ce propos, le Liban commence à recevoir des “conseils” de
la part de différentes instances lui recommandant de “geler” le
dossier des fermes de Chébaa jusqu’après le retrait israélien,
mais les responsables y opposent une fin de non recevoir et exigent d’Israël
d’évacuer les fermes en même temps que les autres tronçons
qu’il occupe, illégalement, dans la partie méridionale du
pays.
Par ailleurs, la France semble devoir jouer un rôle prééminent
au plan des négociations de paix. A cet effet, elle multiplie les
contacts avec les différentes parties.
Il serait question même de joindre aux forces internationales
stationnées au Liban-Sud, cinq mille soldats français après
le retrait, ce qui permettra à Paris de consolider sa position dans
la région proche-orientale, d’autant que la France entretient d’excellents
rapports avec Damas. De fait, le président Chirac a fait parvenir
au Dr Bachar Assad, par l’entremise d’un ami commun, un message dans lequel
il souligne le rôle que le fils du chef de l’Etat syrien est en mesure
de jouer dans le cadre de l’opération de paix.
A ce propos, on apprend de sources fiables, que la France et les Etats-Unis
ont retardé le retrait israélien jusqu’en juin, alors qu’il
aurait dû intervenir en mai.
Et ce, dans l’espoir d’une relance des négociations de paix
sur le volet syrien, ce qui rendrait possible le retrait sur base d’un
accord et garantirait le déroulement de cette opération en
douceur.
AUTOCENSURE?
Sur un autre plan, il y a lieu de faire état de la nouvelle
“polémique” ayant opposé, ces derniers jours, le président
Hoss à M. Rafic Hariri. En effet, le chef du gouvernement a demandé
au ministre de l’Information de prendre les mesures prévues par
la loi, à l’effet de mettre un terme à la campagne menée
par la télévision “Al-Moustakbal” (Future Television) “qui
diffuse des nouvelles et des commentaires ayant effarouché les investisseurs
arabes et étrangers”.
Une réunion a été tenue, à cet effet, par
le ministre de l’Information, les présidents des Ordres de la Presse
et des journalistes et le président du Conseil national de l’Information,
au cours de laquelle il a été décidé de traiter
cette affaire avec le souci de préserver les libertés publiques,
tout en veillant à sauvegarder l’intérêt supérieur
de la nation dans cette étape particulièrement délicate.