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Le bilan particulièrement lourd (10 tués et 400 blessés)
en deux jours, donne une idée de la tension et de l’escalade sur
le terrain, ce qui a donné à ce mouvement protestataire la
dimension de l’Intifada ou la “révolte des pierres”. Celle-ci avait
mis les villes de la Terre sainte à feu et à sang avant que
l’Autorité palestinienne s’y installe. De fait, un responsable proche
de Yasser Arafat a qualifié cette nouvelle flambée de soulèvement
destiné à dénoncer Israël et sa politique faite
de duplicité et de louvoiement, visant à entraver le processus
de paix et à torpiller les accords précédemment conclus.
Fait étrange: en dépit des troubles, la Knesset a ratifié
le projet du gouvernement Barak plaçant sous contrôle de l’Autorité
palestinienne trois localités proches de Jérusalem. Il s’agit
d’Abou-Dis, Azarieh et Suwahara.
Cependant et suite à la réaction hostile des partis religieux
qui ont menacé de quitter la coalition gouvernementale, en signe
de protestation contre le vote du parlement, Barak a décidé
de différer “le transfert de souveraineté.”
Dans le même temps, Washington dépêchait M. Dennis
Ross, son émissaire spécial au Proche-Orient, en le chargeant
de tout mettre en œuvre pour prévenir une rupture définitive
entre les deux parties.
![]() Ross au P.-O.: Pour prévenir la rupture. |
![]() Une visite prévue de Barak à Washington. |
![]() Yasser Abd Rabbou: Un d´´mission définitive? |
RÉUNION EXTRAORDINAIRE DE LA LIGUE
Etant donné l’ampleur de la nouvelle crise dans les territoires
occupés en Palestine, M. Esmat Abdel-Majid, secrétaire général
de la Ligue arabe, a convoqué le Conseil politique à une
réunion extraordinaire à l’échelon des délégués
permanents, afin d’adopter une position unifiée face à l’escalade
qualifiée de “particulièrement grave”.
Les manifestants ont voulu, également, dénoncer le refus
de l’Autorité israélienne de libérer des centaines
de prisonniers détenus dans les geôles de l’Etat hébreu.
Si la capitale fédérale s’est inquiétée,
Moscou ne cache pas non plus son inquiétude et le porte-parole du
ministère russe des Affaires étrangères a mis l’accent
sur “la nécessité de régler le conflit par la voie
des négociations.”
A Paris, le Quai d’Orsay juge la libération des prisonniers
arabes comme présentant un aspect très sensible et préconise
leur élargissement, si possible avant le retrait de “Tsahal” du
Liban-Sud et de la Békaa ouest.
Pour en revenir aux affrontements des derniers jours dans les territoires
occupés, il importe de rappeler que, pour la première fois
depuis les émeutes de septembre 96 qui s’étaient soldées
par 80 morts, dont une quinzaine d’Israéliens, provoquées
par l’ouverture d’un tunnel sous l’esplanade des mosquées à
Jérusalem, des policiers palestiniens ont ouvert le feu à
balles réelles sur des militaires israéliens.
Cette fois, un policier palestinien a été tué
par des tirs israéliens à l’entrée nord de Ramallah,
ville autonome. Ceci a constitué le déclic d’une fusillade
et véritable bataille rangée qui a duré près
de quatre heures. Elle a opposé des policiers palestiniens postés
sur les toits à des militaires israéliens en position autour
du Q.G. israélien de Cisjordanie.
Ces échanges de tirs ont fait plusieurs tués et blessés:
un journaliste palestinien a été grièvement blessé
et près de deux cents personnes touchées par des balles caoutchoutées
à Ramallah où M. Yasser Arafat a présidé une
réunion urgente de son Cabinet de crise.
Les affrontements entre Palestiniens et Israéliens dans plusieurs
villes placées sous le régime de l’autonomie, avaient été
précédés de deux journées de manifestations
non moins violentes, pour la libération de près de 1.600
Palestiniens détenus par Israël.
Le mouvement Fateh de M. Arafat a apporté son soutien à
ce mouvement. Et le ministre palestinien des Communications, M. Imad Falouji
a recommandé de kidnapper des Israéliens afin de les échanger
contre les prisonniers.
NÉGOCIATIONS AU POINT MORT
Cela dit, il faut signaler que les obstacles fomentés par le
négociateur israélien à l’effet de torpiller les pourparlers
sur le statut final, a exacerbé les nerfs et engendré un
sentiment d’amertume et de lassitude au sein de la partie palestinienne.
Ainsi, M. Yasser Abed Rabbo, chef de la délégation palestinienne
aux négociations, a démissionné en signe de protestation.
De plus, faisant allusion aux “négociations secrètes” menées
à Stockholm entre le ministre israélien de la Sécurité
intérieure, Shlomo Ben Ami et M. Ahmed Qoreih, président
du Conseil législatif palestinien, M. Abed Rabbo s’est plaint de
“l’existence de plusieurs canaux de négociation sur le statut final”.
Il y détecte “un jeu inventé par Israël avec le soutien
de parties étrangères, afin d’ouvrir des brèches dans
la position palestinienne, après notre refus de la carte proposée
par Israël sur la mer Rouge”.
Aussi, juge-t-il inutile de refaire ce qui a été accompli
à Oslo en 1993 où les négociations avaient été
menées sur deux canaux, l’un secret, l’autre ouvert parce que l’Etat
hébreu n’avait pas encore reconnu l’OLP.
En tout état de cause, Ehud Barak est attendu lundi prochain
à Washington où il se rendra pour des entretiens avec le
président Clinton, Mme Madeleine Albright et M. William Cohen, secrétaire
US à la Défense.