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VIA L’OTAN OU VIA L’ONU, C’EST SELON...VIA L’OTAN OU VIA L’ONU, C’EST SELON...
Au moment où Israël, pour la première fois de son Histoire, accepte de se soumettre à une résolution onusienne et demande au secrétaire général de l’ONU d’en contrôler l’application, il n’est pas sans intérêt de se rappeler une orientation inverse apparue il y a un an sur le plan international.
C’était début mai 1999. A Washington, les Etats membres de l’OTAN étaient réunis pour commémorer le cinquantenaire de cette organisation. A cette occasion, le gouvernement américain avait soumis à ses partenaires un projet d’amendement de la charte de l’OTAN pour en faire une organisation non plus seulement de défense collective face à l’Union soviétique (qui avait cessé d’exister), mais plus largement un instrument d’intervention tous azimuts pour la “gestion des crises”. Cet amendement fut adopté avec un rappel exigé par le président Chirac du rôle du Conseil de Sécurité comme “gardien de la paix”. Ce qui préoccupait le président français, c’était la marginalisation totale de l’ONU qui résultait de cette transformation de l’OTAN.
Le paragraphe introduit par M. Chirac dans le texte américain n’a été, en réalité, qu’un rappel de pure forme. Le nouveau rôle attribué à l’OTAN était bel et bien approuvé. En fait, il était déjà exercé depuis l’intervention des forces américaines au Kosovo, aussi bien qu’en Irak où les aviations américaine et anglaise bombardent, quotidiennement, les provinces du Sud et du Nord. Sans mandat de l’ONU, dans les deux cas.
C’est ce que M. Hubert Védrine, dans une conférence faite aux Etats-Unis, s’agissant de l’Irak, a qualifié de politique à courte vue, sans perspective d’avenir.

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Le rappel de ces orientations est nécessaire à l’occasion de l’initiative absolument inhabituelle d’Israël d’un recours à l’ONU pour la “gestion de la crise” redoutée au Liban-Sud.
Israël, qui a contribué avec les Etats-Unis, à tenir l’ONU à l’écart de tout effort de paix en Proche-Orient, semble ainsi redécouvrir l’utilité du rôle du Conseil de Sécurité. Washington est naturellement d’accord.
Serait-ce un retour au bon sens? En tout cas, voilà une situation où la volonté des Etats-Unis de substituer l’OTAN à l’ONU pour “gérer les crises” est apparemment ignorée.
En réalité, l’OTAN étant essentiellement une organisation militaire, n’aurait, pour le moment, aucun motif pour intervenir dans un cas comme celui qui se pose au Liban-Sud. Au surplus, toute intervention de l’OTAN suppose un consensus entre tous ses membres. Or, pour l’instant, les Etats-Unis entendent toujours demeurer seuls gestionnaires du conflit arabo-israélien. Ils en sont les “parrains”. Le recours à l’ONU dans la situation actuelle ne les dérange pas puisque, en tout état de cause, leur influence sur le secrétariat général de l’organisation demeure sans partage.
Il y aurait là tout de même un précédent qu’on devrait pouvoir exploiter, en réclamant de l’ONU de s’impliquer de nouveau dans les autres aspects du conflit arabo-israélien en redonnant vie à toutes ses anciennes décisions: réfugiés de Palestine, Golan, Cisjordanie, Jérusalem. Mais pour ce faire, il faudrait une diplomatie arabe mieux coordonnée, plus efficace et un secrétariat général des Nations Unies moins passif.

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On n’en est pas là, c’est le moins que l’on en puisse dire. Et ces réflexions ne sont faites ici que pour l’Histoire.
Sur le plan des rapports internationaux, il n’y a pas lieu d’espérer une grande rigueur dans les procédures pour “gérer les crises”.
La seule réalité est le rapport des forces. On se passe de l’ONU, on a recours à l’OTAN, on revient à l’ONU... selon l’intérêt immédiat de la puissance dominante. Dans les Balkans, c’est l’OTAN sous la direction de l’Amérique. Au Timor oriental, on passe par l’ONU mais en donnant le rôle décisif à l’Australie, de même qu’au Sierra Leone où c’est la Grande-Bretagne, ancienne puissance colonisatrice, à qui semble revenir maintenant ce rôle de meneur. Pour le Liban-Sud, en demeurant dans le cadre de l’ONU, c’est la France, ancienne puissance mandataire, qu’on veut convaincre de renforcer sa participation à la FINUL et d’en prendre la tête. Mais Paris applique l’adage: “Chat échaudé...” et refuse. Pour le moment.
Il y aura encore beaucoup à dire là-dessus.


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