EXPOSITION COLLECTIVE À L’OCCASION DU 125ÈME ANNIVERSAIRE
DE LA FONDATION DU “COLLÈGE DE LA SAGESSE”
TECHNIQUE... PUISSANCE - SENSIBILITÉ

A l’occasion du 125ème anniversaire de la fondation du collège de La Sagesse - Beyrouth - et sous le patronage de Mgr Paul Matar, archevêque maronite de Beyrouth, la direction du collège organise une exposition collective d’art plastique groupant les œuvres d’artistes plasticiens libanais, anciens du collège, quelques-unes des figures représentatives des trois générations de peintres et sculpteurs du XXème siècle: Gebrane Khalil Gebrane, Youssef El Howayek, César Gemayel, Sami Rifaï, Elie Abou Rizk, Samir Abi Rached, Antoine Matar, Dady Sémaan, Nicole Seif, Imad Fakhry.


Le R.P. Richard Abi-Saleh à la tribune, entouré (G.D.) de: MM. Jean Abou Jaoudé, Mahmoud Ammar,
Dr Joseph Achkar, R.P. Georges Saad, Mgr Boulos Matar et M. Béchara Merhèje.

Le vernissage a eu lieu en présence de Mgr Boulos Matar, de plusieurs personnalités du monde politique et artistique et d’un public nombreux et choisi.
Dans son allocution de bienvenue, le R.P. Richard Abi-Saleh, directeur du collège, a notamment précisé:
“Parmi les grâces prodiguées par Dieu à notre établissement, relevons que cette année de notre jubilé tire clarté et bénédiction du grand jubilé qui commémore le IIIème millénaire de la venue du Sauveur.
 
Gebrane Khalil Gebrane 1883-1931
Cet artiste avait un souci principal: ne jamais tricher avec sa sensibilité. Il est parvenu, ainsi, à exprimer à travers son art, une vie secrète non dénuée de mystère.
Tous les thèmes qu’il a abordés, il les a traduits avec poésie et lyrisme. De tendance symboliste, sa palette tantôt sombre et froide, tantôt claire et vibrante, a su unir une sensibilité exquise à une exécution d’une vigueur superbe.
Youssef el-Howayek 1883-1962
Il s’est efforcé de donner à sa sculpture une puissance qui tient à la réalisation même de l’œuvre et qui fut, aussi, fonction des sujets représentés. Il ne s’est pas contenté de travailler le matériau en profondeur, mais il a agi de toutes les forces de son intuition sur le sens des formes dans le but d’en profiler l’exacte densité.

Aussi cette année constitue-t-elle une oasis d’espérance et de richesse dans le “clair-obscur” de notre quotidien. Notre Sagesse née, voilà 125 ans, dans la Wilaya ottomane, continue à être l’édifice prestigieux dont les pierres d’édification garantissent une floraison de penseurs et d’artistes préparant la résurrection du Liban.”
Au nom du Collège, au nom de tous les anciens, au nom des artistes, je vous invite à admirer les œuvres exposées.
Et il conclut: “A chacun, à vous tous, merci d’être parmi nous ce soir.”
 
Sami Rifaï
Tout en gardant l’idée d’ordre, de simplification, de stabilité de la construction, tout en intégrant, en épousant la forme dans le volume, l’artiste cherche à imprimer à l’œuvre un souffle nouveau.
Les masses acquièrent, ainsi, un rythme musical qui rompt la staticité de l’architecture et donne au matériau une nouvelle vie.
Samir Abi Rached
L’univers métaphysique de cet artiste est proche de celui du rêve, où la précision extraordinaire des détails aboutit à une réalité nouvelle, parce que le rythme, selon lequel les objets, éléments, silhouettes, etc... sont composés, donne la même sensation insolite que les images les plus étranges apparues dans le sommeil.
Cet art surréel comporte des projections sur le passé et sur le futur.

Le juge Joseph Freiha, président de l’“Association des Anciens”, présente l’événement en ces termes:
“La Sagesse incarne, dit-il, un espace très cher et bien précieux dans l’histoire du Liban. Espace très cher lié à notre passé et à notre entité dans un don réciproque d’elle à nous, grâce aux mêmes idéaux et aux mêmes valeurs. Espace bien précieux, incarnant la lutte d’un peuple qui ambitionne une vraie place au soleil, qui a vécu et a émigré, conquérant tous les rivages; un peuple écrivain et sujet d’écrits, marquant partout son passage en vestiges de lettres, de peinture et de sculpture...
 
Élie Abou-Rizk
Chez ce peintre, la nature devient poésie. Où nous pensions rencontrer un solide, il n’y a que transparence, où nous attendions l’ombre, il n’y a que lumière. Ici, chaque prévision se trouve déjouée au profit d’une vision personnelle et d’une intuition qui recompose le paysage. Sa peinture se fonde sur la vibration de la couleur.
Dady Sémaan Abou Rizk
La vision de Dady Sémaan Abou Rizk lui permet d’isoler quelques éléments essentiels, librement rendus par des arabesques simples, mais d’une infinie souplesse, sur des aplats franchement colorés et parvient ainsi à réaliser, par un jeu de formes bien composées et de couleurs vives et chatoyantes, des harmonies semblables à des symphonies musicales..

Depuis sa fondation par Mgr Youssef Debs, La Sagesse a été connue comme l’école de l’évêque et elle reste le phare de la langue arabe et la citadelle du patriotisme qui fait l’unité de tous les Libanais des différentes religions et doctrines.
Il conclut: “C’est pourquoi au nom des anciens Sagessiens, nous saluons, dans l’admiration et le respect, tous ceux qui s’y sont distingués, au cours de ses 125 ans, décédés et vivants.”
 
César Gemayel 1898-1958
A travers le portrait, le nu, le paysage et la nature morte, César Gemayel a su exprimer son sens plastique et la modération de sa palette. A son dessin organisé correspond une couleur qui l’exalte conférant à ses plans espace et vibration. Modulant ses valeurs avec une grande sensibilité, il a su créer la distance, évoquer le volume, la lumière, la profondeur.
Antoine Matar
La peinture d’Antoine Matar est l’une des manifestations les plus valables du réalisme. Voici un art de caractère urbain et qui semble fait tout entier de la mémoire du passé. C’est un art de bâtisses dessinées pierre après pierre, moellon contre moellon.
La peinture d’Antoine Matar se fonde sur la précision du geste et la vibration de la couleur.

Que le lecteur n’attende pas ici une analyse sur la portée de l’art libanais au cours du XXème siècle. Notre propos sera d’évoquer l’aspect principal de l’exposition dont le but est de présenter à travers l’espace et le temps des moments de la création artistique au cours du XXème siècle.
Certains de ces artistes ont visiblement recherché la signification émotionnelle d’un milieu et chez d’autres la forme s’articule clairement, simplement sous l’action de forces élémentaires que l’artiste tour à tour subit et maîtrise.
 
Imad Fakhry
Imad Fakhry est un artiste de sensation, de rencontres inattendues. Le hasard joue un rôle capital dans son œuvre dont l’exécution pourrait paraître sténographique, mais chaque peinture est chez lui un produit de ses fantasmes en même temps qu’une aventure de la main et la plupart sont des aventures heureuses.
Nicole Seif
Chez cette artiste, les formes sont en germination, elle cherche tous les moyens d’exprimer son soliloque, qui suit les méandres de son imagination, ou obéit à des automatismes psychologiques suscités. Sa facture est large et fougueuse. Sa véhémence est telle qu’elle exalte sa couleur, comme on scande un chant, tout en gardant à la forme sa fonction dynamique et à la composition sa plasticité..

L’espace des salles d’exposition au Club de La Sagesse est conquis, occupé, habité, métamorphosé par les œuvres. Leurs matériaux, leurs signes, leurs couleurs, la mise en scène des compositions. Cet espace, conquis, capte l’attention du spectateur et lui transmet de multiples messages: rêves, tendresses, amours, passions, inquiétudes, espoirs, détresses, dits en matériaux, en lignes, formes, couleurs et volumes. Et ces œuvres sont célébration de la mémoire vivante et celle de la mémoire individuelle réagissant sur la mémoire collective et exigeant une autre écriture pour exprimer les dimensions du temps: hier, aujourd’hui et ce que pourrait être demain.

Par NICOLE MALHAMÉ HARFOUCHE

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