Une allée de poiriers.
C’est en 1661 que Louis XIV décidait de transformer les marécages
situés à l’est du Château de Versailles en de merveilleux
jardins, vergers et potagers. Cette tâche énorme fut confiée
à Jean La Quintinie, ce qui nécessita cinq ans de travaux.
Le potager, immense, couvre neuf hectares et produit plus de cent variétés
de légumes, dont une multiple variété de laitues et
de choux. Un terre-plein de seize parcelles entoure un lac aux eaux transparentes
bordé d’arbres et de buissons. Il y a même des jardins abritant
des jardinets assurant, ainsi, à certains fruits un climat plus
propice à leur épanouissement. On y découvre, aussi,
un vaste verger débordant de pommes, de poires, de pêches
et de vignes, sillonné d’allées entières de poiriers
et de pruniers et, bien entendu, d’un terrain réservé aux
asperges - péché mignon de gourmandise de Louis XIV! Une
cinquantaine de tonnes en moyenne y sont cueillies annuellement. Le figuier
occupe une place de choix dans les jardins de Versailles. A l’époque,
quatre mille figues étaient cueillies chaque jour entre la mi-juin
et la mi-septembre et prenaient la direction des cuisines du Château.
Jean La Quintinie avait assumé une énorme responsabilité
en acceptant la tâche que lui avait assignée le roi: transformer
des marécages en luxueux et verdoyants jardins et, surtout, assurer
une production fruitière et légumière de premier choix.
![]() Les produits issus du verger. |
![]() Les vergers tricentenaires du Roi-Soleil. |
La Quintinie avait même tenu le pari d’assurer la production de
certains fruits et végétaux hors saison, en particulier,
les figues en juin et les fraises en mars. Il attribuait sa performance
à l’utilisation des engrais provenant des écuries royales,
allant même jusqu’à établir une nette différence
entre le fumier de cheval et de vache, déclarant qu’ils avaient
des effets différents en matière d’engrais. Les jardiniers
du Château de Versailles étaient ingénieux et inventifs,
allant jusqu’à planter de nombreuses variétés de végétaux
en les taillant, en les émondant différemment et en les plantant
durant des périodes différentes de l’année - à
titre d’expériences - ce qui donnait parfois d’étonnants
résultats. Aujourd’hui, les vergers du roi, comme on les appelle,
sont demeurés presque inchangés. Ils furent exploités
durant la Révolution, devinrent et restèrent un parc expérimental
jusqu’en 1874, quand l’Ecole nationale d’horticulture vint s’établir
à Versailles.
![]() Un plant de poires en fleurs. |
![]() Des pommes rouges. |
Des onze terrasses de fruits qu’elles étaient à l’origine,
seules cinq ont été maintenues. Ainsi, 2.856 poiriers et
2.037 pommiers continuent à fructifier, aussi bien que plusieurs
autres espèces de fruits et de légumes. Curieusement, certaines
variétés continuent à pousser comme au temps de Louis
XIV, notamment la “Louise Bonne” et le fruit préféré
du Roi-Soleil: “Le Bon Chrétien”, deux qualités de poires
qui mûrissent en hiver et étaient si savoureuses que La Quintinie
avait placé deux chiens de garde pour décourager les maraudeurs.
“Calville, Reinette et Rambour”, constituent aussi des espèces de
pommes très recherchées; quinze tonnes de légumes
et quinze tonnes de fruits représentent jusqu’à nos jours
la production de ces jardins. Les jardiniers sont particulièrement
spécialisés dans l’art de la taille des plantes et dans la
pose des treillis pour les protéger contres les vents et la grêle.