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DEUX LEÇONS ET UNE TROISIÈME | ||
Au
moment où ces lignes sont écrites, le Liban-Sud est encore
en pleine euphorie. Il célèbre sa libération et le
Liban, tout entier représenté par des délégations
venues de tous les coins du pays et de toutes les communautés, se
presse dans tous les villages libérés pour manifester sa
joie, sa solidarité et son unité. C’est comme une surenchère
aux bons sentiments.
Le gouvernement libanais n’est pas en reste et témoigne de sa volonté d’apporter aux populations éprouvées par plus de vingt ans de malheurs et de ruines, les services essentiels pour la reconstruction et la restauration des conditions de sécurité et de vie normale. De leur côté, les organisations de résistance et singulièrement le Hezbollah, tiennent des discours rassurants: leur victoire est celle du Liban et le cheikh Nasrallah proclame que son parti n’entend pas exploiter la situation pour se substituer à l’Etat libanais. Ainsi, tout est bien et, en ces jours historiques, les Libanais ont fait la preuve de leur maturité et de leur capacité à maîtriser leurs problèmes, infligeant un démenti retentissant aux prophètes de malheur. C’est une leçon pour nous-mêmes et pour tous ceux qui nous observent à travers le monde. Il n’y a plus qu’à prier pour que la raison continue de triompher malgré les énormes problèmes qu’il reste à résoudre pour effacer les séquelles de vingt-deux ans d’occupation, avec les risques de frictions et de dérapages dans un pays où l’esprit de vendetta et l’outrance verbale réveillent facilement les passions. *** Israël ne se tire pas à son honneur de son aventure libanaise.
*** On mesure déjà à quel point M. Yasser Arafat redoute
l’exemple libanais. Découragé par des négociations
qui n’aboutissent jamais qu’à des engagements qu’il faut indéfiniment
renégocier, le chef de l’Autorité palestinienne a peur d’une
réaction populaire violente qui ne se limiterait plus cette fois-ci
à des lance-pierres, mais s’organiserait en guerilla sur le modèle
libanais. C’est bien ce qui explique l’étrange déclaration
qu’il a faite à la fin de la semaine dernière: prenant le
contre-pied des félicitations qui affluent au Liban de tous les
pays arabes, il a tout simplement dénié à la Résistance
libanaise le moindre mérite dans la libération du Liban-Sud.
Il a repris à son compte, mot pour mot, la thèse de M. Barak
selon laquelle l’armée israélienne ne s’est retirée
que parce que lui-même en avait décidé ainsi il y a
plus d’un an.
Les Faits du Jour de “L’Orient”
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