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![]() cristal rivalisent avec l’éclat des fruits. |
Pourtant, l’attrait du procédé à l’eau n’a d’égal
que la difficulté de sa manipulation!
Les ressources de cette matière ont, décidément,
charmé Rashed Bohsali dont les œuvres exposées à la
galerie Epreuve d’artistes nous ont enchantés. Cet artiste ne procède
pas par petites touches de taches colorées, pour réserver
la blancheur du papier. Non, Rashed Bohsali ne cherche nullement à
alterner les touches morcelées et les ondulations fluides. Il travaille
en aplats, les fonds de chacune de ses compositions ne laissant aucun espace
vierge, pour que le sujet s’inscrive à l’avant-plan du tableau,
dominant le reste. Avec une perfection étonnante, il emploie les
tonalités les plus variées, chaudes ou froides et trouve
le ton juste dans la lumière et dans l’ombre, exploit que d’autres
peintres réalisent souvent avec peine. C’est un travail si difficile
et complexe qu’on se dit qu’il est presque impossible d’atteindre ce résultat
du premier coup, sans retouche, en peignant directement le tableau… Pourtant,
il n’y a qu’à voir ces détails, ces draperies, cette transparence
du verre, les motifs de ce tapis, pour saluer sa virtuosité.
Les magnifiques “Cactus” de Rashed Bohsali qui les
titre: “Autoportrait”.
“Je préfère ce média, confie l’artiste. Il est transparent et sensible… Chaque coup de pinceau est totalement improvisé. L’aquarelle a ce je ne sais quoi qui vous laisse entièrement spontané et libre. “Je choisis mes sujets en m’inspirant du monde qui m’entoure. Dans des choses très simples où je rencontre souvent la complexité de la vie. Par exemple ces cactus… Cette plante ouvre grands ses bras dont les épines constituent un système de défense qui éloigne les intrus… Ses fruits sont si doux, ses fleurs si belles avec leurs couleurs variant du pourpre au jaune... “Le verre et le métal sont aussi des matériaux qui retiennent mon attention. Par la simplicité de leurs formes et par leur transparence, j’essaie de percevoir l’abstraction à travers une expression hyperréaliste.” Cette exposition tourne autour de deux thèmes: la nature morte et le paysage. Est-il possible de consacrer à ces sujets une exposition sérieuse, sans tomber rapidement dans le pittoresque et le familier? Vraisemblablement oui, puisque nous ne nous sommes pas lassés de voir et de revoir ces compositions travaillées en trompe-l’œil, si difficiles à réussir, surtout en employant l’aquarelle comme seul support et d’apprécier, également, le dessin développant ces aquarelles proches de cette technique. Sur des fonds travaillés en profondeur pour y introduire une unité de reflets, nous apercevons ces verres transparents, ces fruits, ces agrumes, ces papiers froissés, ces roses qui confirment encore une fois l’aisance à peindre de ce créateur. Tout le jeu de cet artiste se développe alors dans la composition, tant sur le plan pictural avec une juste disposition des masses et des couleurs, que par les symboles qui composent chaque œuvre. C’est par des clins d’œil que Rashed Bohsali se distingue dans cet art du trompe-l’œil, avec une attirance pour l’introduction de ces théières, ces tapis aux motifs richement travaillés, cette table en verre supportant des verres à boire de toutes formes. Les reflets de lumière et les transparences du cristal rivalisent de virtuosité avec l’éclat d’une fleur ou ces fruits contribuant à tromper les apparences, pour propulser ces compositions dans la vie. Rien n’échappe à la vigilance du pinceau de l’artiste qui restitue avec perfection, les moindres détails, conférant à l’ensemble une poétique sereine et merveilleuse d’un monde propice à la contemplation enchantée. Rashed crée un univers irréel où règne une étrange apesanteur. Mais l’artiste ne dédaigne pas la nature. Il la traduit, la transplante dans son univers personnel en lui donnant une autre dimension de vie, tout en l’incluant dans un espace-temps où la durée semble avoir quelque dimension d’éternité. Rashed Bohsali a compris qu’il suffit de regarder autour de soi, pour toucher l’universel.