DÉPUTÉ DU PSNS MARWAN FARÈS:
“NOUS SOMMES ENGAGÉS DANS UNE BATAILLE DE VIE
OU DE MORT ET NON DE FRONTIÈRES AVEC ISRAËL”

Député de Baalbeck, membre du parti social national syrien (PSNS - ex-PPS), M. Marwan Farès qualifie de permanente la bataille qui nous oppose à Israël, “car il s’agit d’une lutte de vie ou de mort et non en vue d’un nouveau tracé des frontières”.
Aussi, invite-t-il les Etats membres de la Ligue à soutenir le Liban dans ce combat et d’appliquer les recommandations adoptées par la conférence des ministres des A.E. des Etats membres, lors de sa dernière session tenue à Beyrouth au mois de mars.
En sa qualité de président de la commission parlementaire des droits de l’homme, il ne cache pas sa joie et se dit fier “qu’un petit pays comme le nôtre ait forcé un ennemi arrogant à évacuer les portions de notre territoire qu’il occupait, illégalement, depuis vingt-deux ans”.

Cette fois, ajoute-t-il, l’armée israélienne a paru aussi vulnérable qu’un “tigre en carton”, expression que Mao Tsé Toung utilisait contre les “armées impérialistes”. Notre victoire a été rendue possible par l’unité du peuple libanais qui a donné la preuve de sa lucidité et de son patriotisme.
En effet, Ehud Barak s’attendait en retirant ses troupes, unilatéralement, sans accord préalable avec le Liban et la Syrie, à provoquer des troubles graves dans nos murs dont il aurait tiré profit.
Les Libanais ont démenti ses prévisions en prouvant, une fois de plus, que personne ne peut vaincre les peuples quand ils sont unis.
Ce qui s’est passé au Liban, constitue un exemple à suivre par les peuples opprimés, tel celui de Palestine qui parviendront, en définitive, à réintégrer leur terre, alors que le Golan sera libéré.

Quelle est votre analyse du problème posé par les fermes de Chébaa?
Israël doit évacuer ce secteur, sinon la résolution 425 n’aura été appliquée que partiellement. De fait, celle-ci exige un retrait inconditionnel de tout le territoire libanais. Puis, la souveraineté nationale restera incomplète, tant qu’il existera des Libanais détenus dans les geôles israéliennes, tels cheikh Abdel-Karim Obeid, Hajj Ali Dirani et quinze autres de nos concitoyens maintenus, injustement en état d’incarcération depuis plusieurs années.
La commission parlementaire des droits de l’homme a décidé au cours d’une réunion tenue récemment, d’exiger la libération de ces détenus.
Nous réclamons, également, la restitution des hameaux de Chébaa et n’approuvons pas le rapport du secrétaire général des Nations Unies qui rattache cette question à la résolution 242, alors qu’elle relève de la 425.
Nous ne voulons pas avoir des problèmes avec l’ONU qui est tenue d’appliquer la résolution 425 dans son esprit et sa lettre d’une manière intégrale.

BATAILLE IDÉOLOGIQUE
Si l’Etat hébreu ne restituait pas les fermes de Chébaa, que préconiseriez-vous pour le forcer à les évacuer?
Au cours de la séance oratoire ayant marqué le sixième anniversaire de l’enlèvement d’Abou-Ali Dirani où j’ai représenté le président de la Chambre, j’ai dit que notre bataille avec Israël est d’ordre idéologique; c’est pourquoi, elle ne se terminera pas par un simple compromis.
La bataille prendra diverses formes et se poursuivra. Elle ressemble au feu qui, tantôt flambe et, tantôt s’apaise la braise restant sous la cendre.

Comment concevez-vous l’aide que l’Etat doit octroyer au Sud après sa libération et quelles sont les obligations des Etats arabes à son égard?
L’Etat s’est empressé de constituer une commission ministérielle en vue d’élaborer un plan pour le redressement des zones libérées. Cependant, nos possibilités étant limitées, nous adressons un appel aux frères arabes pour qu’ils viennent en aide au Liban, en appliquant les recommandations adoptées par les ministres des Affaires étrangères lors de la conférence qu’ils ont tenue à Beyrouth au mois de mars.
L’Etat est appelé à assurer tous les services dont ont besoin les populations des villages sudistes qui ont tant pâti de l’occupation. Il faut leur assurer l’eau, l’électricité, l’infrastructure et réactiver le secteur agricole qui fait vivre bon nombre de citoyens.

COMMENT TRAITER AVEC LES “COLLABOS”?
Comment concevez-vous la manière de traiter le problème des collaborateurs avec l’ennemi?
Comme vous le savez, une partie de ces collaborateurs s’est rendue en Israël. Quant à ceux qui se sont livrés à l’Etat libanais, ils seront jugés conformément à la loi.

Les documents adressés aux Nations Unies sont-ils suffisants pour prouver la “libanité” des fermes de Chébaa?
Nous n’avons pas besoin de résolutions internationales pour prouver notre droit historique et géographique en notre terre. Nous lutterons en vue de récupérer nos droits, non seulement au Liban mais en Palestine.
La victoire de la libération est collective et plus d’une partie y a contribué. Qu’en pensez-vous?
J’ai entendu l’ambassadeur israélien à Paris déclarer à la télévision que le président Assad a gagné au Liban. Nous avons lutté aux côtés de la Syrie contre l’oppression et Israël a tenté, vainement, de dissocier les volets libanais et syrien. La Résistance est victorieuse grâce à l’unité de l’action libano-syrienne; la victoire est celle de tous les Libanais. Les soldats israéliens pleurent de joie d’avoir quitté sains et saufs le Liban et les Libanais qui ont regagné leurs villages pleurent de joie d’avoir vaincu Israël. Nos larmes ont le goût de la joie, tandis que “Tsahal” pleure son échec.

LE DISCOURS PRÉSIDENTIEL EST NÔTRE
Comment trouvez-vous le discours présidentiel et l’attitude du président Lahoud vis-à-vis des événements et de la victoire?
Le discours du chef de l’Etat est pareil à celui que nous, idéologues, aurions prononcé dans notre conflit avec Israël. Le président Lahoud s’est rendu au Sud comme les habitants qui regagnent leurs villages et félicité la population sudiste pour avoir rallié la Légalité. Le 25 mai qui a été proclamé “fête de la résistance et de la libération”, est le jour réel de l’indépendance du Liban. Si l’indépendance de 1943 a été proclamée à la suite d’un règlement, celle d’aujourd’hui a été réalisée par la force des Libanais et leur coopération avec la Syrie. Nous poursuivrons la lutte contre Israël jusqu’à la récupération des fermes de Chébaa et de nos droits nationaux.

QUID DES LÉGISLATIVES?
Après la libération, comment concevez-vous les législatives?
Nous avons décidé de mener la campagne électorale aux côtés du “Hezbollah”, de “Amal” et du PSNS. Le peuple récompensera ceux qui ont réalisé la victoire et condamnera les collaborateurs avec l’ennemi. Nous avons contribué à la création de la résistance nationale et les sacrifices de nos martyrs sont la fierté des nationalistes.

Propos recueillis par
JOSEPH MELKANE

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