Toujours est-il qu’il n’a pu influencer Israël, ni en ce qui concerne
le sujet des eaux, les hameaux de Chébaa et encore moins les détenus
libanais dans les geôles israéliennes. Il a estimé
que ces questions ne figuraient pas dans son ordre de mission. Aussi, la
navette qu’il a effectuée entre le Liban et Israël s’est-elle
terminée mardi sans satisfaire les partisans de la paix. M. Larsen
a terminé sa mission relative au tracé des frontières,
en parlant de la “ligne du retrait” et non du “tracé frontalier”,
ce que le Liban a rejeté, partant du fait que la “ligne du retrait”
signifiait les “frontières du fait accompli”, lesquelles n’éliminent
pas les violations israéliennes. En effet, la seconde séance
de travail prévue mardi soir, a été annulée
au dernier moment, les responsables ayant constaté qu’il était
inutile de rencontrer de nouveau l’émissaire spécial du secrétaire
général de l’ONU, parce qu’il est retourné au Liban
porteur d’une position israélienne ne concordant nullement avec
la position libanaise. De plus, il a insisté à maintenir
certaines zones frontalières sous l’occupation pour de fallacieux
prétextes. Cependant, le président Salim Hoss a précisé
que la réunion du palais de Baabda avec M. Larsen n’avait pas été
annulée; elle a été remplacée par une rencontre
des équipes de travail libanaise et onusience, les chefs de l’Etat
et du gouvernement devant recevoir les lettres de créance de plusieurs
nouveaux ambassadeurs. Une source officielle a affirmé que le Liban
est soucieux de coopérer avec les Nations Unies et n’y renoncera
pas. C’est pourquoi, il poursuivra ses démarches auprès d’elles,
en vue de récupérer ses droits imprescriptibles sur sa terre
et ses eaux. Au cours de la conférence de presse qu’il a tenue au
siège de l’ESCWA, la veille de son départ, M. Larsen a reconnu
les divergences dans les positions du Liban et d’Israël, à
propos de portions du territoire libanais que les Israéliens refusent
d’évacuer...
Il a précisé que la mission de l’ONU consistait à
déterminer la “ligne du retrait israélien” et non les frontières,
attribuant le conflit libano-israélien, à ce sujet, au manque
d’accords bilatéraux et de documents relatifs au tracé frontalier.
Puis, l’envoyé spécial des Nations Unies a omis de parler
de maints points délicats, notamment ceux relatifs aux eaux, arguant
qu’ils n’entraient pas dans le cadre de sa mission aux fermes de Chébaa.
Sans oublier l’affaire des Libanais détenus dans les prisons israéliennes
se limitant à dire qu’il l’avait évoquée avec les
responsables israéliens “sous l’angle humanitaire”. Fait à
signaler: à son retour, mardi soir d’Israël, M. Larsen n’avait
pas donné de ses nouvelles, ce qui avait suscité un vent
de pessimisme sur le retrait israélien, en application de la résolution
425. Il s’était rendu à Tel-Aviv, à l’effet de trancher
trois points en suspens concernant Rmeiche, Mtelleh et Migsav Am. Alors
qu’il n’avait plus repris le contact avec les responsables, on l’a vu faisant
du jogging sur la corniche du Phare, en compagnie de son garde du corps
personnel. On en a déduit qu’il était revenu bredouille de
Tel-Aviv, sans avoir pu convaincre ses interlocuteurs israéliens
de la position libanaise, surtout en ce qui concerne les portions de terre
considérées comme libanaises. En fait, M. Larsen avait informé
M. Kofi Annan des résultats de ses pourparlers à Beyrouth
et Tel-Aviv et attendaient de nouvelles instructions pour les reprendre,
c’est ce qui explique la pause qu’il s’est accordée avant de contacter
le président Hoss. De toute façon, quand les pourparlers
ont repris au palais de Baabda entre les chefs de l’Etat et du gouvernement
et M. Larsen, celui-ci a été blâmé à
cause de certaines de ses prises de position, sans tenir compte du fait
que durant vingt deux années d’occupation du territoire libanais,
Israël avait eu lieu le temps de procéder à maintes
modifications sur le terrain. M. Larsen a fait procéder à
un nouveau constat sur place, ses experts et cartographes ayant survolé
les zones, objet de controverse, à bord d’un hélicoptère.
Cependant, tout en faisant état de divergence entre le Liban et
les Nations Unies, le président Nabih Berri en a minimisé
l’importance, tout en affirmant que “le Liban continuera à coopérer
avec l’ONU et ses représentants jusqu’à la dernière
limite, ne serait-ce que pour déjouer les manœuvres de l’ennemi
israélien qui s’emploie à compromettre les relations entre
Beyrouth et l’ONU.”
Le président de la Chambre a fait cette déclaration en
recevant une délégation militaire syrienne ayant à
sa tête le général Moustapha Tlass, ministre de la
Défense, venue transmettre les félicitations du président
Assad au chef de l’Etat et aux autres responsables, à la suite de
la libération de la région frontalière. La délégation
a, également, rendu visite à Sayyed Hassan Nasrallah, secrétaire
général du “Hezbollah”, auquel elle a offert un cadeau symbolique.
Il sied de préciser que les points essentiels ayant fait l’objet
de discussions entre M. Larsen, d’une part, Beyrouth et Tel-Aviv, d’autre
part, ont porté sur les frontières, les otages libanais détenus
en Israël, la FINUL et son déploiement conjointement avec les
FSI et l’Armée libanaise, les miliciens de l’ALS ayant cherché
refuge en Israël, l’augmentation des effectifs de la FINUL. En ce
qui a trait aux détenus, leur cas serait réglé, dit-on,
dans la seconde quinzaine de juin. Quant à la participation française
à la FINUL, il est probable que le contingent tricolore serait augmenté
au maximum (on parle de 5.000 éléments supplémentaires),
les effectifs de la force internationale devant être portés
à 8.000 Casques Bleus. En ce qui concerne le cas des ex-miliciens
de l’ALS, il semble que Ehud Barak ait demandé à M. Larsen
de n’épargner aucun effort ni moyen pour l’en débarrasser,
arguant que ceux-ci avaient posé un véritable problème
en Israël.