LARSEN TAXÉ DE PARTIALITÉ EN FAVEUR D’ISRAËL

M. Terjé Roed-Larsen, envoyé du secrétaire général des Nations Unies, n’a pas réussi à éliminer toutes les “anomalies” israéliennes lors du retrait de “Tsahal” du Liban-Sud, parce qu’il n’a pu avoir raison de la félonie et des tractations de l’Etat hébreu. Cependant, il est parvenu dans une large mesure à ramener ces “anomalies” de dix-sept à trois.

Toujours est-il qu’il n’a pu influencer Israël, ni en ce qui concerne le sujet des eaux, les hameaux de Chébaa et encore moins les détenus libanais dans les geôles israéliennes. Il a estimé que ces questions ne figuraient pas dans son ordre de mission. Aussi, la navette qu’il a effectuée entre le Liban et Israël s’est-elle terminée mardi sans satisfaire les partisans de la paix. M. Larsen a terminé sa mission relative au tracé des frontières, en parlant de la “ligne du retrait” et non du “tracé frontalier”, ce que le Liban a rejeté, partant du fait que la “ligne du retrait” signifiait les “frontières du fait accompli”, lesquelles n’éliminent pas les violations israéliennes. En effet, la seconde séance de travail prévue mardi soir, a été annulée au dernier moment, les responsables ayant constaté qu’il était inutile de rencontrer de nouveau l’émissaire spécial du secrétaire général de l’ONU, parce qu’il est retourné au Liban porteur d’une position israélienne ne concordant nullement avec la position libanaise. De plus, il a insisté à maintenir certaines zones frontalières sous l’occupation pour de fallacieux prétextes. Cependant, le président Salim Hoss a précisé que la réunion du palais de Baabda avec M. Larsen n’avait pas été annulée; elle a été remplacée par une rencontre des équipes de travail libanaise et onusience, les chefs de l’Etat et du gouvernement devant recevoir les lettres de créance de plusieurs nouveaux ambassadeurs. Une source officielle a affirmé que le Liban est soucieux de coopérer avec les Nations Unies et n’y renoncera pas. C’est pourquoi, il poursuivra ses démarches auprès d’elles, en vue de récupérer ses droits imprescriptibles sur sa terre et ses eaux. Au cours de la conférence de presse qu’il a tenue au siège de l’ESCWA, la veille de son départ, M. Larsen a reconnu les divergences dans les positions du Liban et d’Israël, à propos de portions du territoire libanais que les Israéliens refusent d’évacuer...
Il a précisé que la mission de l’ONU consistait à déterminer la “ligne du retrait israélien” et non les frontières, attribuant le conflit libano-israélien, à ce sujet, au manque d’accords bilatéraux et de documents relatifs au tracé frontalier. Puis, l’envoyé spécial des Nations Unies a omis de parler de maints points délicats, notamment ceux relatifs aux eaux, arguant qu’ils n’entraient pas dans le cadre de sa mission aux fermes de Chébaa. Sans oublier l’affaire des Libanais détenus dans les prisons israéliennes se limitant à dire qu’il l’avait évoquée avec les responsables israéliens “sous l’angle humanitaire”. Fait à signaler: à son retour, mardi soir d’Israël, M. Larsen n’avait pas donné de ses nouvelles, ce qui avait suscité un vent de pessimisme sur le retrait israélien, en application de la résolution 425. Il s’était rendu à Tel-Aviv, à l’effet de trancher trois points en suspens concernant Rmeiche, Mtelleh et Migsav Am. Alors qu’il n’avait plus repris le contact avec les responsables, on l’a vu faisant du jogging sur la corniche du Phare, en compagnie de son garde du corps personnel. On en a déduit qu’il était revenu bredouille de Tel-Aviv, sans avoir pu convaincre ses interlocuteurs israéliens de la position libanaise, surtout en ce qui concerne les portions de terre considérées comme libanaises. En fait, M. Larsen avait informé M. Kofi Annan des résultats de ses pourparlers à Beyrouth et Tel-Aviv et attendaient de nouvelles instructions pour les reprendre, c’est ce qui explique la pause qu’il s’est accordée avant de contacter le président Hoss. De toute façon, quand les pourparlers ont repris au palais de Baabda entre les chefs de l’Etat et du gouvernement et M. Larsen, celui-ci a été blâmé à cause de certaines de ses prises de position, sans tenir compte du fait que durant vingt deux années d’occupation du territoire libanais, Israël avait eu lieu le temps de procéder à maintes modifications sur le terrain. M. Larsen a fait procéder à un nouveau constat sur place, ses experts et cartographes ayant survolé les zones, objet de controverse, à bord d’un hélicoptère. Cependant, tout en faisant état de divergence entre le Liban et les Nations Unies, le président Nabih Berri en a minimisé l’importance, tout en affirmant que “le Liban continuera à coopérer avec l’ONU et ses représentants jusqu’à la dernière limite, ne serait-ce que pour déjouer les manœuvres de l’ennemi israélien qui s’emploie à compromettre les relations entre Beyrouth et l’ONU.”
Le président de la Chambre a fait cette déclaration en recevant une délégation militaire syrienne ayant à sa tête le général Moustapha Tlass, ministre de la Défense, venue transmettre les félicitations du président Assad au chef de l’Etat et aux autres responsables, à la suite de la libération de la région frontalière. La délégation a, également, rendu visite à Sayyed Hassan Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah”, auquel elle a offert un cadeau symbolique.
Il sied de préciser que les points essentiels ayant fait l’objet de discussions entre M. Larsen, d’une part, Beyrouth et Tel-Aviv, d’autre part, ont porté sur les frontières, les otages libanais détenus en Israël, la FINUL et son déploiement conjointement avec les FSI et l’Armée libanaise, les miliciens de l’ALS ayant cherché refuge en Israël, l’augmentation des effectifs de la FINUL. En ce qui a trait aux détenus, leur cas serait réglé, dit-on, dans la seconde quinzaine de juin. Quant à la participation française à la FINUL, il est probable que le contingent tricolore serait augmenté au maximum (on parle de 5.000 éléments supplémentaires), les effectifs de la force internationale devant être portés à 8.000 Casques Bleus. En ce qui concerne le cas des ex-miliciens de l’ALS, il semble que Ehud Barak ait demandé à M. Larsen de n’épargner aucun effort ni moyen pour l’en débarrasser, arguant que ceux-ci avaient posé un véritable problème en Israël.

NADIM EL-HACHEM

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