La
vérification du retrait israélien du Liban-Sud par les experts
et les cartographes internationaux, continue à trébucher.
A qui la faute? M. Kofi Annan se plaint des “lenteurs libanaises”. Cependant,
dans un nouveau mémorandum - le second en deux mois - adressé
au secrétaire général de l’ONU, le président
Emile Lahoud taxe de partialité l’émissaire spécial
de M. Annan, M. Larsen (notre photo), pour n’avoir pas tenu compte de documents
authentifiés relatifs au tracé frontalier.
Des milieux proches des Nations Unies se sont formalisés du fait
pour le Liban d’avoir taxé de partialité (à l’égard
du Liban) M. Terjé Roed Larsen, émissaire spécial
du secrétaire général de l’ONU.
Or, le nouveau mémorandum - le second en moins d’un trimestre
- que le chef de l’Etat a adressé durant le dernier week-end à
M. Kofi Annan, confirme cette accusation.
De fait, le président Lahoud a protesté contre la ligne
fixée par Larsen, la fameuse “ligne bleue”, à la frontière,
afin de confirmer le retrait israélien du Liban-Sud, conformément
à la résolution 425 du Conseil de Sécurité.
Le mémorandum présidentiel reproche à l’envoyé
spécial de M. Annan “d’avoir mis en doute la frontière du
Liban internationalement reconnue”, telle qu’elle a été fixée
en 1923 et consacrée en 1949 par la convention mixte d’amistice.
Aussi, le président Lahoud soutient-il que la “ligne Larsen”
est en contradiction avec la 425, avan de soutenir: “Il n’est pas du ressort
de l’ONU de nier l’existence de frontières reconnues, pour tracer
une ligne de retrait fictive... En dépit de notre protestation sur
la ligne fictive fixée par les cartographes de M. Larsen, d’ailleurs
violée en plusieurs points par Israël, celle-ci est mal définie,
en raison des pressions exercées sur l’équipe onusienne,
pour la forcer à aller vite dans sa tâche, aux dépens
de la précision à déterminer le tracé frontalier”.
Fait à signaler: au cours des séances de travail avec
M. Larsen et des experts, la partie libanaise a été surprise
par des réflexions faisant allusion à des “frontières
imprécises avec l’Etat hébreu”. Et ce, en raison de la perte
de documents et de cartes sur le tracé de l’armistice de 1949.
Or, ces documents précieusement conservés par le gouvernement
libanais - dans les archives de l’Armée - et, aussi, par le Quai
d’Orsay qui en a fourni des copies, ont été présentés
à l’équipe de l’ONU qui n’en a pas tenu compte...
Dans son mémorandum, le président de la République
met en garde “contre les dangers qui pourraient découler de l’ambiguité
sciemment entretenue autour de la frontière libano-israélienne.
Celle-ci est remise en question par le mission de l’organisation internationale,
censée préserver la ligne du front telle que définie
par des accords internationaux (en 1923 et 1949).
Par ailleurs, des milieux officiels libanais ne s’expliquent pas la
hâte du secrétaire général des Nations Unies
à accélérer le processus de vérification du
retrait israélien du Liban-Sud. Tout en accusant le gouvernement
de Beyrouth “de retarder l’opération”, sans tenir compte des violations
israéliennes dans des zones pourtant englobées par la résolution
425.
Ceci est d’autant plus étrange, que l’ONU a pour mission d’aider
le Liban, à travers la FINUL, à étendre sa souveraineté
à l’ensemble du territoire national, après sa libération
de l’occupation israélienne.
Conclusion pratique: tout en se souciant de coopérer avec l’ONU,
le Liban n’est nullement disposé à céder à
Israël des portions, si minimes soient-elles, de son territoire. |