Tôt le matin, le cercueil a quitté la maison familiale
à Damas, recouvert du drapeau syrien et porté par des officiers
supérieurs il est placé sur un affût de canon. Le Dr
Bachar, entouré de ses deux frères, Majed et Maher, de hauts
dignitaires et responsables syriens, mène le deuil. Le convoi funèbre
avance dans les rues de la capitale, au milieu d’une foule estimée
à des centaines de milliers de personnes - un million et demi d’âmes,
selon certains - pleurant et criant de douleur. La marée humaine
culmine place des Omayyades au cœur même de la cité où
les Syriens ont afflué des quatre coins du pays. On observe plusieurs
scènes d’évanouissement dues à l’intensité
de la souffrance mais, aussi, à la chaleur, la température
étant de 35Þ.
Le cortège gagne, ensuite, le palais du Peuple, situé
quelque peu à l’extérieur de Damas, sur un promontoire très
dégagé dominant la ville. Ce palais très luxueux,
tout en marbre, boiseries damasquinées avec des lustres en cristal
et des tapis persans, a été édifié par le président
Assad. Dans ce palais, nouvellement inauguré, a eu lieu le 10 mai
1991, la signature du traité de fraternité et de coopération
entre Beyrouth et Damas.
![]() Le général Assad recevant les condoléances des présidents Chirac... |
![]() ... Et le président égyptien. |
DES DÉLÉGATIONS DE HAUT RANG,
AUX CONDOLÉANCES
Au palais du Peuple, les délégations arabes et étrangères
se recueillent devant la dépouille d’Assad et présentent
les condoléances à son héritier politique, aux membres
de la famille et aux hauts responsables syriens.
Le Liban officiel, politique, religieux afflue à Damas pour
la circonstance. Le président Emile Lahoud, les chefs du Législatif
et du gouvernement, MM. Nabih Berri et Salim Hoss se tiennent auprès
de Bachar Assad jusqu’au soir.
Le monde arabe est représenté à de très
hauts niveaux par le président égyptien Hosni Moubarak, le
roi Abdallah II de Jordanie, le prince héritier Abdallah d’Arabie
saoudite, l’émir du Koweit... On note, également, la présence
des présidents iranien, algérien, yéménite,
soudanais, turc, arménien,... du chef de l’Autorité palestinienne.
Du côté occidental, le président français
Jacques Chirac est le seul chef d’Etat à se rendre à Damas,
voulant ainsi, souligner les liens particuliers liant la France à
la Syrie.
G.D.: MM. Farouk Chareh, les présidents Salim
Hoss et Emile Lahoud, Bachar Assad, le président Nabih Berri et
Nasri Khoury.
Le président Bill Clinton, se fait représenter par son
secrétaire d’Etat Madeleine Albright. Elle a un aparté avec
le Dr Bachar et en quittant le palais du Peuple, elle déclare: “Je
suis encouragée par la volonté du président désigné
de suivre la voie tracée par son père, qui, a-t-elle rappelé,
a pris une décision stratégique en faveur de la paix”. Le
chef de la diplomatie américaine ajoute: “Bachar est apparemment
très déterminé. C’est quelqu’un qui est prêt
à accomplir son devoir”.
La Grande-Bretagne est représentée par M. Robin Cook,
son secrétaire au Foreign Office; l’Allemagne, par son ministre
des A.E. et, la Russie, par le président de la Douma.
![]() ... Et Lahoud. |
![]() Avec l’Emir du Koweit... |
LE DERNIER VOYAGE
Vers 15h30, le cercueil est porté du palais du Peuple jusqu’à
l’aéroport de Damas et, de là, par avion jusqu’à l’aéroport
Bassel Assad à Lattaquieh. Placée à nouveau sur un
affût de canon, la dépouille prend le chemin de Qordaha où
l’émotion sera encore plus vive qu’à Damas. Les rues sont
noires d’une foule venue rendre un dernier hommage à son président.
Le cortège se dirige vers la mosquée Naïssa (nom de
la mère de Hafez Assad) à la coupole bleue où sont
récitées les prières rituelles. Hafez Assad est, ensuite,
inhumé au mausolée où repose son fils aîné
Bassel, mort accidentellement en 1994.
En sa qualité de vice-président de la Fédération des journalistes arabes (FJA), M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes, a reçu de MM. Ibrahim Nafeh et Salaheddine Hafez, président et secrétaire général de la FJA, le texte d’une déclaration par laquelle ils annoncent le décès du regretté président Hafez Assad, “au terme d’une vie politique active et une lutte nationale exemplaire”. “Jusqu’au dernier instant de sa vie, ajoute la déclaration, le
président Assad a été un défenseur acharné
et un combattant intrépide luttant en vue de réaliser les
nobles objectifs arabes, de faire face à l’agression sioniste et
à l’hégémonie internationale.
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![]() Le dernier hommage de Mme Albright au président syrien. |
![]() |
A la tête d’une délégation du conseil de l’Ordre
des journalistes, M. Melhem Karam s’est rendu mardi matin à Damas
où il a présenté les condoléances au Dr Bachar
Assad, commandant en chef des forces armées; MM. Abdel-Halim Khaddam,
vice-président de la République; Abdallah el-Ahmar, secrétaire
général adjoint du parti Baas; Abdel-Kader Kaddourah, président
du Conseil du Peuple; Mohamed Moustapha Miro, président du Conseil;
au général Moustapha Tlass, ministre de la Défense;
à MM. Farouk Chareh, ministre des Affaires étrangères;
Adnan Omran, ministre de l’Information, ainsi qu’aux membres du commandement
local et régional du Baas.
Au cours d’un entretien avec le Dr Bachar Assad, M. Karam a rendu hommage
aux valeurs prônées par le président Hafez Assad “qui,
dit-il, guideront les générations montantes et dont nous
nous inspirerons dans l’édification de notre avenir que nous voulons
radieux. Le président Assad a édifié une Histoire
tout entière et a marqué de son empreinte une époque
arabe qui porte son nom et son souvenir”.
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l Les hauts dignitaires syriens voulaient que Hafez Assad soit enterré
à Damas comme tous les présidents syriens. Mais Assad avait
bien précisé dans son testament qu’il voulait reposer auprès
de son fils aîné Bassel, dans l’imposant mausolée qu’il
lui a fait construire à Qordaha.
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