Ainsi, le président Jacques Chirac qui a tenu à assister,
personnellement, aux obsèques du président Assad, s’est dit
disposé à coopérer avec son successeur, “en faisant
de Paris la porte vers l’Occident”. De même, Mme Madeleine Albright,
secrétaire d’Etat US, a vu en la personne du nouveau président
syrien, “un homme sérieux capable d’assumer la responsabilité
en faveur de la paix”.
Il y a lieu de signaler que lors des funérailles grandioses
qui ont été faites à l’homme d’Etat disparu, la foule
n’a cessé de scander des slogans tout à l’honneur du Dr Bachar
qui a affirmé la perpétuation de la politique paternelle.
Il l’a confié à M. Melhem Karam. En recevant la délégation
de l’Ordre des journalistes, il a dit: “Le lien qui existait entre nous
dans le passé persistera et nous suivrons la trace de notre cher
disparu dans l’intérêt de la Syrie, du Liban et des Arabes”.
La participation libanaise intensive aux obsèques a retenu l’attention,
non seulement à Damas, mais également à Qordaha où
le président Assad a été inhumé près
de son fils aîné Bassel. En fait, on peut dire que tout le
Liban était présent dans tous les secteurs de sa vie nationale.
PRÉSENCE LIBANAISE MASSIVE
La délégation officielle présidée par le
chef de l’Etat, comprenait les présidents Nabih Berri, Salim Hoss,
le général Jamil Sayed, directeur général de
la Sûreté; M. Emile Lahoud, fils du président de la
République et le colonel Moustapha Hamdane, commandant de la garde
présidentielle.
Après s’être recueilli devant la dépouille du défunt,
la délégation officielle a eu un aparté avec le Dr
Bachar Assad. Les présidents Lahoud, Berri et Hoss ont tenu à
l’accompagner à Qordaha où le chef de l’Etat a rédigé
sur le régistre des condoléances des lignes exprimant la
tristesse que ressent le Liban en cette douloureuse circonstance. “J’ai
été la dernière personne avec laquelle il s’est entretenu.
Par ses paroles, il a voulu exprimer la dimension de son affection et de
son souci d’œuvrer en faveur de la Syrie et du Liban, ainsi que des générations
futures dans les deux pays. Ma consolation réside en ce que la Syrie
qui a hérité de lui la gloire, la résistance, la fidélité
et les principes, restera avec mon frère le Dr Bachar fidèle
à la ligne tracée par le défunt président,
à son peuple frère et à sa vaillante armée”.
La participation libanaise a été marquée par une
présence nombreuse de ministres, de députés, d’anciens
parlementaires, de dignitaires religieux et de personnalités politiques.
Cela dit et contrairement à ce que laissaient croire certains
milieux, la succession à la tête de l’Etat syrien s’annonce
facile. Le fait pour M. Rifaat Assad, oncle du Dr Bachar et vice-président
de la République destitué (interdit de séjour en Syrie)
d’avoir contesté la régularité de la procédure
suivie pour la désignation du nouveau chef de l’Etat et insinué
qu’il entreprendrait un nouveau mouvement de redressement, tout cela n’est
pas pris au sérieux. D’autant que Moudar, le propre fils de Rifaat,
l’a désavoué la veille des funérailles en disant:
“Nous n’avons d’autre père que le président Hafez Assad”.
En promulguant la loi portant amendement de l’article 83 (relatif à
l’âge) de la Constitution, afin de permettre au Dr Bachar de poser
sa candidature et le décret aux termes duquel celui-ci est promu
au grade de général et nommé commandant en chef des
forces armées, M. Khaddam a coupé court à toutes les
rumeurs insidieuses. De plus, en lui apportant le soutien de l’institution
militaire à la faveur d’une visite en compagnie des officiers supérieurs
des différentes armes, le général Moustapha Tlass,
vice-président du Conseil, ministre de la Défense, a confirmé
l’absence de toute entrave pouvant empêcher de combler le vide au
niveau de la magistrature suprême.
QUID DU RETRAIT ISRAÉLIEN?
L’importance de l’événement qu’a constitué la
disparition subite du président Assad, n’a pas occulté pour
autant la question de la vérification du retrait israélien
au Liban-Sud.
En effet, les experts et cartographes de la FINUL et de l’Armée
libanaise ont poursuivi leur action sur le terrain pour dissiper tout malentendu
autour du tracé frontalier.
Dans le même temps, le président de la République
a adressé au secrétaire général des Nations
Unies un nouveau mémorandum, dans lequel il met en doute la partialité
de l’équipe onusienne, en soutenant que les documents authentifiés
confirment le tracé des frontières internationalement reconnues,
tel qu’il a été défini par l’accord franco-britannique
de 1923; puis, consacré par la convention mixte d’armistice de 1949.
Le chef de l’Etat s’est dit surpris de la proposition de l’émissaire
de M. Annan d’adopter la “ligne du retrait”, alors que la résolution
425 n’y fait nullement allusion.
“L’ONU, ajoute le président Lahoud dans son mémorandum,
n’a pas pour mission de déterminer le tracé frontalier, mais
n’a pas le droit non plus de nier l’existence de frontières internationalement
reconnues et de proposer à leur place une “ligne de retrait fictive”.
En conséquence et après avoir soulevé, une fois
de plus, l’affaire des fermes de Chébaa, le chef de l’Etat conclut:
“Le Liban réclame son droit et ne cèdera pas le moindre pouce
de son territoire, le retrait israélien étant un pas vers
la paix, mais ne réalise pas la paix juste, globale et permanente,
surtout tant qu’Israël n’aura pas évacué le Golan jusqu’à
la ligne du 4 juin 1967 et reconnu le droit au retour à leur terre
aux réfugiés palestiniens”.
Aussi, le chef de l’Etat insiste-t-il sur la nécessité
de trouver une solution à la présence palestinienne (surtout
armée) au Liban, notre pays n’étant pas en mesure de maintenir
les camps où vivent des gens misérables mais dont certains
sont armés.
“Cette affaire doit être réglée, poursuit-il, et
je suis sûr que les résolutions 242 et 338 seront appliquées,
à l’instar de la résolution 425”.
En s’adressant, par ailleurs, au groupe d’hommes d’affaires émigrés
participant au premier congrès organisé à leur intention
dans la mère-patrie, le président Lahoud les engage à
investir, en se disant optimiste quant à l’avenir. “La libération
seule ne suffit pas, soutient-il, elle doit être accompagnée
de l’Etat du droit qui attire les capitaux et inspire confiance aux Libanais
d’outre-mer, tout en préservant les droits des investisseurs”.
NOTRE COMBAT N’A PAS PRIS FIN
De son côté, le président Nabih Berri a mis en
garde contre Israël et ses machinations. Prenant la parole au cours
de l’inauguration de la mosquée de l’imam Al-Hassan à Haret
Saïda, en présence de l’imam Mohamed Mahdi Chamseddine, le
chef du Législatif a dit: “Notre combat n’a pas pris fin, d’autant
que le Premier ministre d’Israël menace de nouveau de revenir au Liban,
pour asséner un coup au Liban et à la Syrie, en territoire
libanais, afin de prévenir la transposition de la Résistance,
sous sa forme libanaise, dans la rue palestinienne”.
Cheikh Hassan Nasrallah, secrétaire général du
“Hezbollah”, a abondé dans le même sens dans une harangue
prononcée à Nabi Chit, à l’occasion de la fête
de la Résistance et de la Libération. “L’ennemi israélien,
dit-il, nourrit toujours des visées au Liban, ce qui nécessite
un soutien de la Syrie”.
Par ailleurs, il y a lieu de faire état d’un changement de ton
de la part de Washington qui n’insiste plus sur le déploiement de
l’Armée, dans l’immédiat, dans la région frontalière.
La capitale fédérale l’a révélé dans
un message que Mme Albright a adressé au président Lahoud.
De plus, l’ambassadeur des Etats-Unis, M. David Satterfield, a exprimé
l’appréciation de l’Administration américaine des dispositions
prises par les autorités libanaises après le retrait israélien
du Sud.
Enfin, les Etats-Unis promettent d’aider à la reconstruction
des régions dévastées du Liban-Sud durant les vingt-deux
années d’occupation israélienne.