LA FINUL CONTINUE À PATAUGER DANS LA VÉRIFICATION DU RETRAIT ISRAÉLIEN

Les développements survenus en Syrie ont dominé les événements depuis le décès du leader historique, le président Hafez Assad, dont l’absence est ressentie comme une perte considérable. Cependant, sa succession s’est opérée d’une façon normale, les prises de position syrienne, arabe et internationale, spécialement française et américaine, manifestées lors des funérailles, ayant donné la mesure du soutien dont bénéficie le général Bachar Assad jugé digne de la confiance placée en lui.

Ainsi, le président Jacques Chirac qui a tenu à assister, personnellement, aux obsèques du président Assad, s’est dit disposé à coopérer avec son successeur, “en faisant de Paris la porte vers l’Occident”. De même, Mme Madeleine Albright, secrétaire d’Etat US, a vu en la personne du nouveau président syrien, “un homme sérieux capable d’assumer la responsabilité en faveur de la paix”.
Il y a lieu de signaler que lors des funérailles grandioses qui ont été faites à l’homme d’Etat disparu, la foule n’a cessé de scander des slogans tout à l’honneur du Dr Bachar qui a affirmé la perpétuation de la politique paternelle. Il l’a confié à M. Melhem Karam. En recevant la délégation de l’Ordre des journalistes, il a dit: “Le lien qui existait entre nous dans le passé persistera et nous suivrons la trace de notre cher disparu dans l’intérêt de la Syrie, du Liban et des Arabes”.
La participation libanaise intensive aux obsèques a retenu l’attention, non seulement à Damas, mais également à Qordaha où le président Assad a été inhumé près de son fils aîné Bassel. En fait, on peut dire que tout le Liban était présent dans tous les secteurs de sa vie nationale.

PRÉSENCE LIBANAISE MASSIVE
La délégation officielle présidée par le chef de l’Etat, comprenait les présidents Nabih Berri, Salim Hoss, le général Jamil Sayed, directeur général de la Sûreté; M. Emile Lahoud, fils du président de la République et le colonel Moustapha Hamdane, commandant de la garde présidentielle.
Après s’être recueilli devant la dépouille du défunt, la délégation officielle a eu un aparté avec le Dr Bachar Assad. Les présidents Lahoud, Berri et Hoss ont tenu à l’accompagner à Qordaha où le chef de l’Etat a rédigé sur le régistre des condoléances des lignes exprimant la tristesse que ressent le Liban en cette douloureuse circonstance. “J’ai été la dernière personne avec laquelle il s’est entretenu. Par ses paroles, il a voulu exprimer la dimension de son affection et de son souci d’œuvrer en faveur de la Syrie et du Liban, ainsi que des générations futures dans les deux pays. Ma consolation réside en ce que la Syrie qui a hérité de lui la gloire, la résistance, la fidélité et les principes, restera avec mon frère le Dr Bachar fidèle à la ligne tracée par le défunt président, à son peuple frère et à sa vaillante armée”.
La participation libanaise a été marquée par une présence nombreuse de ministres, de députés, d’anciens parlementaires, de dignitaires religieux et de personnalités politiques.
Cela dit et contrairement à ce que laissaient croire certains milieux, la succession à la tête de l’Etat syrien s’annonce facile. Le fait pour M. Rifaat Assad, oncle du Dr Bachar et vice-président de la République destitué (interdit de séjour en Syrie) d’avoir contesté la régularité de la procédure suivie pour la désignation du nouveau chef de l’Etat et insinué qu’il entreprendrait un nouveau mouvement de redressement, tout cela n’est pas pris au sérieux. D’autant que Moudar, le propre fils de Rifaat, l’a désavoué la veille des funérailles en disant: “Nous n’avons d’autre père que le président Hafez Assad”.
En promulguant la loi portant amendement de l’article 83 (relatif à l’âge) de la Constitution, afin de permettre au Dr Bachar de poser sa candidature et le décret aux termes duquel celui-ci est promu au grade de général et nommé commandant en chef des forces armées, M. Khaddam a coupé court à toutes les rumeurs insidieuses. De plus, en lui apportant le soutien de l’institution militaire à la faveur d’une visite en compagnie des officiers supérieurs des différentes armes, le général Moustapha Tlass, vice-président du Conseil, ministre de la Défense, a confirmé l’absence de toute entrave pouvant empêcher de combler le vide au niveau de la magistrature suprême.

QUID DU RETRAIT ISRAÉLIEN?
L’importance de l’événement qu’a constitué la disparition subite du président Assad, n’a pas occulté pour autant la question de la vérification du retrait israélien au Liban-Sud.
En effet, les experts et cartographes de la FINUL et de l’Armée libanaise ont poursuivi leur action sur le terrain pour dissiper tout malentendu autour du tracé frontalier.
Dans le même temps, le président de la République a adressé au secrétaire général des Nations Unies un nouveau mémorandum, dans lequel il met en doute la partialité de l’équipe onusienne, en soutenant que les documents authentifiés confirment le tracé des frontières internationalement reconnues, tel qu’il a été défini par l’accord franco-britannique de 1923; puis, consacré par la convention mixte d’armistice de 1949.
Le chef de l’Etat s’est dit surpris de la proposition de l’émissaire de M. Annan d’adopter la “ligne du retrait”, alors que la résolution 425 n’y fait nullement allusion.
“L’ONU, ajoute le président Lahoud dans son mémorandum, n’a pas pour mission de déterminer le tracé frontalier, mais n’a pas le droit non plus de nier l’existence de frontières internationalement reconnues et de proposer à leur place une “ligne de retrait fictive”.
En conséquence et après avoir soulevé, une fois de plus, l’affaire des fermes de Chébaa, le chef de l’Etat conclut: “Le Liban réclame son droit et ne cèdera pas le moindre pouce de son territoire, le retrait israélien étant un pas vers la paix, mais ne réalise pas la paix juste, globale et permanente, surtout tant qu’Israël n’aura pas évacué le Golan jusqu’à la ligne du 4 juin 1967 et reconnu le droit au retour à leur terre aux réfugiés palestiniens”.
Aussi, le chef de l’Etat insiste-t-il sur la nécessité de trouver une solution à la présence palestinienne (surtout armée) au Liban, notre pays n’étant pas en mesure de maintenir les camps où vivent des gens misérables mais dont certains sont armés.
“Cette affaire doit être réglée, poursuit-il, et je suis sûr que les résolutions 242 et 338 seront appliquées, à l’instar de la résolution 425”.
En s’adressant, par ailleurs, au groupe d’hommes d’affaires émigrés participant au premier congrès organisé à leur intention dans la mère-patrie, le président Lahoud les engage à investir, en se disant optimiste quant à l’avenir. “La libération seule ne suffit pas, soutient-il, elle doit être accompagnée de l’Etat du droit qui attire les capitaux et inspire confiance aux Libanais d’outre-mer, tout en préservant les droits des investisseurs”.

NOTRE COMBAT N’A PAS PRIS FIN
De son côté, le président Nabih Berri a mis en garde contre Israël et ses machinations. Prenant la parole au cours de l’inauguration de la mosquée de l’imam Al-Hassan à Haret Saïda, en présence de l’imam Mohamed Mahdi Chamseddine, le chef du Législatif a dit: “Notre combat n’a pas pris fin, d’autant que le Premier ministre d’Israël menace de nouveau de revenir au Liban, pour asséner un coup au Liban et à la Syrie, en territoire libanais, afin de prévenir la transposition de la Résistance, sous sa forme libanaise, dans la rue palestinienne”.
Cheikh Hassan Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah”, a abondé dans le même sens dans une harangue prononcée à Nabi Chit, à l’occasion de la fête de la Résistance et de la Libération. “L’ennemi israélien, dit-il, nourrit toujours des visées au Liban, ce qui nécessite un soutien de la Syrie”.
Par ailleurs, il y a lieu de faire état d’un changement de ton de la part de Washington qui n’insiste plus sur le déploiement de l’Armée, dans l’immédiat, dans la région frontalière. La capitale fédérale l’a révélé dans un message que Mme Albright a adressé au président Lahoud. De plus, l’ambassadeur des Etats-Unis, M. David Satterfield, a exprimé l’appréciation de l’Administration américaine des dispositions prises par les autorités libanaises après le retrait israélien du Sud.
Enfin, les Etats-Unis promettent d’aider à la reconstruction des régions dévastées du Liban-Sud durant les vingt-deux années d’occupation israélienne.

NADIM EL-HACHEM

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