La
visite de M. Kofi Annan à Beyrouth semble avoir réglé
le problème posé par la vérification du retrait israélien,
tâche dont s’acquittent des experts des Nations-Unies. Le secrétaire
général de l’ONU parlait de “malentendus”, alors que le Liban
officiel exprimait des réserves sur l’attitude adoptée par
son hôte onusien à propos de la “ligne de retrait” (ou ligne
bleue).
“Nous sommes sur la bonne voie et aucun problème ne se pose entre
le Liban et les Nations-Unies”, a déclaré M. Kofi Annan,
secrétaire général de l’ONU, en rappelant la nécessité
d’appliquer, également, les résolutions 242 et 338 du Conseil
de Sécurité exigeant le retrait israélien des territoires
syrien et palestinien.
Pourtant, il a provoqué un début de crise avec Beyrouth,
en ayant voulu contraindre le gouvernement Hoss à reconnaître
le retrait israélien de la région frontalière, avant
même que les effectifs de la FINUL ne l’aient vérifié
d’une manière parfaite.
De fait, ceux-ci ont admis des violations de la part des Israéliens
en maints endroits le long du cordon frontalier que ceux-ci étaient
censés avoir évacués.
Ceci étant, on s’interrogeait sur les raisons ayant poussé
M. Annan à exiger la confirmation, par le Conseil de Sécurité,
du retrait israélien! Ceci avait incité plusieurs personnalités
(politiques et religieuses) libanaises à douter de l’impartialité
du secrétaire général et de son envoyé spécial...
Aussi, l’instance onusienne a-t-elle tenu une réunion marathon
(de plus de quinze heures) durant le dernier week-end qui a failli déboucher
sur une impasse.
En effet, la Russie a pris fait et cause pour le Liban, refusant de
souscrire à toute déclaration confirmant le retrait israélien
qui ne serait pas agréée par Beyrouth.
En définitive, les délégués présents
sont parvenus à un compromis, la déclaration finale du Conseil
“ayant pris note, avec inquiétude, d’informations faisant état
de violations du tracé frontalier depuis le 16 juin 2000”, date
à laquelle M. Annan a confirmé le retrait de “Tsahal”.
Un tel compromis a pu être dégagé, suite à
la menace du secrétaire général de l’ONU de renoncer
à sa visite à Beyrouth, si son annonce relative au retrait
israélien n’était pas avalisée.
Cependant, en dépit d’une intervention directe de Washington
- sous la forme d’une entretien téléphonique entre Mme Madeleine
Albright et le président Emile Lahoud - pour tenter de le convaincre
de la fin du processus de vérification du retrait israélien,
le palais de Baabda a démenti avoir levé ses objections.
Le chef du gouvernement qui a multiplié les démarches
auprès des pays frères et amis, a réaffirmé
que le retrait n’était pas complet et parlé de treize empiètements
israéliens. “Le Liban, a-t-il réaffirmé, est déterminé
à coopérer avec l’ONU au plus haut point, afin que les tâches
qui incombent à ses forces soient exécutées, tout
en demeurant ferment attaché à chaque pouce de son territoire”.
Au cours de sa visite à Beyrouth, M. Annan n’est pas parvenu
à modifier la position officielle libanaise. En effet, le Liban
est resté sur ses réserves, insistant à récupérer
toutes les portions de son territoire encore occupées par Israël,
alors que le secrétaire général de l’ONU a continué
à parler de “malentendus”, tout en reconnaissant des empiètements
de la part des Israéliens sur lesquels le Conseil de Sécurité
serait appelé à se prononcer...
Fait encore bizarre: M. Annan a assuré que “les Nations-Unies
veilleraient à faire cesser les vio-lations, si elles étaient
constatées sur la ligne bleue”, alors que l’Etat hébreu a
mis vingt-deux ans pour accepter d’appliquer la 425 et il ne se serait
pas exécuté, s’il n’avait pas été contraint
à rapatrier ses troupes... |