
Actinoréticulose (manifestation photoallergique).
Le Dr Yahia Boustany, dermatologue à l’hôpital Rizk, affirme:
“Le soleil est le dénominateur commun à toutes les allergies.
A part les brûlures solaires que tout le monde connaît, à
la recherche de la beauté éphémère du bronzage,
on peut citer les allergies dues uniquement au soleil: ce sont les lucites
et le prurit solaire.
- Les lucites apparaissent sur les zones découvertes, (visage
et avant-bras), prennent l’aspect d’eczéma aigu et nécessitent
le même traitement que l’eczéma.
- Le prurit solaire est, pratiquement, la seule urgence en dermatologie,
en été: le malade ressent des brûlures et un grattage
intense qui nécessite, parfois, une corticothérapie par voie
générale. Les allergies visualisées par le soleil,
sont les photosensibilisations, allergies provoquées par des causes
externes: crèmes, produits et savons parfumés.
Les allergies dont la cause est interne, sont surtout dues à
certains médicaments photosensibilisants (qui réagissent
à la lumière et au soleil) comme la pilule contraceptive,
les hormones, les médicaments pour le cœur, les nerfs, les vaisseaux
sanguins et certains antiseptiques urinaires...

Photosensibilisation médicamenteuse.
Elles se manifestent sous forme de lucites ou de pigmentations (taches
brunes).
Ces cas peuvent être atténués par des applications
d’écrans totaux.
Les eczémas chroniques et les mycoses se manifestent, par ailleurs,
par des taches blanches qui nécessitent un traitement préalable
pour les éviter (administration d’antifongiques avant l’exposition).
Les maladies déclenchées par le soleil: il s’agit de
quelques maladies rares, comme le “lupus érythémateux” et
les porphyries (lésions bulleuses et kératosiques), au niveau
des zones exposées.
Le naevus malin (ou naevi malins). S’il n’y avait le naevus malin,
toute la dermatologie n’aurait pas de raison d’être, souligne le
Dr Boustany. C’est la maladie la plus grave de toute la médecine.
Ce sont les grains de beauté qui risquent de se transformer en cancer,
surtout en été. Tout grain de beauté qui commence
à se transformer et à prendre un autre aspect, nécessite
une consultation médicale notamment en cas de changement de couleur,
d’élargissement de la lésion, de suintement et de rougeur
au pourtour.
Un autre cancer, moins grave est le “cancer des marins”, le spino-cellulaire,
qui est une transformation maligne d’une kératose solaire (lésion
kératosique ressemblant à une verrue). Leur traitement, à
tous deux, est chirurgical et, si on s’y prend assez tôt, il n’y
a pas de risque mortel. Par contre, certaines maladies de peau sont améliorées
par le soleil comme le psoriasis, (taches rouges recouvertes de squames
abondantes et blanchâtres localisées aux coudes, aux genoux
et dans le cuir chevelu) et certaines formes d’acné.
Indépendamment du soleil, certaines maladies ne se manifestent
qu’au printemps et en été. On voit les mycoses apparaître,
après un temps d’hibernation, aux premiers jours du printemps, sous
forme de taches marron: c’est le pityriasis versicolore et des lésions
humides entre les orteils: c’est la mycose interdigitale.
Les maladies mycosiques s’accompagnent, très souvent, d’une
réaction allergique qui touche les mains et les pieds; elle est
très fréquente au Liban: c’est la dysidrose palmo-plantaire
(troubles des glandes sudoripares).
On peut éviter ces inconvénients par une hygiène
corporelle basée sur les toilettes au savon acide (traitement anti-mycosique).
Les enfants ne sont pas épargnés par les inconvénients
de l’été. Ils sont très souvent sujets aux infections
streptococciques (impetigo) qui se manifestent par des bulles suintantes
très contagieuses, contractées au bord de la mer et nécessitent,
parfois, une antibiothérapie par voie générale.
![]() |
![]() |
Certaines mycoses, aussi, communiquées surtout par les chiens
et les chats, exigent un traitement antimycosique. Elles se révèlent
sous forme de taches rouges bien dessinées et sont transmissibles
à l’homme (aux enfants surtout) par les poils de l’animal, sans
qu’il y ait de lésions préalables sur la peau de celui-ci.
L’allergie cutanée la plus commune chez les enfants à
cette époque, c’est le “prurigo”, provoqué par des piqûres
de moustiques, produisant de petites bulles et un grattage intense sur
tout le corps. Le traitement est à base d’antihistaminiques par
voie générale et de crèmes à la cortisone.
De même, le pollen en cette période de floraison et en été,
peut entraîner des eczémas et des urticaires que l’on traitera
par l’administration d’antihistaminiques. Le Dr Yahia Boustany insiste,
notamment, sur les points suivants:
- Ne pas s’exposer au soleil entre 11 et 16 heures;
- se munir de crèmes écrans totaux;
- se laver après chaque journée de plage avec un savon
acide antiseptique, se sécher soigneusement et, surtout, se convaincre
du fait qu’un bronzage qui confère une beauté éphémère,
provoque hélas! des rides indélébiles.
Après avoir passé en revue les allergies et maladies
dermatologiques, nous avons demandé au Dr Elias Asfar, allergologue
à l’hôpital Saint-Georges de Beyrouth, quelles sortes d’allergies
diagnostique-t-il le plus souvent en été?
Nous constatons, dit le Dr Asfar, dans la sphère O.R.L (Oto-rhino-laryngologie)
notamment, une recrudescence des phénomènes allergiques polliniques,
au printemps et en été. Il existe dans les pays civilisés,
des calendriers polliniques, des études statistiques des pollens
existant dans chaque région et de leur densité, mais l’Etat
chez nous n’a pas soutenu un tel projet.
Ainsi, chaque région (littoral, plaine, montagne, le Nord, le
Sud) a ses pollens plus ou moins spécifiques. (Par exemple, fréquence
dans la Békaa des allergies au pollen des céréales).
On peut, donc, être allergique aux pollens et moisissures des
graminées, aux arbres, notamment l’olivier, les platanes, les cyprès
et aux herbacées. Ces allergies se manifestent, généralement,
chez les gens prédisposés qui, d’ailleurs, savent désormais
qu’ils les font chaque année plus ou moins à la même
époque, suivant la saison des pluies. Si celle-ci a été
longue, les phénomènes pollinisants, allergisants sont reportés,
si la saison a été courte, la pollinisation survient avant,
assez tôt; les allergies aussi. Il faut savoir que, plus on monte
en altitude, plus la saison des allergies est retardée dans le temps.
Plus il y a de rochers, moins il y a de plantes, moins il y a de pollen
et donc d’allergies. Il convient donc aux allergiques d’éviter les
promenades en campagne et dans les sous-bois (pollen, humidité et
moisissures), de fermer les vitres des voitures et même les fenêtres
de leur chambre à coucher et, éventuellement, s’ils le peuvent,
de changer carrément de région pendant un certain temps.
Autrement dit, de vivre dans une bulle à cette saison.
Comment se manifestent les symptômes allergiques?
Très progressivement, répond le Dr Asfar. D’abord, par
des chatouillements dans les narines, des yeux qui larmoient, du prurit,
la gorge et les oreilles qui grattent. Ces phénomènes étant
suivis de salves d’éternuements, d’écoulement nasal (rhinorrhée)
qui finit par une congestion nasale: la muqueuse du nez est tellement agressée,
qu’elle sécrète des substances vaso-actives comme l’histamine,
la sérotonine, etc... La muqueuse va, alors, gonfler pour provoquer
un œdème et un blocage nasal. Dès lors, la personne se mettra
à respirer par la bouche d’où une agression du pharynx et
une hyperactivité laryngo-pharyngée et trachéale,
toux spasmodique et bronchospasmes (asthme saisonnier).
En Suède et dans les pays civilisés, on fait des dépistages
précoces (surtout dans les familles prédisposées)
des tests cutanés, l’examen de l’hémoglobuline E (IgE) dans
le sang... Chez nous, on ne peut que fuir les régions denses en
pollen ou s’isoler, le temps que la saison passe, dit notre allergologue.
(voir ci-après).
Ainsi, quand le patient se présente en persaison (pendant la
saison des allergies), le traitement dépend de la gravité
de l’atteinte. On administre, généralement, des corticostéroïdes,
quand l’atteinte est aiguë, pendant une courte durée (4 à
5 jours), sans aucun effet secondaire ou contre-indication; avec, bien
sûr, des antihistaminiques par voie générale (buccale)
et locale (nasale) notamment les anti-inflammatoires stéroïdiens,
pour une durée s’étendant parfois sur toute la saison. En
cas d’asthme, on ajoute des broncho-dilatateurs. Quand le patient consulte
en présaisonnier (avant la saison), deux conduites sont possibles:
1) soit que le malade présente une saison longue et, dans ce
cas, le patient peut suivre une thérapie en deux temps:
- Un traitement médical (classique) avant le début de
la saison, car plus on commence tôt (2 à 4 mois avant la saison),
moins on prend de médicaments et plus on passe le cap sans problème
notoire. Il s’agira, notamment, de la prise de petites doses d’antihistaminiques
locaux et généraux.
- Une désensibilisation spécifique: elle suppose une
période de gêne longue et un diagnostic préalable du
pollen responsable de l’allergie, soit par un test cutané dit en
“prick” (on pique la peau ce qui provoque une petite rougeur autour de
l’endroit piqué quand on est allergique à la substance inoculée),
soit par un test intradermique de plus en plus délaissé au
profit du “prick”.
Cependant, quand il existe des empêchements cutanés (eczéma,
dermographisme - peau qui rougit au toucher - ou autre maladie de peau),
ou quand le patient est déjà sous antihistaminiques, on fait
des examens sanguins et des dosages des immunoglobulines E spécifiques
qui révèlent la substance à laquelle le corps réagit.
Une fois le diagnostic établi, on commande un vaccin spécial
pour chaque cas auprès d’un laboratoire européen et on le
fait entre 2 et 4 mois avant la saison. Ce traitement doit être suivi
entre 3 et 5 ans.
2) Si la période d’allergie est courte, on se contente d’un
traitement médical classique.
Soulignons que le rhume des foins est propre aux adultes et aux adolescents;
il n’atteint que très rarement les enfants âgés de
moins de 8 ou 9 ans.
Ainsi, les allergies respiratoires sont très courantes et particulièrement
gênantes.
Mais il en existe d’autres, comme les allergies alimentaires. Celles-ci
sont provoquées par certains aliments ou fruits allergisants (passent
par le système immunitaire) ou histamino-libérateurs. Il
s’agit, notamment, de la fraise, de la pêche, des amandes vertes
en raison du duvet qui recouvre les derniers, du lait, des œufs, du poisson
(dont l’allergie peut être mortelle)... Ces allergies peuvent être
cutanées, provoquer des urticaires ou des œdèmes de la peau,
des lèvres, des yeux et parfois dans les cas aigus, des œdèmes
de la glotte et même une suffocation. De même en été,
les piqûres de moustiques sont fréquentes (voir interview
Dr Boustany), celles des guêpes et des abeilles aussi. Prendre garde
aux chenilles processionnaires se déplaçant les unes à
la suite des autres, elles élisent domicile dans les pins provoquant,
à distance parfois, crises d’asthme et d’urticaire. Les conjonctivites,
aussi, atteignent notamment les porteurs de lentilles de contacts sensibles
au soleil et au pollen en été; elles peuvent dégénérer
en infection si elles ne sont pas traitées. Tous ces inconvénients
surviennent en été, souvent lorsqu’on est en vacances, en
montagne ou au bord de la mer, parfois, loin de tout médecin ou
hôpital. Alors que faire en attendant de consulter un spécialiste?
Le Dr Asfar conseille d’avoir toujours sous la main une trousse d’urgence
contenant des antihistaminiques en sirop, comprimés ou injectables,
des anti-inflammatoires stéroïdiens (cortisone) injectables
ou par voie buccale, de l’adrénaline à injecter en sous-cutané,
qui peut sauver une vie dans les cas extrêmes, et un spray vasodilatateur
(en cas d’asthme), en attendant de voir d’urgence un médecin.
Enfin, notons, de l’avis du Dr Asfar, que les allergies, quelles qu’elles
soient, ne doivent pas être négligées. Elles nécessitent
un traitement et un suivi sérieux, sinon, elles s’étendraient
à de nouveaux allergisants et empireraient, dégénérant
parfois pour devenir handicapantes.