![]() |
![]() minutieux et des rapports détaillés. |
Dans le cadre de sa tournée au Proche-Orient, le secrétaire
général de l’ONU a effectué une visite de 24 heures
à Beyrouth, au cours de laquelle il s’est entretenu avec les responsables
libanais, effectué une visite au quartier général
de la FINUL à Naqoura et rencontré, juste avant son départ
de l’AIB, cheikh Hassan Nasrallah, secrétaire général
du “Hezbollah”.
M. Annan ne voulait pas venir au Liban les mains vides. C’est ce qui
explique les pressions exercées, au cours du dernier week-end sur
le Conseil de Sécurité pour qu’il approuve la déclaration
faite par le secrétaire général de l’ONU concernant
le retrait israélien du Liban-Sud en vertu de la 425.
Dans une conférence de presse tenue à New York, M. Annan
a affirmé: “Je suis heureux de vous annoncer que la Force intérimaire
des Nations Unies au Liban m’a rapporté aujourd’hui (le vendredi
16 juin) qu’Israël s’est retiré du Liban, en pleine conformité
avec la résolution 425 du Conseil de Sécurité.
“Le peuple libanais a attendu ce moment, durant vingt-deux ans. Nous
devons tous admirer sa persévérance dans cette longue épreuve.
“C’est un jour heureux pour le Liban mais, aussi, pour Israël.
C’est un jour d’espoir pour le Proche-Orient dans son ensemble et
un jour de fierté pour les Nations Unies”.
AU CONSEIL DE SÉCURITÉ
La confirmation par le Conseil de Sécurité de la déclaration
de M. Annan ne fut pas de tout repos. Il a fallu 48 heures de contacts,
de tractations fébriles et plus de quinze heures de concertations
au plus haut niveau diplomatique, pour aboutir à une formule de
compromis, surtout que la Russie refusait de donner son feu vert
“à toute déclaration qui ne serait pas agréée
par Beyrouth”.
Pour sa part, le Liban continuait à rejeter l’idée d’une
ligne fictive de retrait, tracée par l’ONU et appelée “ligne
bleue”, réclamant un retrait conforme au tracé des frontières
tel qu’établi en 1923. Il affirmait, aussi, preuves cartographiques
à l’appui, qu’il y avait toujours des empiètements et des
violations israéliens en divers points de la frontière internationale
qu’il fallait régler pour que le retrait soit complet.
Un long entretien téléphonique dans la nuit du samedi
17 au dimanche 18 juin, entre Mme Madeleine Albright, secrétaire
d’Etat américain et le président Emile Lahoud, n’avait pas
réussi à fléchir la position de Beyrouth.
De son côté, M. Annan menaçait d’annuler ses entretiens
avec les dirigeants libanais si le Conseil de Sécurité n’adoptait
pas son rapport.
Tard dans la nuit du dimanche 19, le Conseil de Sécurité
approuvait la déclaration du secrétaire général
certifiant le retrait d’Israël du Sud. Il ajoutait, toutefois, dans
la déclaration finale que “le Conseil prenait note avec inquiétude
d’informations faisant état de violations du tracé de la
frontière, qui se sont produites depuis le 16 juin 2000”, date de
la confirmation du retrait israélien par M. Annan. Le Conseil de
Sécurité invitait de même “l’Etat libanais à
déployer l’armée avec l’aide de la FINUL”.
![]() |
![]() |
RENCONTRE AVEC LES OFFICIELS
Au palais présidentiel de Baabda, M. Annan s’est entretenu avec
le président Emile Lahoud, en présence du Premier ministre,
M. Salim Hoss.
En dépit des divergences entre Beyrouth et le secrétaire
général de l’ONU, la rencontre a été qualifiée
de positive. M. Annan a, enfin, prêté une oreille attentive
aux objections libanaises relatives aux empiètements et violations
de la frontière par Israël et s’engageait à les faire
cesser.
De leur côté, les responsables libanais ont réitéré
“leur détermination à coopérer avec l’ONU”, tout en
relevant que les empiètements israéliens constituent “une
atteinte à l’intégrité territoriale du Liban et à
sa souveraineté”.
Dans un communiqué publié à l’issue de cette rencontre,
la présidence de la République a insisté sur le fait
que “l’élimination de ces empiètements était une étape
nécessaire avant tout changement au déploiement actuel de
la FINUL dans les régions libérées”.
Au cours de sa rencontre avec le chef du Législatif, M. Nabih
Berri, le secrétaire général de l’ONU a indiqué
qu’il “prenait très au sérieux les violations constatées
à la frontière”, ajoutant qu’il avait demandé à
la FINUL “de s’assurer de chaque empiètement et de lui adresser
ses rapports à New York”.
M. Berri a, pour sa part, mis l’accent sur la solidité des relations
entre le Liban et l’organisation internationale, tout en affirmant devant
Kofi Annan qu’il ne partageait pas son point de vue concernant le dossier
des “hameaux de Chébaa” ou la “ligne bleue” de retrait définie
par l’ONU, parce qu’elle ne représente pas le tracé frontalier.
SATISFACTION DU RÔLE DES CASQUES BLEUS
A Naqoura, quartier général de la FINUL, M. Annan a rencontré
le chef de la Force intérimaire des N.U. au Liban, le général
ghanéen Seth Kofi Obeng et déclaré au terme de sa
visite: “La première phase du renforcement de la FINUL est déjà
en cours et je compte que mille soldats supplémentaires fournis
par les contributeurs actuels, ainsi que par l’Ukraine et la Suède,
se joindront à vous le mois prochain”.
La FINUL compte, aujourd’hui, 4.500 soldats appartenant à neuf
pays différents: La France, l’Italie, l’Irlande, la Finlande, la
Pologne, les îles Fidji, le Ghana, l’Inde et le Népal.
Déployée au Sud depuis vingt-deux ans, cette force a
été chargée après le 25 mai, de délimiter
la “ligne bleue” confirmant le retrait israélien. Actuellement,
à la demande du Liban, les Casques Bleus vérifient les éventuelles
violations de la ligne de retrait par les Israéliens.
M. Annan a achevé sa visite au Liban par une rencontre assez
surprenante, avec le leader du “Hezbollah”, cheikh Hassan Nasrallah, dans
son quartier général situé dans la banlieue - Sud
de Beyrouth.
Pourquoi donc cette “faveur” accordée au “parti de Dieu”, alors
que Annan avait limité ses rencontres aux seuls hauts responsables
libanais? Au lendemain du retrait de “Tsahal” de l’ex-zone de sécurité,
le secrétaire général de l’ONU avait estimé
que “le “Hezbollah” avait un rôle à jouer pour maintenir le
calme et la paix au Liban-Sud”. Il a donc évoqué cette question
avec Nasrallah, ainsi que la situation socio-économique au Sud et
la question des détenus libanais dans les prisons israéliennes
dont le “Hezbollah” réclame avec insistance la libération.
Pour l’ONU, en fait, il est essentiel que le calme soit maintenu au
Sud et tout au long de la ligne frontalière entre le Liban et Israël
pour éviter tout dérapage de part et d’autre.
![]() |
![]() |
ANNAN SATISFAIT DE SA VISITE
En quittant Beyrouth pour Amman, M. Annan devait affirmer qu’il a eu
“des entretiens très fructueux” au Liban, avant d’ajouter: “J’ai
eu la chance de discuter, avec les responsables, des plans se rapportant
au développement économique et social du Sud. Le programme
des Nations Unies pour le développement et la Banque Mondiale vont
œuvrer avec le gouvernement libanais pour mettre au point ce que nous avions
déjà annoncé il y a quelque temps, à savoir:
une réunion internationale des pays donateurs prêts à
aider au développement économique et social du Sud”.
Il a de même affirmé qu’il soulèvera en Israël,
autre étape de son périple, la question des violations à
la frontière qui préoccupe, sérieusement, le Conseil
de Sécurité. Il a appelé les deux parties à
la retenue et conclu en expliquant, une fois de plus, les raisons ayant
amené le Conseil de Sécurité à “certifier le
retrait”. “Car, précise-t-il, les trois conditions requises ont
été remplies, notamment le retrait de l’armée israélienne,
le démantèlement de l’ALS et la libération des prisonniers
de Khiyam”.
De même, il a exprimé sa pleine satisfaction du rôle
joué par la FINUL “qui, dit-il, poursuivra son travail et maintiendra
la coopération avec le gouvernement libanais, afin qu’il élargisse
son autorité au Sud et affirme sa pleine souveraineté dans
cette zone”.
UN LONG PÉRIPLE RÉGIONAL
Dimanche 18 juin, le secrétaire général de l’ONU
avait entamé un périple de plusieurs jours dont Téhéran
a été la première étape. Les entretiens qu’il
a eus avec les dirigeants iraniens, avaient pour but essentiel de s’assurer
du soutien de l’Iran pour la paix au Liban, vu son influence sur le “Hezbollah”.
C’est ce qui explique, sans doute, la rencontre, par la suite, à
Beyrouth, de M. Annan avec cheikh Hassan Nasrallah, d’autant plus que le
guide de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei s’est
félicité du rôle de l’ONU et de M. Annan lui-même
lors du retrait de “Tsahal”, tout en disant que ce retrait n’était
pas fini, vu les empiètements israéliens tout au long de
la frontière, l’affaire des fermes de Chébaa et la question
des prisonniers détenus en Israël.
Quoi qu’il en soit, les entretiens ont permis d’entrevoir une évolution
de la politique iranienne au Proche-Orient qui évoque, désormais,
une possible “solution”, dans laquelle les droits des Palestiniens seraient
respectés alors que, jusqu’ici, Téhéran refusait de
reconnaître Israël et s’opposait au processus de paix.
L’Egypte a été la deuxième étape de la
visite de M. Annan dans la région et les entretiens avec le président
Moubarak ont porté sur le retrait de “Tsahal” du Liban et le processus
de paix.
Après Beyrouth, le secrétaire général de
l’ONU s’est rendu à Amman; puis, en Israël, autre étape
importante puisqu’elle visait à mettre au clair tout malentendu
concernant la confirmation du retrait israélien du Liban-Sud et
à soulever la question des violations à la frontière.
Avant même l’arrivée de M. Annan à Tel-Aviv, David
Lévy, ministre israélien des A.E., avait donné le
ton en déclarant: “Israël fera tout ce qu’il faut pour renforcer
sa collaboration avec les Nations Unies.”