Saturnale


Par MARY  YAZBECK AZOURY

 
HONNEUR AUX PÈRES!
C’est en juin, souvenez-vous, qu’on célèbre la “fête des pères”.
Mon père quand j’avais:
4 ans:
- Mon papa peut faire n’importe quoi.
5 ans:
- Mon papa connaît beaucoup de choses.
6 ans:
- Mon papa est plus intelligent que le tien!
8 ans:
- Mon papa ne sait pas précisément tout.
10 ans:
- Dans le passé, quand mon papa était jeune, les choses étaient forcément différentes.
12 ans:
- Oh! bien sûr, mon père ne sait rien à ce sujet. Il est trop âgé pour se souvenir de son enfance et de son adolescence.
14 ans:
- Ne prêtez aucune attention à mon père. Il est si vieux jeu!
21 ans:
- Lui? Il est désespérément désuet!
25 ans:
- Papa s’y connaît à ce sujet. Evidemment, puisqu’il vit depuis si longtemps.
30 ans:
- Peut-être devrions-nous consulter papa. Après tout, il a une telle expérience de la vie.
35 ans:
- Je ne vais rien faire avant d’en avoir discuté avec papa.
40 ans:
- Je me demande comment papa se serait tiré d’une telle situation. Il était si sage, tellement expérimenté et compétent.
50 ans:
- Je donnerais tout au monde pour que papa soit là maintenant et que je puisse parler de cette histoire avec lui. C’est malheureux que je n’ai pas su l’apprécier à sa juste valeur.
Il aurait pu m’apprendre tant de choses.
Conclusion?
- Mon père savait le mieux.

MORT ET SUPERSTITION
Les pays arabes n’ont pas de fantômes à l’image de ceux qui hantent les îles britanniques.
Mais faute d’avoir des fantômes, ils ont une peur bleue des morts. Ils leur imputent des pouvoirs extraordinaires et les parent de toutes les vertus qu’ils ne possédaient pas de leur vivant. Il suffit de consulter les médias pour constater que telle personne morte, devenait le lendemain de sa disparition un héros pleuré et incontesté, alors que quelques jours auparavant on le traitait de tous les noms.
Cela ne relève pas du respect qu’on doit aux morts,  car la mort n’est pas une excuse ou alors dans ce cas, il faudrait réhabiliter Lenine, Staline, Hitler pour ne citer que quelques-uns.
C’est la frousse qui fait agir ainsi les politiciens et, souvent, les journalistes. Pour éloigner le mauvais sort, on se met en chœur à chanter les qualités d’un disparu qu’on haïssait la veille, selon une superstition qui veut que le mort reviendra hanter le vivant qui dit du mal de lui.
Une superstition et une crainte réelle.
Alors comme ces regrets sont plus qu’artificiels, on pousse les jérémiades de Jérémie, on sanglote plus qu’au mur des lamentations à qui va surenchérir en pleurs et en larmes.
Tout est hypocrisie! La peur des fantômes.
Et si l’on imitait les Britanniques qui n’hésitent pas, dans leurs annonces dans les grands journaux londoniens, à publier des offres de vente ou de location de châteaux ou demeures “with resident ghost”, avec fantôme en résidence, ce qui est de toute évidence un élément de plus-value?
Ce sera peut-être un bon stimulant pour le tourisme libanais en plein marasme...

***

PLUS JE LES ENTENDS, PLUS JE LES VOIS, MOINS JE LES AIME...
Moins je les aime, moins j’aime entendre leurs voix. Ils disent des mots, toujours des mots qui sont les mêmes...
Il s’agit de nos édiles!
J’avoue, humblement, que je ne comprends rien aux déclarations et contre-déclarations des hommes politiques libanais. Plus ils louent la transparence, plus l’opacité de leurs discours me désarçonne!
Peut-être suis-je déphasée, peut-être la science politique qu’on m’a apprise est-elle différente de celle d’aujourd’hui?
Pourtant, je comprends parfaitement les discours des hommes politiques étrangers. Je “pige” leurs programmes, je suis le cheminement de leurs raisonnements, je ne me sens plus aussi abrutie que quand j’essaie de comprendre les diatribes de nos politiciens.
Dernier en date: celui infligé par notre brillant ministre des Télécommunications. J’avoue n’avoir rien compris aux problèmes posés par le téléphone mobile... à moins que je n’ai trop bien compris, ce que je ne me permettrai pas d’expliquer.
Idem pour la question de l’électricité. Si on revenait à Sacha Guitry:
“Aimez les choses à double sens, mais assurez-vous bien, d’abord, qu’elles ont un sens. Souvenez-vous qu’on peut être hermétique et ne rien renfermer. N’oubliez pas que hermétique ça veut dire, également, bouché. Et quand une phrase ténébreuse alambiquée, vous donne le vertige, souvenez-vous que ce qui donne encore plus le vertige, c’est le vide”.

***

MUSIQUE CLASSIQUE NE VEUT PAS DIRE MUSIQUE TRISTE
La semaine passée a été riche en programmes musicaux. Si certaines chaînes de TV et quelques stations de radio ont opté pour les prières, les nouvelles et quelques chants funèbres d’autres, par contre, n’y ont pas été de main morte.
Citons, en exemple, le programme d’une radio locale qui a diffusé le dimanche 11 juin 2000, tout l’après-midi, le répertoire d’opéra italien le plus gai, le plus agréable. Il y a eu les airs fameux de “Carmen”: “L’amour est enfant de Bohême”; puis, celui du “Toréador”; ensuite, des extraits de la “Traviata” (la valse ou le Brindisi); le tout couronné par “O Sole Mio...”.
Etait-ce hasard, ignorance ou clin d’œil ironique?
Le fait est qu’au Liban, dès qu’on programme de la musique qui ne soit pas des chansons modernes, du rock, ou de danses, on s’imagine que c’est de la musique de circonstance.
A ne pas oublier, lors du décès d’un homme politique libanais, il y a quelques trois ou quatre ans, on avait eu droit à un enregistrement de Von Karajan dirigeant l’Orchestre symphonique de Berlin dans la IXème Symphonie de Beethoven avec l’Ode à la Joie.
Pourtant, nous avons des musicologues et des musiciens, qui pourraient fort bien préparer des cassettes-vidéos, pour les présenter selon les circonstances.


Home
Home