BACHAR ASSAD SERA PLÉBISCITÉ LE 10 JUILLET
LA TRANSITION DANS SA PHASE FINALE

Les 250 députés du Conseil du Peuple (parlement syrien) ont acclamé et ovationné Bachar Assad en scandant: “Par notre sang, par notre âme, nous nous sacrifierons pour toi, ô Bachar”, approuvant, à l’unanimité, sa candidature à la présidence de la République.
Reste au peuple à consacrer cette procédure de pure forme. Ce sera chose faite lors du plébiscite fixé au 10 juillet, moins de quarante jours après le décès de Hafez Assad. A 34 ans, celui qu’on surnomme déjà le “lionceau”, en référence à son père (Assad veut dire lion), s’apprête à devenir le seizième président de la République arabe syrienne.
 
Vote unanime et ovation debout pour Bachar Assad.
MM. Bachar Assad et Abdel-Kader Kaddourah.

Au parlement, réuni en séance plénière pour approuver à mains levées sa candidature. Aurait-on pu imaginer, par le passé, les députés syriens s’exprimant en si grand nombre? La loi du silence était plutôt la règle d’or.
Plus de deux cents membres de l’Assemblée ont pris la parole, au point que le président du parlement Abdel-Kader Kaddourah a dû rappeler à ses collègues que, “si la parole est d’argent, le silence est d’or”, avant de rappeler le dicton arabe: “Les meilleures paroles sont les plus courtes”. Vu le nombre élevé d’orateurs, le vote, initialement prévu pour le lundi 26, a dû être retardé de 24 heures.
Dans leur intervention, tous les parlementaires ont rendu hommage au “grand disparu” et apporté leur plein appui au Dr Bachar. Lorsque le premier orateur a eu la malencontreuse idée de vouloir jouer au démocrate, en relevant un vice de forme dans l’abaissement de l’âge minimal (à 34 ans), pour accéder à la présidence, il fut assailli par de vives protestations de la part de ses collègues au point d’être contraint à s’excuser.
Dès la séance d’ouverture de la session parlementaire, un comité ad hoc de soixante-dix membres avait été formé, afin d’approuver la candidature du Dr Bachar présenté par le parti Baas. Et c’est par un vote unanime à mains levées, que l’Assemblée a acclamé le général Bachar Assad.
Cette procédure était de pure forme. Car déjà quelques heures après la mort de son père, le jeune médecin ophtalmologue était déjà nommé commandant en chef des forces armées. Un poste clé dans un pays où les militaires jouent un rôle politique de premier plan.
Le jour des funérailles, le peuple, aussi, avait déjà plébiscité le “dauphin” et toutes les autres procédures n’ont fait qu’entériner des décisions prises au préalable en haut lieu, en vue “d’assurer le changement, la continuité”.
Et lors du vote, la foule massée devant le parlement clamait: “Nous te voulons, ô Bachar”.
Dans le climat de changement qui souffle sur la Syrie, “le mouvement des frères musulmans”, interdit depuis le milieu des années 80, a appelé le nouveau pouvoir à Damas à saisir “la chance historique” de tourner la page, en respectant “les droits de l’homme” et “le pluralisme politique”. “Nous soutiendrons toute mesure en ce sens, en considération des intérêts supérieurs du pays”, déclare Ali Sadreddine al-Bayayouni, chef du mouvement islamiste sunnite.
Sur un tout autre plan, une première ébauche de libéralisation économique vient de pointer: les banques étrangères ont été autorisées à opérer dans les zones franches, un premier signe d’ouverture depuis la nationalisation des banques en 1963.
Il faut dire que, depuis la formation du gouvernement Miro en mars dernier, la Syrie multiplie les mesures légales et fiscales pour attirer les investissements privés.
Le ministère du Tourisme vient d’annoncer que les projets touristiques du secteur privé seraient approuvés dans un délai maximum de quinze jours, alors qu’une telle décision nécessitait auparavant plusieurs mois. La Banque mondiale et la Société financière internationale (SFI, filiale de la BM, chargée du soutien au secteur privé), se sont, pour leur part, déclarées disposées à fournir des études de conseil sur tous les aspects visant à soutenir les investissements en Syrie. D’après le quotidien officiel “Techrine”, Damas a accueilli, favorablement, cette proposition qui répond aux ambitions du futur chef d’Etat: moderniser le pays, réformer ses structures et l’engager sur la voie du libéralisme économique.

PAR NELLY HÉLOU

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