RECEVANT KARAM ET LE CONSEIL DE L’ORDRE DES JOURNALISTES
BERRI: “LE DÉPLOIEMENT DE L’ARMÉE AU SUD EST UNE QUESTION DE JOURS”

"La libération est l’œuvre de tous les Libanais, sans exception”, a déclaré le président Nabih Berri en recevant M. Melhem Karam à la tête du conseil de l’Ordre des journalistes, avant de se demander pourquoi le gouvernement  n’a pas encore proclamé le Sud en tant que zone sinistrée.


Le président Nabih Berri et M. Melhem Karam au cours de la rencontre.

Le chef du Législatif a révélé un échange de blâme entre M. Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU et lui-même. “Je suis contre la position des Nations Unies en ce qui concerne les fermes de Chébaa”, affirmant que celles-ci sont aussi libanaises que la capitale, Beyrouth.
M. Berri a dit encore que l’Etat hébreu a tenté de créer une “ligne bleue” qui est, en fait, fictive; ils ont tenté de l’utiliser comme un cheval de Troie pour induire les Nations Unies en erreur.
Il a révélé qu’au cours d’une rencontre intervenue depuis quatre mois avec cheikh Hassan Nasrallah, ils s’étaient entendus en vue d’une alliance différente de celle de 92 et 96, en ce sens qu’elle soit plus sérieuse et moins  vulnérable.
Le président de la Chambre s’est prononcé, d’autre part, en faveur de la constitution d’un Cabinet d’union nationale représentatif de toutes les fractions nationales et dont le “Hezbollah” ferait partie.
Le président de l’Assemblée nationale soutient, d’autre part, que “la victoire à elle seule ne suffit pas. Mahomet l’appelait le petit jihad”, le grand consistant pour l’homme à l’emporter sur lui-même.
“Comment donc fructifier cette victoire?”, se demande le président Berri. Les Libanais peuvent y parvenir en consolidant l’unité et l’entente nationales, après que le facteur israélien ait été coupé définitivement, à mon avis, du Liban.
“Les Arabes peuvent réaliser la victoire en prenant comme modèle et exemple ce qui s’est passé au Sud libanais, alors qu’Israël franchit chaque jour un espace arabe.
“La victoire, reprend M. Berri, est l’œuvre des Libanais. Mais cela ne signifie pas que nous n’avons reçu l’aide de personne... Je me demande pourquoi le gouvernement n’a pas encore proclamé le Sud région sinistrée”.
Faisant allusion à la visite qu’une délégation de journalistes algériens a effectuées la semaine dernière en Israël, le président Berri poursuit: “Nous saluons la Presse libanaise, car elle est l’une des étoiles les plus importantes de la Résistance ayant lui dans le firmament.
“Pour être vraiment à la hauteur de la victoire, nous devons parachever notre mission en ce qui concerne, justement, la victoire sur nous-mêmes. Ceci s’est réalisé pour la première fois depuis 1948, car depuis le retrait aucun crime n’a été perpétré, on n’a eu à déplorer aucun blessé ni une insulte ou une humiliation qu’un citoyen ait subies dans les régions libérées”.
Puis, revenant aux causes ayant favorisé l’occupation de certaines portions de notre territoire, le président de la Chambre observe qu’elle a eu lieu, parce que nous ne distinguions pas l’ami de l’ennemi. Nous igniorions si la Syrie était notre amie ou Israël notre ennemi. Parmi les autres causes, il faut mentionner l’oppression, les privations et les frustrations, dont pâtissait le fils du Sud. Il s’interroge, en conséquence, si le Sud et avec lui Baalbeck, le Hermel, le jurd de Jbeil seront négligés comme ils l’ont été jusqu’aujourd’hui.
Des faits invraisemblables ont été révélés après la libération, notamment que l’eau avait disparu dans certaines localités en raison des bombardements: 75 pour cent des eaux de Nabeh el-Tassé ont disparu. Tout le Liban doit profiter de la victoire, en jouissant des biens dont ses habitants n’ont pu profiter jusqu’ici.
Invité à parler de sa rencontre avec le secrétaire général de l’ONU, le président Berri a dit qu’il appréhendait les machinations d’Israël qui manœuvre aux fins de nous brouiller avec les Nations Unies... L’Etat hébreu a essayé de faire croire que le Liban était opposé aux Nations Unies. J’ai réfuté cette allégation, tout en précisant que nous ne sommes pas d’accord avec l’organisation internationale sur toute la ligne.
Israël a voulu s’assurer une couverture internationale pour faire perpétuer ses agressions telle celle que ses soldats ont perpétrée contre une délégation des Ordres des professions libérales jordaniennes à la frontière.
J’ai dit à M. Kofi Annan que je ne partageais pas la position de l’ONU envers les fermes de Chébaa, en affirmant que si ces dernières n’étaient pas libanaises, la capitale Beyrouth, ne l’était pas non plus. Par la suite, le climat s’est rasséréné dans nos rapports avec M. Annan.
J’ai demandé au secrétaire général ce qu’il comptait faire si Israël refusait de mettre un terme à ses empiètements, il a répondu: Je demanderai au Conseil de Sécurité de siéger pour statuer sur la question.
“Je viens d’apprendre que le Conseil de Sécurité a reconnu l’existence de cinq des quatorze violations israéliennes et ceci prouve la justesse de l’action que nous entreprenons au niveau international pour défendre nos droits et notre juste cause. Il nous faut gagner par la politique et non la guerre.
La libération du Sud n’est pas la paix, d’autant que certaines portions de notre terre demeurent occupées et que le problème des réfugiés palestiniens n’a pas été résolu. C’est pourquoi nous devons rester vigilants et solidaires. Quant au tracé frontalier, c’est celui déterminé par un accord international en 1923 et confirmé par la convention d’armistice de 1949.
M. Berri fait état, ensuite, de l’alliance conclue entre “Amal” et le “Hezbollah”, affirmant qu’elle avait été décidée quatre mois avant le retrait israélien, au cours d’une rencontre avec cheikh Hassan Nasrallah, cette alliance étant différente de celle de 1992 et 96, en ce sens qu’elle est plus sérieuse et moins vulnérable. Elle ne se limite pas à Beyrouth et à la banlieue-sud, mais s’étend à tout le Liban.
En réponse à une question, M. Berri soutient qu’une éventuelle alliance qu’il signerait avec le président Hariri à Beyrouth ou ailleurs, ne serait pas en contradiction avec son alliance avec le “Hezbollah”.
Interrogé sur la véracité d’une nouvelle diffusée par “Human Right Watch” selon laquelle des éléments se réclamant de partis déterminés auraient procédé à des arrestations au Liban-Sud, M. Berri a répondu: “Si cette nouvelle était exacte, je dénoncerais cette manière d’agir et j’inviterais l’Etat libanais à prendre en charge le maintien de la sécurité. Car une telle action constitue une grave erreur, quelle que soit la partie qui l’aurait commanditée.
Du déploiement de l’Armée au Sud, le chef du Législatif assure qu’il interviendra incessamment; c’est une question de jours et dès que les experts de l’ONU auront vérifié le retrait total des Israéliens de notre territoire.
Par ailleurs, il s’est prononcé en faveur d’un Cabinet d’entente nationale qui serait formé après les prochaines législatives et serait représentatif de toutes les forces politiques opérant sur la scène libanaise.
Des élections générales, il a dit: Il m’importe qu’elles soient libres et régulières afin de faire accéder au parlement des éléments vraiment représentatifs.


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