DÉPUTÉ DE BAABDA DR PIERRE DACCACHE:
“JE SUIS LOYALISTE POUR LA PREMIÈRE FOIS DANS MA VIE POLITIQUE”

"Je me range du côté des loyalistes pour la première fois dans ma vie politique”, confie le Dr Pierre Daccache, député de Baabda qui condamne la politique suivie par les précédents gouvernements.
“Pour avoir opté en faveur de l’endettement sans planification, ces derniers ont obligé l’Etat à suivre une politique d’austérité et à se serrer la ceinture. Et c’est le peuple qui en pâtit. Aussi, pour mettre un terme à ses épreuves, faut-il former un Cabinet d’union représentatif de toutes les forces évoluant sur la scène nationale.
 

Réfutant les rumeurs selon lesquelles il serait perplexe, ne sachant avec quelle partie s’allier en prévision des prochaines  législatives, le Dr Daccache assure ne faire face à aucune difficulté dans ce domaine. “Je suis de nature optimiste et je parviens toujours à trouver une solution à tous les problèmes auxquels je suis confronté.
Il est vrai que maintes alternatives se présentent  à moi au plan électoral, comme c’est toujours le cas dans un pays vivant en régime démocratique. Les élections sont une échéance importante que les Libanais attendent avec impatience, car elle leur permet de faire de nouveaux choix susceptibles de permettre la transposition du pays à une situation meilleure. Il s’agit donc pour chacun de faire le bon choix répondant à ses idées et à ses convictions.

On dit qu’en ce qui vous concerne, en même temps que les autres candidats de votre circonscription, la difficulté réside dans le fait pour le “Hezbollah” de s’être désolidarisé du parti socialiste progressiste (de M. Walid Joumblatt).
Contrairement à ce que certains milieux propagent à des fins connues de tous, il n’existe pas de crise jusqu’à présent.
Cependant, avant de répondre à votre question, je voudrais féliciter le “parti de Dieu” et le peuple libanais pour avoir consenti tant de sacrifices ayant valu à notre pays la récupération des portions du territoire national qu’Israël occupait depuis vingt-deux ans.
Ainsi, ils ont préservé la dignité, non seulement du Liban, mais de la nation arabe tout entière.

ÉTAPE D’EXPECTATIVE
Cela dit, nous nous trouvons dans une étape  d’expectative au terme de laquelle les positions finiront par se clarifier. Ce qui retarde, à mon avis, la formation des listes, c’est le retrait israélien qui a détourné l’attention des citoyens des législatives et de la campagne électorale.
Puis, le décès du président Hafez Assad a relégué au second plan tous les problèmes, quelle qu’en soit la nature.
A présent, l’opinion publique se concentre de nouveau sur les élections générales. Je crois que les positions commencent à se décanter et chaque candidat aura la possibilité de juger de la conduite à suivre et de faire son choix par rapport à ses colistiers.
Cependant, j’estime prématuré de définir ma position envers les parties en lice, toutes ayant pour objectif de servir la patrie, chacune selon sa conception personnelle et son appréciation des moyens à utiliser.

Quelle est votre position envers le régime?
Pour la première fois dans ma vie politique, j’ai rallié le rang des loyalistes pour maintes raisons: d’abord, j’ai pleine confiance en la personne du chef de l’Etat qui s’est présenté, à juste titre, comme le modèle et l’exemple.
Ensuite, j’estime qu’aucune autre personne ne peut donner à l’Armée davantage que ce qu’il a fait pour la réunifier et la restructurer.
Enfin, depuis l’avènement de l’indépendance, aucun président de la République n’a été élu avec unanimité par l’Assemblée nationale, celle-ci s’étant rangée à l’avis de la majorité écrasante du peuple libanais.

OÙ TROUVER LES FONDS?
Après la libération, le besoin se fait plus pressant d’assurer des fonds pour le bien-être social. Où trouver des crédits nécessaires?
L’endettement et l’aisance en l’absence d’une orientation et d’une planification durant les Cabinets précédents, nous ont obligés à adopter une politique d’austérité. Cependant, la limitation des dépenses n’est pas la solution suffisante, puisque les problèmes socio-économiques persistent. La solution consiste, d’abord, à former un gouvernement d’entente nationale, afin d’encourager l’investissement local et étranger.
En deuxième lieu, la politique d’austérité doit être appliquée à travers une étude scientifique consciente et non au moyen de taxes anarchiques épuisant le citoyen et accentuant la disparité des classes sociales. Lorsqu’un Cabinet d’entente nationale représentera le peuple libanais, nous pourrons appeler les citoyens à pratiquer l’austérité et inviterons les émigrés à retourner au pays. D’ailleurs, nous ne manquons pas d’experts en politique et économie pour élaborer un plan économique efficace.
J’espère qu’un tel gouvernement sera constitué après les législatives. J’appelle à une Assemblée parlementaire représentative, abstraction faite de la constitution des listes et des tractations.

QUID DE LA PRÉSENCE MILITAIRE SYRIENNE?
Ces derniers temps, des voix appellent au retrait syrien du Liban. Qu’en pensez-vous?
S’il existait un gouvernement d’entente nationale, personne n’aurait appelé au retrait syrien du Liban. Je rappelle ce qu’a précisé le président Lahoud: “La présence syrienne au Liban est légale et provisoire.” Si nous traitions cette question avec un esprit positif et réaliste, tout irait pour le mieux. Israël est un ennemi et la Syrie une sœur et une alliée. Nos relations avec elle doivent se baser sur le respect mutuel.

Israël continue à tergiverser. Que vise-t-il en maintenant encore sous son occupation certaines portions de notre territoire?
Israël tergiverse en vue d’obtenir des concessions et de sauver sa face après sa défaite au Liban. L’Etat libanais et la Résistance ont bien fait de déclarer que la 425 n’a pas été appliquée tant qu’Israël ne s’est pas retiré de tout le territoire national. Face aux tergiversations de l’ennemi, il est normal pour nous de former un front uni pour la défense de notre terre et de nos droits.

La question du retrait israélien est-elle terminée ou aura-t-elle des séquelles?
Nous devons être prudents et rester sur le qui-vive, afin d’affronter tout imprévu. Ceci ne se fait qu’avec l’unité des positions et la solidarité entre le Pouvoir, l’armée, le peuple et la Résistance. Nous devons tous être des résistants, afin de libérer totalement notre pays.

Propos recueillis par
BARI’A EL-FAKIH

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