L’ÉTAT PALESTINIEN SERAIT ANNONCÉ LE 13 SEPTEMBRE
PROVOCATION OU COUP DE  POKER?

L’atmosphère est-elle désormais à la confrontation entre Israël et les Palestiniens, suite à la décision du CNP de proclamer, unilatéralement, un Etat palestinien en date du 13 septembre?
En tout cas, la tension est vive et le Premier ministre Ehud Barak a mis en garde contre une escalade qui pourrait déclencher une crise majeure. Il a même menacé d’annexer tous les territoires encore occupés par Israël en Cisjordanie, si les Palestiniens persistent dans leur attitude.
Affrontements entre Palestiniens et 
Israéliens. Vers une nouvelle intifada?
Le Conseil central de l’OLP adopte 
une décision historique.

La partie de bras de fer qui se joue à l’heure actuelle, entre Israéliens et Palestiniens sera, sans nul doute, déterminante pour l’avenir du processus de paix au Proche-Orient. Elle constitue un sujet de préoccupation majeure pour le parrain américain et tous ceux qui y sont concernés au double niveau européen et arabe.
En annonçant, publiquement, la proclamation d’un Etat indépendant le 13 septembre 2000 avec Jérusalem-Est pour capitale, le CNP a-t-il voulu provoquer un choc qui placerait Israël et la communauté internationale face à leur responsabilité? Ou bien s’agit-il d’un “coup de poker”, tel que le disent certains analystes?
L’impatience est, en tout cas, évidente. Le 13 septembre avait été fixé comme date limite pour parvenir à un règlement de paix final entre Israéliens et Palestiniens. Mais les négociations sont bloquées depuis plusieurs mois, en raison de profondes divergences entre les deux parties, notamment en ce qui concerne le statut de Jérusalem, le sort des colonies israéliennes en Cisjordanie, les frontières du futur Etat et la question des réfugiés.

LA DÉCLARATION OFFICIELLE DU CCOLP
Réuni à Gaza, pendant deux jours, en présence du chef de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, le Conseil central de l’OLP (CCOLP) groupant une centaine de membres sur les 129 qu’il compte sous la présidence de M. Zaanoun, a adopté la déclaration suivante: “Conformément au droit historique du peuple palestinien à établir son Etat et aux résolutions internationales, en premier lieu les 242, 338 et 181, le CCOLP annonce au peuple palestinien, à la nation arabe et aux peuples du monde son intention de concrétiser l’annonce de l’indépendance palestinienne faite par le CNP à Alger en 1988, en établissant, le 13 septembre 2000, à la fin de la période intérimaire un Etat indépendant ayant pour capitale la Jérusalem Sainte, sur les territoires occupés le 4 juin 1967 par Israël”.
La réaction israélienne ne s’est pas fait attendre. S’exprimant devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense au parlement, M. Barak affirme: “Israël a averti les Palestiniens qu’il étendrait sa juridiction à des blocs d’implantation (dans les territoires palestiniens) et établirait une large zone de sécurité dans la vallée du Jourdain, s’ils prenaient des mesures unilatérales”.
Le chef de la diplomatie israélienne, David Lévy a, lui aussi, condamné cette déclamation, disant que “cet ultimatum est peut-être un coup de poker pour arracher à Israël de nouvelles concessions”.
Quant à Yossi Beilin, ministre de la Justice et l’un des artisans d’Oslo, il devait affirmer: “La proclamation unilatérale d’un Etat palestinien sera, si elle a lieu, une déclaration vide de contenu. Car même si le monde entier reconnaît cet Etat, tant qu’Israël ne le reconnaîtra pas, il ne sera pas un Etat réellement indépendant”.
A Londres et Paris, Barak évoque 
le processus de paix.
Barak: “Un Etat palestinien 
n’existera que sur le papier”.

CLINTON CONTACTE ARAFAT ET BARAK
Washington s’est déclaré opposé à toute mesure unilatérale et un responsable du département d’Etat ayant requis l’anonymat a affirmé: “Les deux parties savent que nous sommes opposés à des actions unilatérales prises par l’une ou l’autre, y compris la proclamation unilatérale d’un Etat”.
Ce responsable a rappelé que “l’accord d’Oslo” signé en 1993 par les Israéliens et les Palestiniens, “est fondé sur le principe de la réciprocité” et qu’il était important “que les deux parties adhèrent à ce principe”.
Les Etats-Unis sont décidés à réunir à Washington un sommet tripartite Clinton-Barak-Arafat, en vue de combler les fossés qui continuent à séparer Israéliens et Palestiniens. La secrétaire d’Etat US qui a, tout récemment, effectué une visite dans la région, n’a pas réussi à aplanir les obstacles qui empêchent la tenue d’un sommet tripartite à Washington en vue d’aboutir à un accord-cadre prélude à un règlement final prévu pour le 13 septembre. Mme Madeleine Albright était repartie déçue, les mains vides. Mais le président Clinton est déterminé à relancer le processus de paix et s’est entretenu, à cet effet, par téléphone avec MM. Barak et Arafat, dans la perspective d’un sommet dont la date n’est pas encore fixée.
Ehud Barak se dit favorable à ce sommet, “le seul moyen d’avancer”, affirme-t-il, alors que Yasser Arafat se montre plus réticent. Il souhaite qu’il soit précédé d’un retrait israélien de Cisjordanie initialement prévu pour le 23 juin et qui a été reporté au 7 juillet.
Les Palestiniens veulent, aussi, qu’une rencontre tripartite à Washington apporte une réponse déterminante aux questions qui sont au cœur du règlement final.


A Paris, Arafat demande conseil à Jacques Chirac.

RÔLE DE LA FRANCE À LA TÊTE DE L’UE
La France qui préside l’Union européenne pour six mois depuis le 1er juillet, est appelée à jouer un rôle actif dans le processus de paix. En l’espace de quelques jours, Paris a accueilli le chef de l’Autorité palestinienne; puis, le Premier ministre israélien.
La veille même de la session du CCOLP, M. Arafat avait consulté le président Chirac sur la proclamation d’un Etat palestinien. Mais aucun commentaire sur ce sujet n’a été fait à l’issue de l’entretien.
M. Barak a, de son côté, effectué une visite-éclair à Londres et à Paris évoquant avec Tony Blair, Premier ministre britannique et avec le président français le processus de paix en général et, surtout, les moyens de faire avancer les pourparlers sur le volet palestinien.
En tant que nouveau président en exercice de l’UE, M. Chirac devait pour sa part affirmer que l’UE continuera “à être à la disposition de tous ceux qui veulent réellement instaurer la paix”, au Proche-Orient.

VERS UNE NOUVELLE “INTIFADA”?
La paix serait-elle menacée de nouveau par une confrontation, entre les Palestiniens et l’Etat hébreu? M. Imad al-Falouji, ministre palestinien des Postes et Télécommunications, juge que la “confrontation est inévitable”. D’autres parlent d’une “nouvelle intifada”. L’incident ayant eu lieu à Gaza, le lundi 3 juillet, n’est pas très rassurant: un engin piégé a explosé au passage d’une patrouille israélienne près de la frontière égyptienne. La patrouille a également essuyé des tirs d’armes automatiques et une jeep a été endommagée. Il n’y a pas eu de blessés. Les militaires israéliens auraient ouvert le feu en direction de leurs agresseurs qui avaient tiré, à partir d’un secteur situé sous le contrôle de l’Autorité palestinienne.
Par ailleurs, selon le quotidien “Haaretz”, l’armée israélienne se prépare à contrer une nouvelle “intifada” et aurait ressorti de ses hangars des camions lance-graviers qui avaient été utilisés lors de l’intifada pour disperser les manifestants. Dans ce contexte, la tenue d’un sommet tripartite à Washington devient nécessaire et urgente. Des concessions devront être faites de la part des deux parties pour remettre le processus sur le bon chemin et aboutir à une paix réelle et définitive.
 
LA “LIGNE BLEUE” DONNE DU FIL À RETORDRE À L’ONU
Pour confirmer le retrait israélien du Liban-Sud en date du 24 mai 2000, les experts onusiens ont tracé une ligne frontalière, surnommée la “ligne bleue”, au-delà de laquelle “Tsahal” devrait avoir évacué toutes ses positions. 
 

Larsen: Redéfinir la “ligne bleue”.

La FINUL attend pour se déployer le règlement des empiètements israéliens.

Mais jusqu’à l’heure, le problème des empiètements israéliens n’est toujours pas réglé et le Liban espère de la part du Conseil de Sécurité “une attitude franche condamnant ces violations et forçant l’Etat hébreu à respecter la “ligne bleue.”
Afin de résoudre ce problème qui retarde toujours le déploiement de la FINUL dans l’ex-zone de sécurité, Terjé Roed-Larsen, émissaire du secrétaire général de l’ONU, sera à Beyrouth aujourd’hui. Il est accompagné d’un expert cartographe, Miklos Pinther qui se rendra aussitôt à la frontière libano-israélienne pour établir un relevé définitif sur le tracé de la ligne onusienne qui est contestée par les deux pays.
La situation au Sud est accrochée à cette “ligne bleue”. L’Etat libanais qui a admis ce tracé à contrecœur, revendiquant le respect de la frontière internationale de 1923, ne veut pas entendre parler du déploiement de la FINUL dans le secteur libéré tant qu’il y a le moindre empiètement. Pas question non plus d’y déployer l’Armée libanaise. La zone est ainsi laissée à elle-même et au contrôle du “Hezbollah”, ce qui n’encourage pas le retour des familles qui se sont rendues en Israël par crainte des représailles. Seule la présence de forces internationales et de nos forces régulières peut être un facteur de sécurité et de stabilité.
Pourquoi donc les choses traînent-elles en longueur, alors que “Tsahal” s’est retiré du Sud, en moins de trois jours. Des “forces occultes” veulent-elles maintenir cette instabilité à la frontière et qui en profite? 

NELLY HELOU

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