MINISTRE DE L’INFORMATION ET DES DÉPLACÉS ANOUAR EL-KHALIL:
“J’AMBITIONNE DE HISSER MON MINISTÈRE AU NIVEAU LE PLUS ÉLEVÉ DE L’ÉVOLUTION MODERNE”

Tout en infirmant les rumeurs faisant état d’un froid qui caractériserait ses rapports avec le président Nabih Berri, chef du “bloc de la libération et du développement” (BLD), M. Anouar el-Khalil, ministre de l’Information et des Déplacés, dément également la nouvelle liant le problème des personnes déplacées aux élections législatives.
Il précise que son département prend à ce sujet, les décisions qu’il juge adéquates, ce dossier devant être clôturé en l’an 2002.
Par ailleurs, il se prononce en faveur du dialogue avec toutes les parties, estimant cette voie comme étant la plus indiquée à l’effet de trancher le conflit concernant la communauté druze dont il se réclame, notamment celui relatif au cheikh Akl.

M. el-Khalil qualifie d’excellents les rapports qu’il entretient avec le président Berri, à qui il reconnaît le droit de superviser sa gestion de la chose publique, en tant que membre du gouvernement et de son bloc parlementaire.
Interrogé sur le point de savoir s’il figurera sur la liste de coalition (électorale) de “Amal” et du “Hezbollah”, il émet ces réflexions: Je serais honoré si j’en faisais partie. De toute façon et en dépit de rumeurs pernicieuses faisant état d’un prétendu différend opposant les deux mouvements chiites (surtout depuis l’incident de Markaba), ceux-ci entretiennent les meilleurs rapports et leur alliance leur a permis de se faire représenter en force au sein de l’Assemblée nationale.

D’aucuns lient le retour des personnes déplacées aux élec-tions générales. Est-ce exact?
Dans le passé, on a essayé d’établir un tel lien, mais notre politique diffère totalement depuis que j’ai pris en charge le portefeuille des Déplacés. Nous avons élaboré un plan de travail, doublé d’un calendrier fixant les dates approximatives du retour des déplacés à leurs villages.
Nous poursuivons notre action avec la transparence la plus totale, aux fins d’empêcher toute injustice envers qui que ce soit. C’est pourquoi, nous ne laissons pas influencer notre travail par des considérations d’ordre politique, électoral ou confessionnel.
Je tiens à rappeler que ce dossier devra être clôturé dans un délai expirant en l’an 2002 et, à cette date, le ministère des Déplacés sera supprimé.
Naturellement, certains députés ou candidats à la députation tentent d’induire l’opinion publique en erreur, en prétendant pouvoir obtenir, en faveur des déplacés, des avantages plus substantiels que ceux qui leur sont promis par le gouvernement. Ceci est contraire à la réalité. Précédemment, Walid bey (Joumblatt) avait un problème avec le ministère des Déplacés, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui et il coopère, maintenant, avec nous avec beaucoup de compréhension. Il en est de même par rapport au Parti social national syrien, aux autres formations politiques et aux leaderships. Nous ne détectons aucune tentative d’entraver notre action sur le terrain et les personnes déplacées réalisent, à présent, qu’il est de leur intérêt de traiter directement avec notre département sans passer par aucun intermédiaire.

Qu’en est-il des personnes déplacées ayant quitté les villages maintenant libérés?
Elles sont rattachées directement au Conseil du Sud à qui incombe la tâche de les dédommager, afin qu’elles puissent reconstruire leurs maisons ou les restaurer. Le gouvernement a prévu les crédits nécessaires à cet effet. Actuellement, cet organisme procède à une étude statistique pour déterminer la nature des dégâts et, partant, le montant des sommes à payer aux sinistrés. Quant à notre action, elle s’exerce à l’intérieur de limites allant de Saïda à la Békaa-ouest.

Parlons élections: on dit que le Parti socialiste progressiste envisage de poser la candidature de l’un de ses membres à Hasbaya. Qu’en pensez-vous?
Je suis au courant du fait qu’un candidat prétendant se réclamer du PSP, se propose de se présenter dans cette circonscription. Naturellement, c’est son droit, comme c’est le cas dans tout pays démocratique et le candidat le plus apte à représenter ses concitoyens aura la chance d’accéder au parlement.

Quelle est votre position envers les questions intéressant la communauté, celle du cheikh Akl druze en tête?
Je voudrais, tout d’abord, éclaircir un point: j’ai été l’unique député à n’avoir pas apposé ma signature sur le projet de loi relatif à l’instance spirituelle de la communauté, surtout en ce qui concerne la nomination du cheikh Akl. Cependant, j’y ai souscrit quand le projet a été soumis, pour ratification, à l’Assemblée nationale, pour qu’on ne m’accuse pas de vouloir entraver les efforts de conciliation au sein de la communauté. Par la suite, le Conseil constitutionnel a émis un avis contraire.

Vous avez contribué à l’élaboration du plan de la réforme administrative. Le gouvernement a-t-il pu en réaliser une partie?
En ce qui concerne les réformes administrative et politique, nous avons perdu un an et demi. La réforme administrative ne peut être réalisée sans la décision du pouvoir politique. Malgré la détermination du président Lahoud à édifier l’Etat de la loi et des institutions, une grande partie des réformes n’a pu être réalisée, en l’absence d’une administration capable. Mais notre espoir est grand et après les législatives, nous aboutirons à une réforme radicale et réelle. Les plans sont déjà prêts.

On a parlé beaucoup de la réouverture des dossiers. Cela signifie-t-il de nouvelles poursuites, même à l’encontre d’anciens hauts responsables?
La question des poursuites n’est pas liée à la réforme administrative, mais relève du corps judiciaire et des lois. Ce problème n’existe pas seulement au Liban, mais dans tous les pays du monde.
Nous devons procéder à la réforme en réhabilitant les éléments humains et techniques, rénover les mécanismes du travail, régler la question des salaires et créer de nouvelles structures pour les ministères. Il s’agit donc de mettre en œuvre une nouvelle stratégie.

La crise socio-économique est restée sans solution. Comment le citoyen peut-il relever les défis?
La déclaration ministérielle a fait état de la situation. Des causes inhérentes à l’économie libanaise empêchent son rétablissement.
De même, il y a une absence de complémentarité dans la politique économique, chaque gouvernement élaborant son plan et en laissant la charge à d’autres. Le Cabinet actuel a mis sur pied deux plans complémentaires: le plan financier quinquennal et celui du développement équilibré qui doivent, en principe, aboutir après cinq ans au relèvement économique et à l’afflux des investissements. Les espoirs sont grands surtout après la libération du Liban-Sud.

Où en est la réorganisation du ministère de l’Information?
Le ministère est organisé aujourd’hui de façon à lui assurer des compétences permettant de porter son message aux citoyens libanais et arabes, ainsi qu’à la diaspora libanaise.
Les fonctionnaires qui réussissent dans les examens de compétence, continueront à exercer. Les autres seront déférés au conseil de la Fonction publique et, en vertu d’un décret, ils seront réhabilités pour être affectés à d’autres ministères.

Propos recueillis par
HALA HUSSEINI

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