PRIORITÉ À LA RECONSTRUCTION DU LIBAN-SUD

Le déploiement des Casques Bleus dans l’ex-zone de sécurité ne pourra que contribuer à aider cette région du pays à surmonter les problèmes et difficultés auxquels elle fait face à l’heure actuelle.
Occupée par “Tsahal” pendant 22 ans, libérée en date du 24 mai 2000, la bande frontalière de 800 km2 mérite qu’on lui accorde, aujourd’hui, un intérêt spécifique et une aide particulière en tout domaine. Car ses besoins sont immenses.
 

La région du Sud a un besoin urgent 
de connaître une vraie stabilité.
L’armée israélienne construit une 
route à Cheikh Aabbad à la frontière 
libano-israélienne. 

Ce déploiement ne pouvait se faire qu’après l’élimination de tout empiètement et violation du territoire libanais par Israël. Telle était la condition posée par le gouvernement libanais et que l’ONU a eu en charge de s’acquitter. Ce fut la lourde mission de Terje Roed-Larsen, envoyé spécial de l’ONU au Proche-Orient, qui fait d’interminables navettes entre Beyrouth et Tel-Aviv pour mettre au point ce processus. Une équipe onusienne de cartographes, hautement spécialisés, a travaillé sans relâche en collaboration avec des officiers libanais et israéliens de chaque côté de la “ligne bleue” (ligne frontalière tracée par l’ONU pour confirmer la 425), afin d’éliminer tout empiètement.
Mais jusqu’au dernier moment, des difficultés se sont manifestées: à peine quelques ultimes empiètements étaient éliminés, que d’autres surgissaient soumettant le Liban-Sud au régime de la douche écossaise.
Pourtant, la région a un besoin urgent de connaître une vraie stabilité et d’être placée sur la voie du développement.

UNE PRIORITÉ SÉCURITAIRE
En tête des priorités, le déploiement de la troupe dans cette zone libérée et qui mérite d’intégrer à part entière le giron de la légalité. Il est incompréhensible que la milice intégriste continue à y jouer le rôle du gendarme, même si le “Hezbollah” a eu le grand mérite de la libération. La démission de l’Etat est incompréhensible et encore moins certaines déclarations du Cabinet affirmant: “Notre tâche n’est pas de faire le gendarme pour Israël”. Personne ne le lui demande; par contre, le rôle d’une armée n’est-il pas de protéger les frontières nationales et de veiller à la sécurité des citoyens?
Sur le plan socio-économique, les besoins sont énormes. Durant les vingt-deux années d’occupation, bon nombre de Sudistes se rendaient en Israël pour travailler dans le secteur agricole, de la petite industrie des services et assuraient des rentrées honorables à leurs familles. Aujourd’hui, la “bonne frontière” est fermée et les possibilités de travail sont nulles. La culture du tabac ne peut pas faire vivre toute une région et aucune autre agriculture n’est développée ou renforcée.
De même, on déplore l’absence de toute activité industrielle. La région est belle et pourrait attirer un grand nombre de touristes. Mais comment cela est-il possible sans infrastructure touristique?
 

Des hommes spécialisés dans le 
déminage: première phase de 
renforcement de la FINUL.
Roed-Larsen:
Les interminables navettes.

UN PLAN DIRECTEUR DE DÉVELOPPEMENT
Au Sud, on déplore, également, l’absence d’hôpitaux, de dispensaires et d’écoles. Comment vouloir, dès lors, maintenir les gens sur place ou ramener ceux qui sont partis, soit vers Israël au nombre de 6.000, soit vers Beyrouth?
Seule, la présence de l’Armée libanaise et de réels projets de développement socio-économique et d’infrastructure peuvent redonner une vitalité au Sud et y ramener ses fils.
Il ne faudrait pas, non plus, tomber dans le piège d’un développement sauvage. Le secteur est encore vierge; il n’est pas envahi par le béton et possède de réelles richesses naturelles. D’où la nécessité d’un plan directeur de base et la création de zones protégées, aussi bien du côté de Nakoura (une côte merveilleuse), que de la riche forêt de pins de Jezzine ou des sites historiques et archéologiques, à Hasbaya et ailleurs.
On se demande si l’Etat est pleinement conscient des richesses naturelles que possède le Sud et de toutes les potentialités qu’il pourrait y développer.
A la veille de la réunion préliminaire des pays donateurs, qui s’est tenue au Grand Sérail hier jeudi et se poursuivra aujourd’hui vendredi, M. Nasser Saïdi, ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, a demandé aux participants d’allouer 260 millions de dollars pour pallier les besoins urgents des régions libérées.
Certes, l’argent est nécessaire, même indispensable, mais l’instauration de la sécurité et l’élaboration d’un plan directeur de développement demeurent prioritaire; le reste viendra de surcroît.
 
LES EFFECTIFS DE LA FINUL
La FINUL compte 5.075 soldats de onze pays: Fidji, 592; Finlande, 632; France, 251; Ghana, 783; Inde, 619; Irlande, 656; Italie, 46; Népal, 712; Pologne, 630; Suède, 44 et Ukraine, 110.
La première phase de renforcement de la FINUL est en cours, affirme Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, avec l’arrivée d’une unité suédoise et d’un bataillon ukrainien de 600 hommes spécialisés dans le déminage.
La FINUL est déployée au Liban depuis avril 1978. 
DON SYRIEN AU SUD
Une aide médicale (de cent tonnes) a été offerte par le président Bachar Assad en signe de soutien aux régions libérées.
Composée d’équipements médicaux, de médicaments et de nourritures pour enfants, cette aide sera répartie entre les centres sociaux et les hôpitaux du Liban-Sud.
Elle a été remise au Dr Karam Karam, ministre de la Santé, par son homolgue syrien, Ayad el-Chatti, arrivé à Marjeyoun à la tête d’une importante délégation. 

NELLY HELOU

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