SUR LES CIMAISES DE LA GALERIE JANINE RUBEIZ
SYBILLE TAMER ET ASSIA HOBEIKA

A chaque nouvelle étape, Sybille Tamer donne à voir une nouvelle version d’elle-même. Dans sa dernière manière, les problèmes de formes sont subordonnés à la volonté d’expression.
 
Deux œuvres de Sybille Tamer: Ici, les problèmes de forme sont subordonnés à la volonté d’expression.

Elle éprouve le besoin de retrouver par l’œuvre une réalité objective, au-delà de l’illusion du réel.
Au fur et à mesure, elle s’est libérée de la sensibilité toute subjective de ses débuts, ce qui la mène à une compréhension plus objective du langage plastique. Elle emploie la forme et la couleur d’une façon plus libre et plus expressive. Ainsi, l’œuvre poursuit un but assez précis, celui de produire une sorte de déroute chez le spectateur.
Les signes et formes qui meublent les œuvres: des corps désarticulés, des membres supérieurs ou inférieurs, sont employés pour eux-mêmes, en dehors de toute soumission à l’évocation de la réalité.
Sybille Tamer s’en tient à la forme elle-même et à ses rapports avec les autres éléments de la composition. Toutes les compositions sont déterminées autant par l’ascétisme des tracés que par la sobriété de la couleur.
Les formes confrontent leurs particularités à la rigidité des plans. Les motifs sont amendés par une projection poétique que l’artiste réalise sans effort. Dans toutes les réalisations, contenu, formes et matériaux s’épousent, convergent vers l’essence, s’appliquent à rejeter tout ce qui est inutile, toute éloquence.
 

Une composition bien équilibrée, 
de Assia Hobeika.

Assia Hobeika: Eléments essentiels 
librement rendus par des arabesques simples.

Les œuvres chez Sybille Tamer refusent tout mouvement vers l’extérieur et ce qui peut passer pour de la simplicité est, en réalité, le raffinement d’une expression concise.
Le talent, avec lequel cette artiste poursuit ses recherches, montre que son œuvre ne s’épuise pas dans une imagerie commune, mais continue à sonder un art vers lequel elle s’est tournée sans se leurrer.
Assia Hobeika Massabki, tout en reconnaissant l’importance des tendances de l’art contemporain, a choisi pour principal thème de ses peintures: la nature morte, adoptant, ainsi, la manière qui convient le mieux à son tempérament. Ses œuvres n’ignorent pas les inquiétudes d’ordre technique ou intellectuel qui préoccupent les artistes de notre temps, même si les compositions florales, demeurent, durant cette période, sa principale source d’inspiration. L’armature générale, les dessous assurés par un dessin ferme, continuent à jouer un rôle capital dans toutes les œuvres et partout le trait est aussi important que la couleur.


Sybille Tamer:
Ascétisme des tracés et sobriété de la couleur.

Assia Hobeika Massabki dessine, d’abord, le modèle dans toute sa simplicité; puis, le brise, l’épure, le recompose avant de le livrer à la peinture. Sa vision de la réalité lui permet d’isoler quelques éléments essentiels librement rendus par des arabesques simples, mais d’une grande souplesse et parvient à réaliser un jeu de couleurs subtiles, des harmonies équilibrées. Pour cette artiste, la couleur n’a rien de complémentaire, elle fait partie intégrante de l’œuvre. Modulant ses valeurs, superposant ses nuances, elle crée la distance, évoque la profondeur. Le dénominateur commun aux rythmes graphiques et chromatiques qu’elle tire de la nature morte et à ceux que son sentiment introduit à l’intérieur de ces rythmes, est l’expression et l’exigence de la vérité. Ou bien, elle réduit la “chose vue” aux éléments de synthèse les plus caractérisés, ou bien elle condense dans les limites du schéma visuel, en une organisation de formes et de couleurs, chaque élément de l’apparence en le suivant dans sa transformation, dans son évolution.
L’art de Assia Hobeika dégage une atmosphère d’une saveur toute particulière.

Par NICOLE MALHAMÉ HARFOUCHE

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