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![]() nouveau président israélien. |
Pour le Premier ministre israélien, la situation est loin d’être
de tout repos. Il fait face à des élections anticipées
et son Cabinet est très fragilisé, même s’il a tout
juste bénéficié d’un répit en surmontant une
nouvelle motion de censure, la deuxième en l’espace d’un mois, déposée
par le Likoud.
La droite accuse Barak d’avoir accordé trop de “concessions”
aux Palestiniens au sommet de Camp David II. A la tribune de la Knesset,
Barak s’est défendu en déclarant “qu’aucune concession portant
sur Jérusalem n’avait été faite”.
Pourtant, David Lévy avait affirmé que “pour la première
fois, un gouvernement israélien est prêt à diviser
Jérusalem”, soulignant qu’il s’opposait à la politique de
Barak.
Pour l’heure, la marge de manœuvre du Premier ministre est très
limitée, d’autant plus que la coalition gouvernementale s’est disloquée.
Trois partis de sa majorité, le “Shass”, le parti russophone “Israël
Be Aliya” et le parti national religieux l’avaient abandonné, au
moment où il se rendait à Camp David, pour rallier l’opposition.
Mais si Ehud Barak a réussi à sauver, provisoirement,
son équipe, il a reçu un cinglant camouflet avec l’élection
de Moshé Katsav, candidat de la droite à la tête de
l’Etat, entraînant la défaite de Shimon Pérès.
La Knesset a refusé la présidence de l’Etat hébreu
à l’ex-Premier ministre travailliste, “prix Nobel de la paix” pour
élire, à la surprise générale, le candidat
de la droite.
Peu connu sur le plan international, le candidat du Likoud a été
élu au deuxième tour du scrutin avec 63 voix contre 57 à
Pérès et devient le huitième chef de l’Etat hébreu
et le premier de droite.
Né en Iran en 1945, d’une famille de huit enfants, il est arrivé
en Israël peu après 1948 et a vécu dans un modeste camp
pour nouveaux immigrants au sud de Tel-Aviv. Il fait son entrée
à la Knesset en 1977 et se donne une image de modéré,
en raison de son ton mesuré et de son pragmatisme. Partisan du Grand
Israël, c’est un opposant de vieille date, des accords d’Oslo.
“J’ai l’intention de contribuer à la réduction des tensions
au sein de notre société et je serai le représentant
de toutes les couches et de toutes les classes sociales”, affirme-t-il
après son élection.
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![]() d’Arafat avec le roi Mohamed VI, qui préside le comité “Al-Qods”. |
“L’avenir de Jérusalem n’est pas seulement une responsabilité
palestinienne. C’est, aussi, une responsabilité arabe, musulmane
et chrétienne”. Tel est le nouveau thème de l’action qu’entreprend
le chef de l’Autorité palestinienne au niveau occidental et arabe.
A Paris, il a été reçu par le président
Jacques Chirac et le Premier ministre Lionel Jospin, sachant que la France
préside, depuis le premier juillet et pour six mois, l’Union européenne.
D’après les informations données sur ces entretiens, M. Chirac
aurait encouragé les parties à poursuivre leurs efforts.
“Si, dit-il, les négociations de Camp David n’ont pas abouti, l’espoir
qui est né est toujours là et les derniers obstacles peuvent
être aplanis”.
La France est consciente du rôle qu’elle peut jouer en cette
phase cruciale du processus de paix. Tel que l’a indiqué l’Elysée,
la veille de sa rencontre avce Arafat, M. Chirac s’était entretenu,
par téléphone, avec le Premier ministre israélien
et après avoir reçu le leader palestinien, il a eu de même
une conversation téléphonique avec son homologue égyptien,
le président Hosni Moubarak, autre acteur important œuvrant pour
le rapprochement des positions des parties antagonistes.
Après Paris, M. Arafat a entamé une longue tournée
dans le monde arabe, afin de le mobiliser face aux échéances
cruciales. L’Arabie saoudite fut la première étape de son
périple. Le chef de l’Autorité palestinienne a été
reçu par le roi Fahd et le prince héritier Abdallah. Il s’est
rendu à Sanaa; puis, au Maroc où il a été reçu
par le roi Mohamed VI qui préside le comité de Jérusalem
au sein de l’organisation de la Conférence islamique. A Rabat, il
a rencontré, aussi, le roi Abdallah II de Jordanie en visite au
Maroc pour les festivités marquant le premier anniversaire de l’intronisation
du jeune monarque chérifien.
Le leader palestinien affirme avoir reçu des soutiens solides
de la part des dirigeants qu’il a rencontrés avant de poursuivre
sa tournée en Algérie et en Tunisie. Tous ont réaffirmé
leur appui aux droits du peuple palestinien à l’autodétermination
et à un Etat indépendant sur son territoire national ayant
Jérusalem comme capitale.
Concernant la proclamation de l’Etat palestinien annoncée, en
principe, pour le 13 septembre, on relève un certain assouplissement
dans la position de M. Arafat qui semble prêt à “s’en remettre
à l’avis des Etats frères”. Il pourrait donc reporter cette
annonce à une date ultérieure. Il serait de même intéressant
de rappeler qu’au début de juillet, lors d’une rencontre avec le
leader palestinien, le président Chirac avait averti “qu’il ne serait
pas chose facile de convaincre les quatorze autres membres de l’UE de reconnaître
un Etat palestinien, si les Etats-Unis s’opposaient à une telle
initiative”. Le message est bien clair.
Le président américain a, d’ailleurs, réitéré
cette position dans une interview accordée à la télévision
israélienne après Camp David.
M. Clinton a mis en garde Arafat contre toute proclamation unilatérale
d’un Etat indépendant .“Je pense, a-t-il affirmé, que ce
serait une grave erreur d’agir de manière unilatérale et
de se retirer du processus de paix. Si cela se produisait, il y aurait,
inévitablement, des conséquences non seulement ici mais dans
le monde entier”.
La mise en garde américaine, les conseils de la France et de
l’Egypte sont en train sans doute de porter leur fruit. Arafat met de l’eau
dans son vin. Mais peut-il faire face au courant islamiste et d’opposition
au sein de l’entité palestinienne? Au cours de sa tournée
arabe, il a évoqué la possibilité de la tenue d’un
sommet arabe restreint ou élargi, sur la question de Jérusalem
et d’y faire participer, si possible, des pays islamiques.
La Ville Sainte a été de même au cœur des entretiens
au Caire entre le président Moubarak et le roi Abdallah de Jordanie.
Le temps presse. La date butoir du 13 septembre n’est plus très
éloignée et le président Clinton est toujours décidé
à parvenir à un accord de paix avant la fin de l’année.
Les propos tenus lors de l’interview exclusive qu’il a accordée
à la télévision israélienne, sont explicites:
“Le processus de paix est évolutif. Si nous ne terminons pas cette
année, les positions pourront changer par la suite. Si cet accord
n’intervient pas d’ici à la fin de l’année, je veux du moins
être sûr que j’ai fait tout mon possible. Ce n’est pas facile,
mais c’est une affaire énorme et importante. Les deux parties doivent
s’accorder sur le fait qu’il existe une solution. C’est leur intérêt
vital”.
Le chef de l’Exécutif US a donc dépêché
dans la région, M. Edward Walker, secrétaire d’Etat adjoint
pour le Proche-Orient, en vue de poursuivre le dialogue entre les deux
parties.
Reçu au Caire par le président Moubarak, en présence
de M. Amr Moussa, chef de la diplomatie égyptienne, M. Walker a
fait preuve d’optimisme affirmant qu’il était “certain” qu’Israéliens
et Palestiniens parviendront à un accord définitif avant
le 13 septembre.
Pour l’heure, les protagonistes ont repris le dialogue pour discuter
de l’application des accords intérimaires. Les négociateurs
israélien et palestinien, Oded Eran et Saëb Erakat, se sont
retrouvés à Jéricho pour “discuter de la majorité
des questions intéressant le processus de paix après Camp
David”. De même, ils ont parlé de la libération des
prisonniers palestiniens, du troisième redéploiement israélien
en Cisjordanie et de questions économiques.
A Gaza, Shlomo Ben Ami, ministre israélien de la Sécurité
intérieure, a rencontré le colonel Mohamed Dahlan, chef de
la police préventive palestinienne, afin de mettre au point des
mécanismes permettant d’organiser des rencontres entre des responsables
des deux côtés, afin de poursuivre les négociations.
Tout indique que, du côté israélien comme du côté
palestinien, il existe un réel désir d’aboutir à un
accord de paix. Reste à savoir comment vont être réglées
les questions-clés sur lesquelles a buté Camp David, notamment
l’avenir de Jérusalem qui fut la pierre d’achoppement des négociations.