Au niveau de la capitale, l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri a
annoncé la formation des listes pour les trois circonscriptions
de Beyrouth sous le slogan: “La dignité de Beyrouth”. A noter que
M. Hariri se présente dans la première circonscription c’est-à-dire
à Achrafieh, Mazraa et Saïfi. Il a sur sa liste comme candidat
maronite, le Dr Ghattas Khoury, président de l’Ordre des médecins.
Plusieurs autres candidats sont en lice pour cet unique siège maronite
de la capitale, dont Massoud Achkar et qui représente les courants
proches de l’opposition.
Toujours dans “Beyrouth 1”, on relève le nom d’une candidate
téméraire pour l’un des deux sièges sunnites et qui
fait cavalier seul. Le Dr Ghada Abdallah Yafi s’est engagée à
fond dans la bataille: “Je compte, affirme-t-elle, sur la majorité
silencieuse”. Tous ceux qui la connaissent se sont mobilisés, spontanément,
en faveur de la fille de l’ancien président Abdallah Yafi. Elle
mène campagne “par conviction”, sans avoir recours au pouvoir de
l’argent. Nul ne dit qu’elle ne pourra pas obtenir le second siège
sunnite de cette circonscription.
Dans Beyrouth II, Tammam Salam fera face à la liste haririenne
et, dans Beyrouth III, l’affrontement se fera entre le Dr Salim Hoss et
la liste patronnée, également, par M. Hariri. Mais tel qu’on
le disait au moment du découpage électoral, les trois circonscriptions
de Beyrouth ont été sans doute créées pour
permettre aux trois grands pôles sunnites de réussir.
Par ailleurs, le Dr Salim Hoss, Premier ministre, s’est déchaîné
contre les dépenses électorales, affirmant dans le cadre
d’un meeting tenu à Naameh, à Iklim el-Kharroub: “Jamais
dans l’histoire des législatives du Liban, tant de fonds n’ont été
dépensés!”
AU MONT-LIBAN
Au Mont-Liban où, jusque-là, les élections se
sont déroulées au niveau du caza, un nouveau découpage
électoral a été adopté groupant les cazas de
Baabda et d’Aley en une circonscription. De même, ceux de Jbeil et
Kesrouan; le Metn-Nord et le Chouf demeurant inchangés.
Au Metn-Nord, la bataille s’annonce tout particulièrement serrée.
Tout d’abord, deux membres de la famille Lahoud s’y affrontent. D’ailleurs,
ce n’est pas la première fois que cela se produit dans les annales
législatives de cette famille mordue de politique.
D’un côté, il y a le fils du chef de l’Etat, Emile Lahoud
Junior qui se présente, évidemment, sur la liste loyaliste
de Michel Murr, ministre de l’Intérieur.
En face Nassib Lahoud, député et ancien diplomate, prône
une coalition avec Pierre Amine Gemayel et le Dr Albert Moukheiber. Par
ailleurs, la diatribe verbale ne fait que s’envenimer entre MM. Michel
Murr et Nassib Lahoud.
Le retour de l’ancien chef de l’Etat, Amine Gemayel, va certainement
donner du tonus à la bataille du Metn-Nord que d’aucuns qualifient
de “mère des batailles”.
M. Amine Gemayel à Baabda:
Des entretiens francs et sincères.
GEMAYEL POUR LA RÉCONCILIATION NATIONALE
Après le “conseil” qui lui avait été donné
par l’ambassadeur du Liban à Paris, de ne pas rentrer à Beyrouth,
alors qu’il se préparait à embarquer, l’ancien chef de l’Etat,
Amine Gemayel a reçu des assurances fermes de la part de tous les
hauts responsables du pays que rien n’empêchait son retour.
Le dimanche 30 juillet, Amine Gemayel est arrivé à l’AIB
à bord d’un avion de la MEA, en fin d’après-midi, accompagné
de son épouse, Joyce. Au salon d’honneur de l’aéroport, l’accueil
de sa famille, de sa mère surtout, était des plus émouvants.
Il s’est rendu directement à Bickfaya où une foule estimée
à plus de 10.000 personnes lui a réservé un accueil
délirant.
Le président Gemayel est le premier leader de l’opposition chrétienne
à rentrer au Liban après douze ans d’exil volontaire en France.
D’emblée, il a placé son retour sous le signe de la réconciliation
nationale, affirmant devant la foule enthousiaste à Bickfaya, “qu’il
était décidé à contribuer aux efforts visant
à redonner au Liban sa vocation de coexistence entre les civilisations”.
M. Gemayel a rendu visite le lundi 31, moins de 24 heures après
son retour, au patriarche maronite, Mar Nasrallah Sfeir, à Dimane,
affirmant à l’issue de la rencontre avec Sa Béatitude: “Nos
positions sont alignées sur celles de Bkerké. Nous défendons
les mêmes constantes nationales”.
Mardi 1er août, l’ancien chef de l’Etat était reçu
à Baabda par le président Emile Lahoud; puis, place de l’Etoile,
par le chef du Législatif, M. Nabih Berri.
Le président Lahoud lui a souhaité la bienvenue, “ainsi
qu’à tout Libanais désireux de rentrer dans son pays”.
Place de l’Etoile, M. Gemayel a présenté ses vœux à
M. Berri pour la libération du Liban-Sud. “L’ensemble du peuple
libanais, dit-il, n’aspire qu’à davantage de liberté et de
démocratie et à la consolidation de la souveraineté
nationale”.
À BAABDA-ALEY
Au niveau de la circonscription de Baabda-Aley, Pierre Hélou,
ancien ministre et président sortant de la Ligue maronite, a fait
figure de véritable “rassembleur” en annonçant, à
partir de son domicile, la formation de la coalition qui brigue les onze
sièges de cette circonscription. Avec la modestie qui le caractérise,
il n’a pas voulu parler de têtes de liste, alors qu’il est dans son
plein droit de présider cette coalition, étant donné
que sur les onze sièges, cinq reviennent aux maronites, trois aux
druzes, deux aux chiites et un aux grecs-orthodoxes.
La coalition groupe l’émir Talal Arslan, le “Hezbollah”, “Amal”,
deux membres du PSNS, Marwan Abou-Fadel, le Dr Jean Ghanem et, en principe,
le Dr Pierre Daccache. Un des trois sièges maronites de Baabda restera
vacant pour le député Elie Hobeika, le “Hezbollah” ne voulant
pas que son nom figure sur la liste.
Dans un bref communiqué très significatif, Pierre Hélou
affirme: “Baabda qui a toujours été le cœur du Liban, revient
à vous dans la fierté et la dignité de ses fils. Aley
la téméraire, rejoint Baabda pour former une unité
authentique pour tous les Libanais. La circonscription de Baabda-Aley résume
en elle les composantes de la société libanaise et ses forces
politiques. Pierre Hélou énonce les composantes de la coalition
et poursuit: Nous formons une coalition solide pour nous engager dans les
législatives du 27 août, sur la base du respect mutuel entre
les forces qui croient dans les constantes nationales dont, en priorité,
l’unité du peuple libanais, en conformation d’une même vie,
d’un même destin.
Le meeting s’est déroulé dans les jardins de la résidence
des Hélou à Baabda (quartier Brasilia) et les candidats étaient
accueillis par la fanfare de Bsous.
Les huit candidats présents au meeting se sont rendus au domicile
du député Elie Hobeika pour marquer leur alliance. Deux absents:
le Dr Pierre Daccache et M. Ali Ammar (“Hezbollah”).
Dans cette même circonscription, une autre liste patronnée
par M. Walid Joumblatt, affrontera cette coalition. Elle ne sera pas complète,
un siège druze demeurant vacant pour Talal Arslan et, un autre,
pour le candidat du “Hezbollah”. Prenant exemple sur Pierre Hélou,
le leader socialiste a annoncé que sa liste sera proclamée
à partir du domicile d’un des deux pôles chrétiens
influents qui la composent: Salah Honein ou Fouad el-Saad.
AU KESROUAN-JBEIL ET AU CHOUF
Du côté de la circonscription de Kesrouan-Jbeil, les candidatures
sont multiples dont plusieurs des députés actuels et d’autres
nouvelles figures. Mais la formation des listes a été constamment
retardée, nul ne voulant abattre ses cartes en premier.
Au Chouf, Walid Joumblatt a formé sa liste laissant tomber certains
anciens colistiers dont les députés Khalil Abdel-Nour et
Zaher el-Khatib.
Une autre liste avec Naji Boustani sera formée en face et on
s’attend que la liste de Joumblatt soit “percée”, ne serait-ce que
par Zaher el-Khatib qui jouit d’une large popularité à Iklim
el-Kharroub.
LIBAN-SUD, LA BÉKAA ET LE NORD
Au Liban-Sud qui, cette fois, constituera une circonscription
unique, l’entente conclue entre “Amal” et le “Hezbollah” rendra difficile
la réussite des candidats indépendants au sein d’une liste
d’opposition. Ici, il est question “d’autobus” à prendre, alors
qu’ailleurs on parle de “mini-bus”. Il peut toujours y avoir des surprises.
Au Liban-Nord, il y a eu des renversements d’alliances. Le ministre
Sleiman Frangié et Omar Karamé, ancien président du
Conseil, ont rompu leur alliance traditionnelle. M. Frangié a reçu
l’appui de M. Hariri dans la liste pour la circonscription de Tripoli avec,
à ses côtés, le ministre Najib Mikati et M. Ahmed Karamé.
Mme Nayla Moawad reste alliée à M. Omar Karamé avec
d’autres figures, dont M. Samir Frangié.
Pour la circonscription de Akkar - Bécharré, M. Issam
Farès a été le premier à annoncer la formation
d’une liste complète. Une autre doit lui faire face.
A Zahlé, deux listes s’affrontent déjà, celle
présidée par le député Elie Skaff et, un face,
une autre présidée par l’ancien secrétaire général
des Affaires étrangères, l’ambassadeur Fouad Turk.
La formation des listes est à suivre et on sera davantage fixé
la semaine prochaine.
PNL, CNL ET FL OPTENT POUR LE BOYCOTT
Après maintes concertations, le Parti national libéral
(PNL), le courant national libre (aouniste - CNL) et les Forces libanaises
ont décidé de boycotter les législatives 2000.
Dans un communiqué rendu public, ils expliquent les raisons
de cette décision: “Le Liban est devenu un pays satellite et un
otage non déclaré. Sa volonté est paralysée
et ses affaires sont gérées à partir de Damas”, affirme
le communiqué.
Il poursuit: La force de facto en est arrivée à la phase
finale de son plan qui consiste à faire disparaître la personnalité
libanaise grâce à ses alliés locaux aux idéologies
non libanaises et au laisser-faire des pays amis”.
Le communiqué critique: 1) “Une loi électorale qui ignore
les règles les plus élémentaires de la Justice, de
l’égalité, de la représentativité et de la
convivialité. 2) Des circonscriptions taillées à la
mesure des favoris. 3) Une immixtion syrienne flagrante au niveau des alliances
et des candidatures. 4) L’absence d’un gouvernement d’union nationale,
5) L’octroi du droit de vote aux naturalisés malgré le recours
devant le Conseil d’Etat...
“Pour toutes ces raisons, conclut le communiqué et pour beaucoup
d’autres, nous invitons les Libanais à boycotter ces législatives
pour manifester leur refus du fait accompli, de toute atteinte au système
démocratique et de la transformation d’une catégorie de Libanais
en citoyens de deuxième catégorie”.