ULTIMES CONCERTATIONS EN PRÉVISION DU SCRUTIN
LE PNL, LES FL ET LE CNL BOYCOTTENT LES ÉLECTIONS
Les législatives de l’an 2000 s’échauffent, enfin, à trois semaines du scrutin. La plupart des listes sont formées ou sur le point de l’être et les murs, les poteaux électriques, les troncs d’arbres, les panneaux publicitaires sont envahis par les portraits des candidats.
Où en sont les préparatifs dans les différentes circonscriptions et le citoyen peut-il croire qu’il y aura des législatives réellement libres et intègres? Quant aux PNL, CNL et FL, ils appellent au boycottage.

Au niveau de la capitale, l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri a annoncé la formation des listes pour les trois circonscriptions de Beyrouth sous le slogan: “La dignité de Beyrouth”. A noter que M. Hariri se présente dans la première circonscription c’est-à-dire à Achrafieh, Mazraa et Saïfi. Il a sur sa liste comme candidat maronite, le Dr Ghattas Khoury, président de l’Ordre des médecins. Plusieurs autres candidats sont en lice pour cet unique siège maronite de la capitale, dont Massoud Achkar et qui représente les courants proches de l’opposition.
Toujours dans “Beyrouth 1”, on relève le nom d’une candidate téméraire pour l’un des deux sièges sunnites et qui fait cavalier seul. Le Dr Ghada Abdallah Yafi s’est engagée à fond dans la bataille: “Je compte, affirme-t-elle, sur la majorité silencieuse”. Tous ceux qui la connaissent se sont mobilisés, spontanément, en faveur de la fille de l’ancien président Abdallah Yafi. Elle mène campagne “par conviction”, sans avoir recours au pouvoir de l’argent. Nul ne dit qu’elle ne pourra pas obtenir le second siège sunnite de cette circonscription.
Dans Beyrouth II, Tammam Salam fera face à la liste haririenne et, dans Beyrouth III, l’affrontement se fera entre le Dr Salim Hoss et la liste patronnée, également, par M. Hariri. Mais tel qu’on le disait au moment du découpage électoral, les trois circonscriptions de Beyrouth ont été sans doute créées pour permettre aux trois grands pôles sunnites de réussir.
Par ailleurs, le Dr Salim Hoss, Premier ministre, s’est déchaîné contre les dépenses électorales, affirmant dans le cadre d’un meeting tenu à Naameh, à Iklim el-Kharroub: “Jamais dans l’histoire des législatives du Liban, tant de fonds n’ont été dépensés!”

AU MONT-LIBAN
Au Mont-Liban où, jusque-là, les élections se sont déroulées au niveau du caza, un nouveau découpage électoral a été adopté groupant les cazas de Baabda et d’Aley en une circonscription. De même, ceux de Jbeil et Kesrouan; le Metn-Nord et le Chouf demeurant inchangés.
Au Metn-Nord, la bataille s’annonce tout particulièrement serrée. Tout d’abord, deux membres de la famille Lahoud s’y affrontent. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que cela se produit dans les annales législatives de cette famille mordue de politique.
D’un côté, il y a le fils du chef de l’Etat, Emile Lahoud Junior qui se présente, évidemment, sur la liste loyaliste de Michel Murr, ministre de l’Intérieur.
En face Nassib Lahoud, député et ancien diplomate, prône une coalition avec Pierre Amine Gemayel et le Dr Albert Moukheiber. Par ailleurs, la diatribe verbale ne fait que s’envenimer entre MM. Michel Murr et Nassib Lahoud.
Le retour de l’ancien chef de l’Etat, Amine Gemayel, va certainement donner du tonus à la bataille du Metn-Nord que d’aucuns qualifient de “mère des batailles”.


M. Amine Gemayel à Baabda:
Des entretiens francs et sincères.

GEMAYEL POUR LA RÉCONCILIATION NATIONALE
Après le “conseil” qui lui avait été donné par l’ambassadeur du Liban à Paris, de ne pas rentrer à Beyrouth, alors qu’il se préparait à embarquer, l’ancien chef de l’Etat, Amine Gemayel a reçu des assurances fermes de la part de tous les hauts responsables du pays que rien n’empêchait son retour.
Le dimanche 30 juillet, Amine Gemayel est arrivé à l’AIB à bord d’un avion de la MEA, en fin d’après-midi, accompagné de son épouse, Joyce. Au salon d’honneur de l’aéroport, l’accueil de sa famille, de sa mère surtout, était des plus émouvants. Il s’est rendu directement à Bickfaya où une foule estimée à plus de 10.000 personnes lui a réservé un accueil délirant.
Le président Gemayel est le premier leader de l’opposition chrétienne à rentrer au Liban après douze ans d’exil volontaire en France. D’emblée, il a placé son retour sous le signe de la réconciliation nationale, affirmant devant la foule enthousiaste à Bickfaya, “qu’il était décidé à contribuer aux efforts visant à redonner au Liban sa vocation de coexistence entre les civilisations”.
M. Gemayel a rendu visite le lundi 31, moins de 24 heures après son retour, au patriarche maronite, Mar Nasrallah Sfeir, à Dimane, affirmant à l’issue de la rencontre avec Sa Béatitude: “Nos positions sont alignées sur celles de Bkerké. Nous défendons les mêmes constantes nationales”.
Mardi 1er août, l’ancien chef de l’Etat était reçu à Baabda par le président Emile Lahoud; puis, place de l’Etoile, par le chef du Législatif, M. Nabih Berri.
Le président Lahoud lui a souhaité la bienvenue, “ainsi qu’à tout Libanais désireux de rentrer dans son pays”.
Place de l’Etoile, M. Gemayel a présenté ses vœux à M. Berri pour la libération du Liban-Sud. “L’ensemble du peuple libanais, dit-il, n’aspire qu’à davantage de liberté et de démocratie et à la consolidation de la souveraineté nationale”.

À BAABDA-ALEY
Au niveau de la circonscription de Baabda-Aley, Pierre Hélou, ancien ministre et président sortant de la Ligue maronite, a fait figure de véritable “rassembleur” en annonçant, à partir de son domicile, la formation de la coalition qui brigue les onze sièges de cette circonscription. Avec la modestie qui le caractérise, il n’a pas voulu parler de têtes de liste, alors qu’il est dans son plein droit de présider cette coalition, étant donné que sur les onze sièges, cinq reviennent aux maronites, trois aux druzes, deux aux chiites et un aux grecs-orthodoxes.
La coalition groupe l’émir Talal Arslan, le “Hezbollah”, “Amal”, deux membres du PSNS, Marwan Abou-Fadel, le Dr Jean Ghanem et, en principe, le Dr Pierre Daccache. Un des trois sièges maronites de Baabda restera vacant pour le député Elie Hobeika, le “Hezbollah” ne voulant pas que son nom figure sur la liste.
Dans un bref communiqué très significatif, Pierre Hélou affirme: “Baabda qui a toujours été le cœur du Liban, revient à vous dans la fierté et la dignité de ses fils. Aley la téméraire, rejoint Baabda pour former une unité authentique pour tous les Libanais. La circonscription de Baabda-Aley résume en elle les composantes de la société libanaise et ses forces politiques. Pierre Hélou énonce les composantes de la coalition et poursuit: Nous formons une coalition solide pour nous engager dans les législatives du 27 août, sur la base du respect mutuel entre les forces qui croient dans les constantes nationales dont, en priorité, l’unité du peuple libanais, en conformation d’une même vie, d’un même destin.
Le meeting s’est déroulé dans les jardins de la résidence des Hélou à Baabda (quartier Brasilia) et les candidats étaient accueillis par la fanfare de Bsous.
Les huit candidats présents au meeting se sont rendus au domicile du député Elie Hobeika pour marquer leur alliance. Deux absents: le Dr Pierre Daccache et M. Ali Ammar (“Hezbollah”).
Dans cette même circonscription, une autre liste patronnée par M. Walid Joumblatt, affrontera cette coalition. Elle ne sera pas complète, un siège druze demeurant vacant pour Talal Arslan et, un autre, pour le candidat du “Hezbollah”. Prenant exemple sur Pierre Hélou, le leader socialiste a annoncé que sa liste  sera proclamée à partir du domicile d’un des deux pôles chrétiens influents qui la composent: Salah Honein ou Fouad el-Saad.

AU KESROUAN-JBEIL ET AU CHOUF
Du côté de la circonscription de Kesrouan-Jbeil, les candidatures sont multiples dont plusieurs des députés actuels et d’autres nouvelles figures. Mais la formation des listes a été constamment retardée, nul ne voulant abattre ses cartes en premier.
Au Chouf, Walid Joumblatt a formé sa liste laissant tomber certains anciens colistiers dont les députés Khalil Abdel-Nour et Zaher el-Khatib.
Une autre liste avec Naji Boustani sera formée en face et on s’attend que la liste de Joumblatt soit “percée”, ne serait-ce que par Zaher el-Khatib qui jouit d’une large popularité à Iklim el-Kharroub.

LIBAN-SUD, LA BÉKAA ET LE NORD
Au Liban-Sud qui, cette  fois, constituera une circonscription unique, l’entente conclue entre “Amal” et le “Hezbollah” rendra difficile la réussite des candidats indépendants au sein d’une liste d’opposition. Ici, il est question “d’autobus” à prendre, alors qu’ailleurs on parle de “mini-bus”. Il peut toujours y avoir des surprises.
Au Liban-Nord, il y a eu des renversements d’alliances. Le ministre Sleiman Frangié et Omar Karamé, ancien président du Conseil, ont rompu leur alliance traditionnelle. M. Frangié a reçu l’appui de M. Hariri dans la liste pour la circonscription de Tripoli avec, à ses côtés, le ministre Najib Mikati et M. Ahmed Karamé. Mme Nayla Moawad reste alliée à M. Omar Karamé avec d’autres figures, dont M. Samir Frangié.
Pour la circonscription de Akkar - Bécharré, M. Issam Farès a été le premier à annoncer la formation d’une liste complète. Une autre doit lui faire face.
A Zahlé, deux listes s’affrontent déjà, celle présidée par le député Elie Skaff et, un face, une autre présidée par l’ancien secrétaire général des Affaires étrangères, l’ambassadeur Fouad Turk.
La formation des listes est à suivre et on sera davantage fixé la semaine prochaine.

PNL, CNL ET FL OPTENT POUR LE BOYCOTT
Après maintes concertations, le Parti national libéral (PNL), le courant national libre (aouniste - CNL) et les Forces libanaises ont décidé de boycotter les législatives 2000.
Dans un communiqué rendu public, ils expliquent les raisons de cette décision: “Le Liban est devenu un pays satellite et un otage non déclaré. Sa volonté est paralysée et ses affaires sont gérées à partir de Damas”, affirme le communiqué.
Il poursuit: La force de facto en est arrivée à la phase finale de son plan qui consiste à faire disparaître la personnalité libanaise grâce à ses alliés locaux aux idéologies non libanaises et au laisser-faire des pays amis”.
Le communiqué critique: 1) “Une loi électorale qui ignore les règles les plus élémentaires de la Justice, de l’égalité, de la représentativité et de la convivialité. 2) Des circonscriptions taillées à la mesure des favoris. 3) Une immixtion syrienne flagrante au niveau des alliances et des candidatures. 4) L’absence d’un gouvernement d’union nationale, 5) L’octroi du droit de vote aux naturalisés malgré le recours devant le Conseil d’Etat...
“Pour toutes ces raisons, conclut le communiqué et pour beaucoup d’autres, nous invitons les Libanais à boycotter ces législatives pour manifester leur refus du fait accompli, de toute atteinte au système démocratique et de la transformation d’une catégorie de Libanais en citoyens de deuxième catégorie”.

NELLY HELOU

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