IL Y A DIX ANS, L’IRAK ENVAHISSAIT LE KOWEIT

Le 2 août 1990, il y a exactement dix ans, l’Irak envahissait le Koweit; une agression qui devait être à l’origine de la seconde guerre du Golfe, l’année suivante.


Le ciel de Bagdad illuminé par la défense antiaérienne.

En effet, les citoyens koweitiens (et même le gouvernement de cheikh Jaber Ahmed es-Sabah) furent pris de court par l’invasion, à l’aube, de 100.000 soldats irakiens et 300 tanks qui eurent tôt fait d’anéantir la maigre défense du petit émirat. Pourtant, l’accusation portée par Bagdad contre le Koweit, le 18 juillet de la même année, de lui “voler” du pétrole et de lui “grignoter son territoire”, avait conduit à la concentration, depuis une semaine, des troupes irakiennes près de la frontière koweitienne. Le 1er août, l’Irak rompait, aussi, les pourparlers et fermait ses frontières avec le Koweit, signes précurseurs de l’invasion du 2 août.
 

Le jour de l’invasion, les habitants du 
Koweit se sont réveillés au rugissement des 
chars et des bombardements irakiens.

Soldats irakiens tués à Kutswadi, en Irak.

Ce même jour, à New York, le Conseil de Sécurité des Nations Unies réclamait l’évacuation des forces irakiennes du Koweit, adoptant, à cet effet, les résolutions 660 et 661, imposant l’embargo sur Bagdad et le régime de Saddam Hussein.
A Washington, la réaction ne se fit pas attendre: le président George Bush entreprit en étroite collaboration avec le Premier ministre britannique de l’époque, Margaret Thatcher et le président français François Mitterrand, le rassemblement d’énormes troupes armées et leur positionnement dans le Golfe persique, initiative qui devait conduire dès 1991, à l’invasion de la principauté par une coalition multinationale de vingt-neuf Etats, afin d’en chasser les Irakiens. Côté arabe, si la Syrie ne tarda pas à rejoindre la coalition, ainsi que l’Egypte, l’Iran et les Etats du Golfe, la Jordanie, l’OLP et le Yémen penchèrent du côté de l’Irak. Ainsi et sous le commandement du général américain Norman (Stormin’ Norman) Schwarzkopf, dix mille soldats américains et alliés se rassemblent en Arabie saoudite et embarquent en direction des côtes koweitiennes, attendant l’ordre d’invasion terrestre visant l’éviction des troupes irakiennes.
 

L’avion F117A furtif, non détectable 
par les radars: un rôle prépondérant.

Joie et émotion lors de la libération du Koweit.

Pavant le terrain, les attaques aériennes contre l’Irak commencent le 17 janvier, avec les F-117, avions de combat furtifs, entre autres armes. L’Irak riposte par des attaques de missiles Scud sur Israël et l’Arabie saoudite, n’occasionnant, relativement, que de faibles dégâts.
Ce n’est que le 24 février 1991 que survient l’agression terrestre, quand les Alliés avancent en direction de la capitale koweitienne, alors que d’autres troupes envahissent l’Irak dans le but de couper les voies de retraite aux forces irakiennes. Le 26 février, voyant ses milliers d’hommes acculés à se rendre, Saddam Hussein annonce son retrait du Koweit et, le 27 février, le président George Bush lance un appel visant à mettre un terme aux hostilités. L’opération “Bouclier du désert” aura nécessité200.000 soldats, 1200 chars et 760 avions!
 

Des soldats irakiens capturés par les Alliés.

Mais avouons que l’Histoire est riche en paradoxes et que nul ne saurait nier l’ironie du sort! En effet, les dirigeants des pays de la coalition qui espéraient déloger Saddam Hussein du pouvoir ont, eux-mêmes, disparu de la scène:
- Bush a été battu en 1992 par Bill Clinton et son fils, George W qui convoite aujourd’hui la Maison-Blanche, serait tenté de mettre un point final à l’affaire du Golfe héritée de son père;
 

Le président Saddam Hussein au front.

       Le président Bush visitant les 
troupes américaines à Dhahran.

- Thatcher a passé la main à son successeur. Mitterrand est décédé, de même que Hafez Assad, le frère ennemi de Saddam Hussein dans le monde arabe; alors que le roi Fahd d’Arabie saoudite est diminué par la maladie depuis plusieurs années.
Ainsi, dix ans après son éviction du Koweit - qui a raté sa modernisation -, Saddam Hussein continue à défier l’Occident et règne en maître absolu sur l’Irak, sûr que son pays retrouvera sa fierté et se rétablira, indifférent aux sanctions internationales en vigueur depuis 1990, lesquelles ont totalement échoué ou raté leur cible en pénalisant la population civile et non le régime.
 

Un champ de pétrole en flammes.

  La victoire des Alliés célébrée 
devant le monument des Marines .

Cependant, défiée par un dictateur, dont elle veut plus que tout la chute, Washington n’est pas près de céder non plus: elle travaille depuis deux ans sur un projet d’inculpation de Saddam et de ses proches devant un tribunal international pour crimes contre l’Humanité, qui n’a toutefois pas encore abouti à des propositions concrètes.


Tel-Aviv: Les missiles Scud interceptés par les missiles Patriot.

Mais les Etats-Unis qui, rappelons-le, avaient soutenu le président irakien lors du conflit Irak-Iran (1980-1988), semblent avoir regretté ce soutien “à courte vue”, selon la secrétaire d’Etat Madeleine Albright; ils œuvrent aujourd’hui à le destituer, mais restent confrontés à une question cruciale: Par qui remplacer Saddam Hussein? dans cet Irak où de même l’opposition est inquiétante puisqu’elle comporte essentiellement, d’une part, des factions du Kurdistan réputées pour leurs rivalités fratricides et, d’autre part, une opposition islamiste chiite qui, pour le moins qu’on puisse dire, n’apprécie guère Washington.

NICOLE EL-KAREH

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