Le ciel de Bagdad illuminé par la défense
antiaérienne.
En effet, les citoyens koweitiens (et même le gouvernement de
cheikh Jaber Ahmed es-Sabah) furent pris de court par l’invasion, à
l’aube, de 100.000 soldats irakiens et 300 tanks qui eurent tôt fait
d’anéantir la maigre défense du petit émirat. Pourtant,
l’accusation portée par Bagdad contre le Koweit, le 18 juillet de
la même année, de lui “voler” du pétrole et de lui
“grignoter son territoire”, avait conduit à la concentration, depuis
une semaine, des troupes irakiennes près de la frontière
koweitienne. Le 1er août, l’Irak rompait, aussi, les pourparlers
et fermait ses frontières avec le Koweit, signes précurseurs
de l’invasion du 2 août.
![]() Le jour de l’invasion, les habitants du Koweit se sont réveillés au rugissement des chars et des bombardements irakiens. |
![]() Soldats irakiens tués à Kutswadi, en Irak. |
Ce même jour, à New York, le Conseil de Sécurité
des Nations Unies réclamait l’évacuation des forces irakiennes
du Koweit, adoptant, à cet effet, les résolutions 660 et
661, imposant l’embargo sur Bagdad et le régime de Saddam Hussein.
A Washington, la réaction ne se fit pas attendre: le président
George Bush entreprit en étroite collaboration avec le Premier ministre
britannique de l’époque, Margaret Thatcher et le président
français François Mitterrand, le rassemblement d’énormes
troupes armées et leur positionnement dans le Golfe persique, initiative
qui devait conduire dès 1991, à l’invasion de la principauté
par une coalition multinationale de vingt-neuf Etats, afin d’en chasser
les Irakiens. Côté arabe, si la Syrie ne tarda pas à
rejoindre la coalition, ainsi que l’Egypte, l’Iran et les Etats du Golfe,
la Jordanie, l’OLP et le Yémen penchèrent du côté
de l’Irak. Ainsi et sous le commandement du général américain
Norman (Stormin’ Norman) Schwarzkopf, dix mille soldats américains
et alliés se rassemblent en Arabie saoudite et embarquent en direction
des côtes koweitiennes, attendant l’ordre d’invasion terrestre visant
l’éviction des troupes irakiennes.
![]() L’avion F117A furtif, non détectable par les radars: un rôle prépondérant. |
![]() Joie et émotion lors de la libération du Koweit. |
Pavant le terrain, les attaques aériennes contre l’Irak commencent
le 17 janvier, avec les F-117, avions de combat furtifs, entre autres armes.
L’Irak riposte par des attaques de missiles Scud sur Israël et l’Arabie
saoudite, n’occasionnant, relativement, que de faibles dégâts.
Ce n’est que le 24 février 1991 que survient l’agression terrestre,
quand les Alliés avancent en direction de la capitale koweitienne,
alors que d’autres troupes envahissent l’Irak dans le but de couper les
voies de retraite aux forces irakiennes. Le 26 février, voyant ses
milliers d’hommes acculés à se rendre, Saddam Hussein annonce
son retrait du Koweit et, le 27 février, le président George
Bush lance un appel visant à mettre un terme aux hostilités.
L’opération “Bouclier du désert” aura nécessité200.000
soldats, 1200 chars et 760 avions!
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Mais avouons que l’Histoire est riche en paradoxes et que nul ne saurait
nier l’ironie du sort! En effet, les dirigeants des pays de la coalition
qui espéraient déloger Saddam Hussein du pouvoir ont, eux-mêmes,
disparu de la scène:
- Bush a été battu en 1992 par Bill Clinton et son fils,
George W qui convoite aujourd’hui la Maison-Blanche, serait tenté
de mettre un point final à l’affaire du Golfe héritée
de son père;
![]() Le président Saddam Hussein au front. |
![]() Le président Bush visitant les troupes américaines à Dhahran. |
- Thatcher a passé la main à son successeur. Mitterrand
est décédé, de même que Hafez Assad, le frère
ennemi de Saddam Hussein dans le monde arabe; alors que le roi Fahd d’Arabie
saoudite est diminué par la maladie depuis plusieurs années.
Ainsi, dix ans après son éviction du Koweit - qui a raté
sa modernisation -, Saddam Hussein continue à défier l’Occident
et règne en maître absolu sur l’Irak, sûr que son pays
retrouvera sa fierté et se rétablira, indifférent
aux sanctions internationales en vigueur depuis 1990, lesquelles ont totalement
échoué ou raté leur cible en pénalisant la
population civile et non le régime.
![]() Un champ de pétrole en flammes. |
![]() La victoire des Alliés célébrée devant le monument des Marines . |
Cependant, défiée par un dictateur, dont elle veut plus que tout la chute, Washington n’est pas près de céder non plus: elle travaille depuis deux ans sur un projet d’inculpation de Saddam et de ses proches devant un tribunal international pour crimes contre l’Humanité, qui n’a toutefois pas encore abouti à des propositions concrètes.
Tel-Aviv: Les missiles Scud interceptés par
les missiles Patriot.
Mais les Etats-Unis qui, rappelons-le, avaient soutenu le président irakien lors du conflit Irak-Iran (1980-1988), semblent avoir regretté ce soutien “à courte vue”, selon la secrétaire d’Etat Madeleine Albright; ils œuvrent aujourd’hui à le destituer, mais restent confrontés à une question cruciale: Par qui remplacer Saddam Hussein? dans cet Irak où de même l’opposition est inquiétante puisqu’elle comporte essentiellement, d’une part, des factions du Kurdistan réputées pour leurs rivalités fratricides et, d’autre part, une opposition islamiste chiite qui, pour le moins qu’on puisse dire, n’apprécie guère Washington.