La chaleur de la campagne menée par les candidats ne cessera
d’augmenter au fur et à mesure qu’approchera la date du scrutin.
Rien n’est définitif, comme on le sait, au plan des listes et des
alliances qui risquent de changer jusqu’au dernier jour...
Ainsi et contrairement à ses précédentes prises
de position, M. Walid Joumblatt a appelé “à rétablir
l’équilibre des forces, en permettant le retour du général
Michel Aoun, après la rentrée du président Amine Gemayel
et à trouver une solution politique au cas du Dr Samir Geagea”.
Faisant allusion aux “fantômes”, le leader du PSP, a enchaîné:
“Tous les princes de la guerre doivent être soit en prison, soit
en liberté”.
BOYCOTTAGE DU SCRUTIN
Cependant, le fait ayant marqué les derniers jours, a été
l’annonce par trois partis: le PNL, les Forces libanaises (dissoutes) et
le courant aouniste, de leur décision de boycotter les législatives,
mais l’opposition Kataëb n’a pas donné son accord à
ce sujet et c’est sans doute, la conséquence du retour de cheikh
Amine Gemayel.
Pendant ce temps, les tractations battaient leur plein en vue de sceller
les alliances électorales. Ainsi, M. Carlos Eddé, leader
du Bloc national, conférait avec M. Georges Ephrem en vue d’une
alliance à Jbeil-Kesrouan où deux listes semblent devoir
s’affronter.
A Beyrouth, alors qu’on attendait la proclamation par le président
Salim Hoss de sa liste jeudi (hier), M. Tammam Salam a fait savoir qu’il
ferait connaître les noms de ses colistiers aujourd’hui vendredi,
après que le parti arménien “Tachnag” aura désigné
ses candidats dans les différentes circonscriptions et la partie
avec laquelle il compte coopérer aux législatives.
La liste du chef du gouvernement comprendra: MM. Mohamed Machnouk,
Mohamed Berjaoui, Habib Ephrem (syriaque) et le candidat Tachnag, le siège
grec-orthodoxe étant laissé vacant, afin de favoriser la
réélection de M. Najah Wakim à qui on prête
l’intention de constituer une liste incomplète.
Dans le cadre des alliances, une rencontre a rassemblé cheikh
Hassan Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah”
et une délégation du Tachnag dirigée par M. Sebouh
Hovnanian. Un accord, dit-on, serait intervenu entre les deux parties,
en vue d’une coopération dans les circonscriptions où ils
ont des candidats, le parti arménien devant nommer ses candidats
jeudi (hier).
Au Metn, M. Michel Murr, ministre de l’Intérieur, proclamera
sa liste à la fin de la semaine prochaine, après qu’aura
été tranchée la position des Kataëb par rapport
à la candidature de son chef, Me Mounir Hajj.
POLÉMIQUE MURR - N. LAHOUD
Les milieux politiques ont relevé la virulence de la polémique
opposant, ces derniers jours, MM. Michel Murr et Nassib Lahoud, celui-ci
s’étant plaint auprès du chef du gouvernement de la suppression
de ses portraits collés sur les panneaux publicitaires dans la région
metniote.
Le ministre de l’Intérieur a prétendu qu’il n’y était
pour rien et que c’était l’œuvre des municipalités où
ces panneaux sont fixés, probablement parce que l’affichage des
portraits transgresse la loi régissant la publicité commerciale.
“Ces panneaux, soutient M. Murr, ne peuvent être utilisés
à des fins politiques”...
“Et si les portraits de M. Murr avaient été affichés,
les représentants de l’ordre auraient-ils eu le courage de les supprimer?”,
demande M. Lahoud.
Sur un autre plan, il y a lieu de faire état d’une rencontre
entre cheikh Hassan Nasrallah et le président Hussein Husseini,
en vue d’une alliance entre l’ancien chef du Législatif et le “Hezbollah”
à Baalbeck-Hermel.
Dans le même temps, le président Nabih Berri a conféré
avec le chef des “Hezbollahis”, en présence de MM. Ayoub Hmayed,
Ali Hassan Khalil et Ibrahim Amine el-Sayed, députés.
En ce qui concerne la réunion Husseini - Nasrallah, rien n’en
a transpiré, mais on présume qu’une liste de coalition serait
formée entre les deux parties comprenant, en plus du président
Husseini, MM. Ghazi Zéaïter, Assem Kanso, Marwan Farès
(députés) et Nader Souccar, trois candidats chiites et deux
de leurs alliés sunnites: Ibrahim Bayane, ainsi qu’un autre candidat
de la famille Solh, Rifaï ou Massoud Houjairi.
En ce qui concerne le tandem “Amal” - “Hezbollah”, MM. Berri et Nasrallah
ont jugé nécessaire une alliance électorale entre
eux dans toutes les circonscriptions, le nombre des candidats pour les
deux camps ayant été, d’ores et déjà, fixé.
HARIRI PATRONNE TROIS LISTES
Pour en revenir à Beyrouth, il y a lieu de signaler la proclamation,
par le président Rafic Hariri, des listes qu’il patronne dans les
trois circonscriptions de la capitale.
Fait à signaler: le Hentchag a radié de ses rangs M.
Yéghia Jérédjian pour avoir rallié la liste
haririenne avant que le parti prenne une décision à ce sujet.
Il semble, en tout cas, que le “cas Jérédjian” divise ce
parti arménien pour le moment et ce dernier a tardé plus
que de coutume, à désigner ses candidats.
A Baabda-Aley, l’émir Talal Arslane et sa liste feront face
à une autre formée par le Front de lutte nationale (joumblattiste).
M. Elie Hobeika n’a pas été retenu dans la liste de l’émir
Talal, à cause du refus du “Hezbollah” de voir y figurer le député
de Baabda.
Les conciliabules entre M. Walid Joumblatt et cheikh Hassan Nasrallah
n’ont pas abouti jusqu’ici à un accord au plan électoral
entre les deux partis. Mais M. Joumblatt a promis de ne pas combattre le
candidat du “Hezb” (Ali Ammar), le second candidat chiite de sa liste restant
vacant. Dans ce cas, la bataille se limitera à MM. Ammar, Bassem
Sabeh et Salah Haraké.
LAHOUD AU-DESSUS DE LA MÊLÉE
Cela dit, quelle est la position du chef de l’Etat envers toutes ces
tractations et alliances, d’autant que son fils Emile est candidat au Metn?
La coterie du palais de Baabda assure que le président de la
République adopte, en l’occurrence, une position strictement neutre
et compte rester au-dessus de la mêlée.
Il l’a montré clairement dans l’“affaire Amine Gemayel”, ce
qui a permis le retour de l’ex-président après douze ans
d’exil.
Cheikh Amine est retourné de Paris à bord d’un avion
de la MEA, accompagné de son épouse Joyce. Il a été
accueilli à l’AIB par sa mère, Mme Geneviève Gemayel,
son fils Pierre, ainsi que par d’autres membres de la famille et des partisans.
“Je suis heureux de me retrouver au Liban”, a dit le président Gemayel,
qui n’a pu cacher des larmes d’émotion au moment d’embrasser sa
mère.
Cheikh Amine a rendu hommage à la Résistance “qui a eu
le mérite de libérer le Sud et la Békaa-ouest de l’occupation
israélienne”. Il devait gagner Bickfaya où un accueil particulièrement
enthousiaste lui a été réservé.
Le lendemain de son retour, il a rendu visite aux présidents
Lahoud, Berri, Hoss, ainsi qu’à S.Em. le cardinal Sfeir, à
Dimane.
Mais revenons à la capitale, où une bataille particulièrement
dure semble devoir mettre face à face trois grands hommes politiques:
MM. Salim Hoss, Rafic Hariri et Tammam Salam. M. Hariri a proclamé
sa liste et les deux autres qu’il patronne, coupant ainsi la voie à
toute tentative de coalition, ainsi que l’a révélé
M. Tammam. Celui-ci a dit que l’ancien chef du gouvernement avait déjà
pris sa décision depuis deux mois en ce qui concerne les noms de
ses colistiers, les pourparlers qu’il a engagés avec lui ayant été
de pure forme, car M. Hariri croit pouvoir revenir en force à la
Chambre des députés et, partant, récupérer
la troisième présidence.
M. Hariri qui avait cru avoir remporté une “victoire” au terme
du débat institué au parlement, la semaine dernière,
autour du projet portant fusion de certains ministères et organismes
étatiques, devait être désagréablement surpris
en apprenant, le soir du même jour, que le Conseil des ministres
avait confié à une commission ministérielle le soin
de reconsidérer le plan directeur de la société “Solidere”.
Ce qui pourrait être suivi d’une réévaluation des estimations
des biens-fonds sur lesquelles cette dernière a fait mainmise...
pour une bouchée de pain. Ceci a provoqué les protestations
des propriétaires du centre-ville.