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"J’ai servi mon pays en tant que simple citoyen, député et chef du parlement et je reste disposé à le servir à partir de n’importe quelle position, les charges officielles étant le dernier de mes soucis”, affirme le président Hussein Husseini. Evoquant les élections législatives, l’ancien chef du Législatif n’a pas écarté la mise sur pied d’une liste de coalition comprenant des représentants du “Hezbollah” et n’a pas éloigné la possibilité de voir ce parti représenté au sein du futur gouvernement. |
De l’avenir des relations libano-syriennes et du processus de paix,
M. Husseini commence par se féliciter de l’accession du Dr Bachar
Assad à la magistrature suprême, “parce que c’est la personnalité
la plus apte à combler le vide laissé par le président
Hafez Assad”.
Quant aux accords signés entre les deux pays, il s’attend à
ce qu’ils soient appliqués d’une manière plus parfaite et
que les deux pays signataires en tirent profit dans les divers domaines.
“D’aucuns émettent des doutes quant à la validité
de ces accords qui, selon eux, seraient davantage en faveur de la Syrie.
En réalité et comme ne cessait de le répéter
le président Assad, nous formons un peuple dans deux pays. Autrement
dit, ce qui bénéficie à l’un se répercute,
avantageusement, sur l’autre.
“Quoi qu’il en soit, il importe d’instituer un organisme ayant pour
tâche de dissiper tous les malentendus et divergences ou de réactiver
le Conseil supérieur libano-syrien, afin de prévenir toute
perturbation de nos rapports dans l’intérêt commun”.
Certains milieux réclament l’application de l’accord de Taëf,
en ce qui concerne notamment le redéploiement des forces syriennes
stationnées sur le territoire libanais. Qu’en pensez-vous?
Les Libanais réclament, unanimement, le recouvrement de la souveraineté
de leur pays et son indépendance absolue. Cependant, il existe un
malentendu autour de cette question et il nous faut réaliser qu’aucune
souveraineté n’est possible et encore moins l’indépendance
sans unité nationale. Il nous faut donc sceller cette unité.
Puis, la Syrie est entrée au Liban à la demande de l’Autorité
légale libanaise, en vertu de l’accord de défense arabe commune.
Nous devons donc maintenir le dialogue avec la Syrie sur base des principes
définis par l’accord de la fraternité, de la coopération
et de la coordination. Le rapatriement des forces syriennes doit s’opérer
avec l’idée qu’elles nous ont aidés dans les moments difficiles:
d’abord, à mettre fin à la guerre; ensuite, à remettre
sur pied nos institutions et infrastructures, tout en consolidant notre
unité nationale.
COMMENT RÉALISER L’UNITÉ NATIONALE?
Justement, cette unité nationale n’a pas encore été
consolidée, dix ans après la fin des événements
et l’adoption de l’accord de Taëf!
Si l’unité nationale n’avait pas été réalisée,
nous n’aurions pu restructurer l’Armée libanaise, réactiver
les institutions étatiques, libérer le Sud et la Békaa-ouest
grâce au soutien unanime apporté par notre peuple à
la Résistance.
Puis, nous jouissons de la sécurité, de la stabilité
et de la paix civile, tout en nous souciant de sauvegarder notre système
démocratique basé sur les libertés publiques. C’est
une première étape qui nous conduira à celle de la
réforme en vue d’édifier l’Etat de la loi et des institutions.
La prochaine bataille (de la réforme) a déjà commencé
et sera menée jusqu’à son terme au lendemain des prochaines
législatives. Nous toucherons, alors, du doigt l’évolution
aux plans politique, administratif, économique et financier.
Le dernier conseil des prélats maronites a donné le
signal d’alarme au triple plan politique, économique et sécuritaire,
surtout au Sud où il a réclamé le déploiement
de l’Armée. Qu’auriez-vous à dire à ce sujet?
En réalité, nous ne considérons pas Bkerké
en tant qu’instance religieuse, uniquement. Le siège patriarcal
maronite a un rôle à jouer dans la consolidation de l’unité
nationale. Bkerké traduit, par ses communiqués mensuels et
les homélies du patriarche Sfeir, les appréhensions des citoyens,
surtout en cette période de crise, plus pesante que celle dont nous
avons pâti durant la guerre. Mais cela ne signifie pas que la hiérarchie
maronite désespère de l’unité nationale. Au contraire,
elle se préoccupe de favoriser l’édification de l’Etat des
institutions seul capable de mettre un terme à nos crises, sur la
base de plans pratiques à long terme.
Je crois qu’à travers le dialogue permanent et constructif entre
tous les Libanais, nous pourrons dépasser bien des épreuves
et aplanir tous les obstacles.
POUR LE MOHAFAZAT
Que pensez-vous de la nouvelle loi électorale?
La nouvelle loi électorale, comme l’a exprimé le président
Lahoud, n’exclut personne. Les circonscriptions ont été séparées
de façon à ce qu’il n’y ait pas de concurrence pouvant mener
à des conflits nuisant à l’unité nationale et servant
les intérêts d’Israël. Malgré mon opposition à
cette loi, j’approuve ses objectifs.
Vous étiez à Téhéran en même temps
que le secrétaire général du “Hezbollah”. Y a-t-il
en perspective une alliance politique entre vous?
Je préconise la formation de listes de coalition. Il en est
de même pour le “Hezbollah”. Quoique retardée suite au décès
du président Hafez Assad, ma récente visite à Téhéran,
à l’invitation du ministre iranien des Affaires étrangères,
n’a pas de lien avec celle effectuée par Sayyed Hassan Nasrallah.
Vous n’y êtez-vous pas rencontrés par hasard?
Je l’avais rencontré avant mon départ. Je me suis entretenu
avec le chef de l’Etat, les présidents de la Chambre et du Conseil;
ainsi que le président du Conseil supérieur chiite; Sayyed
Nasrallah, cheikh Fadlallah et d’autres responsables au sujet des questions
qui devaient être discutées à Téhéran.
MES RELATIONS AVEC TÉHÉRAN
Quel est le but de votre invitation en République islamique?
Mes relations avec l’Iran sont très anciennes. J’étais
parmi les partisans de la Révolution iranienne et des liens étroits
m’unissaient avec le commandement et les piliers de la République
islamique. Je l’ai visitée après le déclenchement
de la Révolution en 1979. J’y ai été invité
en 1992, mais les circonstances m’ont empêché de m’y rendre.
ALLIANCES ÉLECTORALES
Comment prévoyez-vous les alliances dans la circonscription
de Baalbeck - Hermel?
La première option serait une liste de coalition entre nous
et le “Hezbollah” devant comprendre des forces partisanes et autres. Aussi,
doit-il y avoir une représentation saine et un bloc parlementaire
après les élections qui assumerait ses charges envers les
citoyens, abstraction faite de l’appartenance du député à
un parti déterminé. Si cette option était impossible
à se réaliser, des listes concurrentes seraient alors formées.
Pourquoi la question du déploiement de l’Armée au Liban-Sud
est-elle considérée comme une ligne rouge?
Lorsque l’Etat sera convaincu du retrait israélien, aucun problème
ne se posera au déploiement de l’Armée.
Le déploiement de l’Armée est-il lié au retrait
israélien ou à la question des camps palestiniens?
Il est lié au retrait israélien, la question des camps
palestiniens devant être réglée autrement. L’Etat doit
prendre les mesures nécessaires en vue de régler ces problèmes
qui menacent la sécurité et la stabilité du Liban.
Le “Hezbollah” a remporté la victoire de la libération.
Serait-il récompensé par une plus grande représentation
parlementaire ou des portefeuilles ministériels?
Le “Hezbollah” a son bloc parlementaire et il est erroné de
croire que les gouvernements refusaient sa participation.
Cependant, en tant que Résistance, il n’a pas intérêt
à s’engager dans des conflits politiques. Il doit être appuyé
par l’unité nationale, abstraction faite d’autres considérations.
Je ne vois aucun empêchement à sa participation aux prochains
Cabinets.
Cette participation se fera au détriment de qui?
Ce n’est pas une question de quote-part. Selon Taëf, nous devons
assurer l’équilibre avec la participation de toutes les parties
au Pouvoir. Un gouvernement équilibré prendrait des décisions
nationales, non partisanes ou confessionnelles.
On dit que le “Hezbollah” soutient votre candidature à la
présidence de la Chambre...
Je n’en sais rien. J’ai servi mon pays en tant que citoyen, député
et président de l’Assemblée et je suis prêt à
le faire où que je sois.