Le
retard mis par la Finul à prendre position dans les zones évacuées
par “Tsahal” et, partant, le report jusqu’à mercredi du déploiement
de la force mixte (Armée-FSI), a eu pour conséquence d’entretenir
la tension, en raison des échanges d’injures ayant entraîné
souvent des tirs de la part des Israéliens. A présent, le
vide sécuritaire est pratiquement comblé.
Pour étranges qu’apparaissent les jets de pierres à la
porte de Fatma, les Libanais - et l’opinion internationale - ne s’expliquent
pas ce phénomène, devenu un “sport national”, que pratiquent
les habitants sudistes et les visiteurs de la zone frontalière.
D’autant que le lancement de projectiles contre le territoire israélien
provoque des tirs de représailles et non seulement des coups de
semonce, faisant souvent des victimes et des blessés graves. Le
cas de deux confrères - une correspondante de Radio-Canada et un
correspondant de l’AFP - atteints au cours d’un échange de tirs,
au début de la semaine, en est un exemple parmi tant d’autres.
Cette fois, les lanceurs de pierres ont également lancé
un cocktail Molotov. Aussi, les soldats israéliens ont-ils riposté
au moyen de balles réelles et non plus caoutchoutées. Depuis
le retrait israélien fin mai dernier, on a déploré
dix-sept blessés et la liste risque de s’allonger, s’il n’est pas
mis fin au vide sécuritaire à la frontière.
Fait curieux: la FINUL laisse entendre, par la voix de son porte-parole,
que “les Casques Bleus seraient disposés à se déployer
à la “porte de Fatma”, si le gouvernement libanais leur donnait
le feu vert..., car les forces onusiennes opèrent en parfaite coordination
avec les autorités officielles libanaises”.
La force mixte (Armée-FSI) s’est déployée mercredi
à l’aube, après la prise de position de la FINUL - et nous
voulons espérer qu’elle aura déjà occupé les
points à elle assignés au moment où paraîtront
ces lignes - sinon la tension persistera et en plus des jets de pierres
et des ripostes armées de la part des Israéliens, les échanges
d’invectives et d’injures ne cesseront pas. On verra encore des spectacles
aussi peu édifiants que celui d’un soldat israélien se déculottant
pour montrer son postérieur aux gens d’en face.
Le ministre de l’Intérieur a précisé que “la mission
de la force mixte se limitait à assurer la sécurité
à l’intérieur du territoire national... non à la frontière
libano-israélienne, cette dernière mission étant du
ressort de la FINUL”.
Cependant, tant que les effectifs des forces onusiennes ne sont pas
renforcés, celles-ci ne sont pas en mesure de s’acquitter de leur
rôle. Il faut qu’elles soient épaulées par nos forces
régu-lières. D’ailleurs, le gouverne-ment de Paris encourage
le Liban à agir dans ce sens, “en complétant le déploiement
de la FINUL par celui de ses propres forces armées dans les meilleurs
délais possibles”.
On peut se réjouir de la parfaite coordination existant entre
l’Etat libanais et l’ONU et devant être raffermie davantage après
la nomination, par M. Annan, secrétaire général, de
son directeur adjoint de Cabinet, Rolf Knutsson (un Suédois), comme
envoyé spécial au Liban-Sud. |