LA FORMATION DES LISTES RÉSERVE BIEN DES SURPRISES
La “bombe” électorale de la semaine aura été l’annonce, par M. Najah Wakim, de son retrait des législatives. Il justifie sa décision dans un communiqué virulent où il dénonce “les failles du système, de la pratique et des dangers qui menacent le pays”.
Autrement, les contours des législatives des 27 août et 3 septembre se mettent en place et il est certain que les batailles serrées auront lieu à Beyrouth, dans les deux Metn et au Nord.


Le président Salim Hoss:
“Face à la montagne d’argent”.

Dans le cadre d’une conférence de presse tenue à l’hôtel Carlton, le député de Beyrouth annonce qu’il ne posera pas sa candidature aux législatives, ainsi que les membres de la liste du “Mouvement du Peuple” qu’il voulait former.
Stupéfaction générale dans l’assistance et au niveau national. Est-il possible que celui qui a toujours fait figure de proue de l’opposition au sein de l’hémicycle puisse se désister de la sorte?
Les raisons invoquées sont graves. Il ne mâche pas ses mots: “Quel parlement va-t-il naître de ces alliances préfabriquées? Nous avons essayé d’ouvrir une petite brèche dans la loi électorale et en faveur de la démocratie, mais en vain”.
Wakim fait le bilan de la situation dans le pays depuis la fin de la guerre: “Une bande formée des miliciens de la guerre et des miliciens du capital s’est emparée du Pouvoir.
“De 1992 à 1998, ceux-ci ont augmenté treize fois la dette publique étranglant l’économie et détruisant les secteurs de production... Nous mettions sans cesse en garde et criions la vérité... Le changement qui a eu lieu en 1998 et s’est exprimé dans le discours d’investiture présidentiel portait de belles promesses. En toute sincérité, je le dis, je crois dans les bonnes intentions de ceux qui les ont proclamées, mais il y a eu beaucoup d’erreurs”...
Le député “frondeur” poursuit: “Ce que le pays aura à affronter de plus grave dans la phase à venir et qui se trame dans les coulisses, est la formation d’un gouvernement déjà préfabriqué. Sa première mission sera de porter, en deux ans, la dette publique à 40 milliards de dollars; puis, d’en éliminer une partie en échange de l’implantation des Palestiniens”.
Il aborde la question de la relation libano-syrienne affirmant: “Elle doit être forte, mais saine (...) Nous ne voulons pas, conclut-il, réduire notre lutte et notre cause à un siège parlementaire dans une patrie défunte”.
La question essentielle qui se posait suite à cette “bombe”, était de savoir si la défection de M. Wakim était irréversible ou s’il s’agissait d’une manśuvre électorale. Pour l’heure, il continue à affirmer qu’elle est “définitive” et “qu’il poursuivra la lutte avec d’autres moyens aux côtés du peuple”.
Il est essentiel de relever que la candidature de M. Najah Wakim à Beyrouth II avait provoqué un désaccord entre l’ancien président du Conseil, Rafic Hariri et M. Tammam Salam qui voulait maintenir vacant le siège grec-orthodoxe dans cette circonscription sur la liste, alors que M. Hariri tenait à M. Béchara Merhej.
M. Wakim reviendrait-il sur sa décision?


M. Najah Wakim:
La lutte pour la démocratie est vaine!

À BEYROUTH: HOSS ET SALAM FORMENT LEURS LISTES
Au niveau des trois circonscriptions de la capitale, le tableau électoral est en train de se compléter, avec la proclamation dans la deuxième circonscription de la liste de Tammam Salam et dans la troisième de la liste présidée par le Dr Salim Hoss.
Au siège de l’Ordre de la Presse, le Premier ministre a annoncé la formation de sa liste qui groupe trois ministres: MM. Mohamed Youssef Beydoun, Issam Naaman et Arthur Nazarian, ainsi que MM. Ahmed Tabbara, Hagop Pakradouni et Estéphan Obajian.
Dans son communiqué, il a évoqué le bilan de son action au pouvoir, diagnostiqué les maux dont souffre le pays et prescrit les remèdes qui, d’après son analyse, permettront une relève à tous les niveaux. Une fois de plus, il s’insurge contre le pouvoir de l’argent: “Notre véritable adversaire dans cette bataille électorale est l’argent politique, dit-il, qu’on emploie pour entraver les libertés publiques. Nous nous heurtons à une montagne d’argent”.
M. Tammam Salam a de même annoncé la formation de sa liste dans Beyrouth II, y laissant un siège vacant pour la communauté grecque-orthodoxe. La liste groupe, aux côtés de M. Salam: MM. Mohamed Machnouk, Mohamed Berjaoui, Mihran Safarian et Habib Ephrem.
La proclamation de la liste s’est faite à partir de son domicile à Moussaïtbé où, dans son discours il a dénoncé, lui aussi, le pouvoir de l’argent.
“Toutes les possibilités financières, a-t-il affirmé, sont mises à contribution pour acheter le ciel, la terre, l’espace et même les fenêtres”.
Sur la liste Salam, le candidat chiite représente le “Hezbollah”.
Interrogé sur le fait que M. Hariri a laissé le siège chiite vacant sur sa liste dans la même circonscription, M. Mohamed Berjaoui répond: “Le Hezbollah n’a de cadeaux à recevoir de personne”.


MM. Tammam Salam:
“On achète tout”.

LES ARMÉNIENS OPTENT POUR LA “LÉGALITÉ”
Fidèles à une ligne politique suivie de tout temps, les partis arméniens ont désigné leurs candidats aux législatives à Beyrouth, au Metn-Nord et dans la Békaa.
Dans un communiqué conjoint publié par le comité central du parti Tachnag et le comité exécutif du parti Hentchag, les deux formations affirment que le choix des candidats est le résultat d’une série de consultations avec les chefs spirirituels, les partis et les notables arméniens du Liban”. Le communiqué ajoute: “Ces candidats de coalition représentent l’unité des rangs arméniens”.
Pour Beyrouth, les candidats sont: Abraham Dedeyan, Mihran Safarian (Hentchag) Hagop Pakradouni (Tachnag), Arthur Nazarian et Estéphan Obajian. Au Metn-Nord, Sebouh Hovnanian (Tachnag) et pour Zahlé Georges Kassarji.
Evidemment, d’autres candidats arméniens sont sur les listes patronnées par M. Hariri à Beyrouth, notamment Jean Oghassapian, ancien officier qui a démissionné pour s’engager dans la politique, ainsi que Nizar Najarian, proche des Forces Libanaises.


M. Misbah el-Ahdab:
Des exigences financières?

AU MONT-LIBAN
Au Kesrouan, le tableau électoral est en train de se mettre en place. Une première liste vient d’être formée groupant l’ancien ministre Georges Frem, les députés Camille Ziadé, Elias el-Khazen et Mansour el-Bone, Me Neemetallah Abi-Nasr pour le Kesrouan.
Pour Jbeil MM. Nazem Khoury, Farès Souaïd et Moustapha Husseini.
Une deuxième liste doit se former autour de l’ancien ministre Farès Bouez et devant grouper: MM. Farid Haykal el-Khazen, Gilberte Zouein (Kesrouan), Emile Naufal, François Bassil et Abbas Hachem (Jbeil).
Une troisième liste est en gestation dont l’une des figures est un jeune ingénieur plein de dynamisme Clovis el-Khazen, qui prône de nouvelles idées sur la scène politique.
Certains des partisans de M. Georges Frem lui reprochent, d’ailleurs, de ne pas avoir honoré les engagements antérieurs qu’il avait pris en faveur du changement et d’être resté dans le courant traditionnel.

BAABDA - ALEY
Cette région a toujours été connue pour la présence active des partis politiques. Même si les partis, de nos jours, n’ont plus l’impact et l’influence qu’ils avaient avant la guerre, ils sont présents et on les retrouve sur la liste Hélou-Arslane, autant que sur celle patronnée par M. Walid Joumblatt.
La première dejà formée et officiellement proclamée depuis une semaine, groupe le “Hezbollah”, le mouvement “Amal”, le parti social national syrien (PSNS), le courant Arslan et indirectement le “Waad”, parti de M. Hobeika.
Du côté de la liste (de 9 membres sur onze) parrainée par M. Walid Joumblatt, on relève une alliance entre le PSP, les Kataëb, des proches du Bloc National et le courant haririen. Un siège chiite pour le “Hezbollah” est gardé libre; un autre pour Arslan.
Le Parti national libéral est le grand absent de ces listes lui qui, autrefois, du temps de feu le président Chamoun, était des plus actifs dans la région de Baabda. Le PNL, ainsi que les F.L. et le courant aouniste ont décidé d’appeler au boycott de ce scrutin, tel que nous l’avions évoqué dans notre précédente livraison (Voir “La Revue du Liban” - NÞ3752 du 5 au 12 août).
Au Metn-Nord, rien de vraiment nouveau, sinon la diatribe opposant le ministre de l’Intérieur, Michel Murr au député Nassib Lahoud. On s’attend, par ailleurs, à la formation d’une ou de deux listes face à celle de M. Murr.
M. Nassib Lahoud, le Dr Albert Moukheiber et M. Pierre Amine Gemayel ne forment-ils pas une même liste? Et est-ce vrai que sur la liste Murr, la place de Moukheiber resterait vacante?
A noter, aussi, que les alliances électorales au Metn-Nord (Kataëb et PSNS sur une même liste) et au Metn-Sud (PSP et Kataëb, PSNS et Hezbollah sur une autre), sont plutôt contre nature. Mais les impératifs du scrutin sont autres que les idéaux politiques.
Au Chouf, face à la liste Joumblatt, une deuxième est toujours en gestation autour de deux pôles maronite et sunnite: Me Naji Boustani à Deir el-Qamar et le député Zaher el-Khatib à Iklim el-Kharroub.

LIBAN-NORD, SUD ET BÉKAA
Une surprise de taille à Tripoli: le député Misbah el-Ahdab qui devait figurer sur l’une des deux listes principales de cette circonscription, fera cavalier seul. De fait, M. Najib Mikati, ministre des T.P., ayant à ses côtés le ministre de l’Agriculture Sleiman Frangié, a annoncé la formation de la liste qui se présente comme suit: Pour Tripoli: Najib Mikati, Ahmad Karamé, Mohamed Kabbara, Mohamed Safadi, Jean Obeid, Maurice Fadel et Ahmed Hbous. Pour Zghorta: Sleiman Frangié, Estéphan Doueihy et César Moawad. Pour Minyé: Salah Kheir. Pour le Koura: Farid Mekari, Fayez Ghosn et Salim Saadé. Pour Batroun: Sayed Akl et Boutros Harb.
Misbah el-Ahdab ne figure pas sur la liste et M. Mikati donne l’explication suivante: “La liste devait être en principe complète. Malheureusement, le député el-Ahdab avait des revendications personnelles et financières que nous avons tous refusées”.
Quant à M. Frangié, il va plus loin disant que “M. Ahdab aurait demandé trois cent cinquante mille dollars pour se joindre à la liste. Une condition qui a été unanimement rejetée.”
Le jeune député nordiste qui jouit d’une large popularité à Tripoli, rejette ces allégations disant que l’argent réclamé était destiné à financer la machine électorale. Ahdab considère plutôt qu’il a été écarté de la liste, car les autres membres sont persuadés que M. Omar Karamé va la percer.
Confiant en lui-même, il fera cavalier seul.
La deuxième liste doit voir le jour autour de M. Omar Karamé et de Mme Nayla Moawad, les maronites de Tripoli devant être représentés par M. Samir Frangié.
Dans la première circonscription du Liban-Nord qui groupe le Akkar, Bécharré et Denniyeh, deux listes se font face déjà et une troisième est en préparation.
Sur le front électoral du Liban-Sud et des différentes circonscriptions de la Békaa, la situation est assez calme encore et on se demande s’il y aura vraiment des surprises, que ce soit à Zahlé où deux listes s’affrontent où à Baalbeck-Hermel. A noter que le député Chawki Fakhoury a annoncé qu’il ne se présentait pas. Quant au chef religieux du “Hezbollah”, cheikh Hassan Nasrallah, il s’est déplacé en personne au domicile de Hussein Moussawi à Baalbeck pour lui demander de retirer sa candidature, afin que l’électorat chiite demeure unifié autour des candidats intégristes.

Le dépôt des candidatures pour le Mont-Liban et le Nord s’achève aujourd’hui vendredi 11 août et, le retrait, le vendredi 18 août. Le scrutin devant se dérouler, pour ces deux circonscriptions, le 27 août.

NELLY HELOU

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