Le président Salim Hoss:
“Face à la montagne d’argent”.
Dans le cadre d’une conférence de presse tenue à l’hôtel
Carlton, le député de Beyrouth annonce qu’il ne posera pas
sa candidature aux législatives, ainsi que les membres de la liste
du “Mouvement du Peuple” qu’il voulait former.
Stupéfaction générale dans l’assistance et au
niveau national. Est-il possible que celui qui a toujours fait figure de
proue de l’opposition au sein de l’hémicycle puisse se désister
de la sorte?
Les raisons invoquées sont graves. Il ne mâche pas ses
mots: “Quel parlement va-t-il naître de ces alliances préfabriquées?
Nous avons essayé d’ouvrir une petite brèche dans la loi
électorale et en faveur de la démocratie, mais en vain”.
Wakim fait le bilan de la situation dans le pays depuis la fin de la
guerre: “Une bande formée des miliciens de la guerre et des miliciens
du capital s’est emparée du Pouvoir.
“De 1992 à 1998, ceux-ci ont augmenté treize fois la
dette publique étranglant l’économie et détruisant
les secteurs de production... Nous mettions sans cesse en garde et criions
la vérité... Le changement qui a eu lieu en 1998 et s’est
exprimé dans le discours d’investiture présidentiel portait
de belles promesses. En toute sincérité, je le dis, je crois
dans les bonnes intentions de ceux qui les ont proclamées, mais
il y a eu beaucoup d’erreurs”...
Le député “frondeur” poursuit: “Ce que le pays aura à
affronter de plus grave dans la phase à venir et qui se trame dans
les coulisses, est la formation d’un gouvernement déjà préfabriqué.
Sa première mission sera de porter, en deux ans, la dette publique
à 40 milliards de dollars; puis, d’en éliminer une partie
en échange de l’implantation des Palestiniens”.
Il aborde la question de la relation libano-syrienne affirmant: “Elle
doit être forte, mais saine (...) Nous ne voulons pas, conclut-il,
réduire notre lutte et notre cause à un siège parlementaire
dans une patrie défunte”.
La question essentielle qui se posait suite à cette “bombe”,
était de savoir si la défection de M. Wakim était
irréversible ou s’il s’agissait d’une manśuvre électorale.
Pour l’heure, il continue à affirmer qu’elle est “définitive”
et “qu’il poursuivra la lutte avec d’autres moyens aux côtés
du peuple”.
Il est essentiel de relever que la candidature de M. Najah Wakim à
Beyrouth II avait provoqué un désaccord entre l’ancien président
du Conseil, Rafic Hariri et M. Tammam Salam qui voulait maintenir vacant
le siège grec-orthodoxe dans cette circonscription sur la liste,
alors que M. Hariri tenait à M. Béchara Merhej.
M. Wakim reviendrait-il sur sa décision?
M. Najah Wakim:
La lutte pour la démocratie est vaine!
À BEYROUTH: HOSS ET SALAM FORMENT LEURS
LISTES
Au niveau des trois circonscriptions de la capitale, le tableau électoral
est en train de se compléter, avec la proclamation dans la deuxième
circonscription de la liste de Tammam Salam et dans la troisième
de la liste présidée par le Dr Salim Hoss.
Au siège de l’Ordre de la Presse, le Premier ministre a annoncé
la formation de sa liste qui groupe trois ministres: MM. Mohamed Youssef
Beydoun, Issam Naaman et Arthur Nazarian, ainsi que MM. Ahmed Tabbara,
Hagop Pakradouni et Estéphan Obajian.
Dans son communiqué, il a évoqué le bilan de son
action au pouvoir, diagnostiqué les maux dont souffre le pays et
prescrit les remèdes qui, d’après son analyse, permettront
une relève à tous les niveaux. Une fois de plus, il s’insurge
contre le pouvoir de l’argent: “Notre véritable adversaire dans
cette bataille électorale est l’argent politique, dit-il, qu’on
emploie pour entraver les libertés publiques. Nous nous heurtons
à une montagne d’argent”.
M. Tammam Salam a de même annoncé la formation de sa liste
dans Beyrouth II, y laissant un siège vacant pour la communauté
grecque-orthodoxe. La liste groupe, aux côtés de M. Salam:
MM. Mohamed Machnouk, Mohamed Berjaoui, Mihran Safarian et Habib Ephrem.
La proclamation de la liste s’est faite à partir de son domicile
à Moussaïtbé où, dans son discours il a dénoncé,
lui aussi, le pouvoir de l’argent.
“Toutes les possibilités financières, a-t-il affirmé,
sont mises à contribution pour acheter le ciel, la terre, l’espace
et même les fenêtres”.
Sur la liste Salam, le candidat chiite représente le “Hezbollah”.
Interrogé sur le fait que M. Hariri a laissé le siège
chiite vacant sur sa liste dans la même circonscription, M. Mohamed
Berjaoui répond: “Le Hezbollah n’a de cadeaux à recevoir
de personne”.
MM. Tammam Salam:
“On achète tout”.
LES ARMÉNIENS OPTENT POUR LA “LÉGALITÉ”
Fidèles à une ligne politique suivie de tout temps, les
partis arméniens ont désigné leurs candidats aux législatives
à Beyrouth, au Metn-Nord et dans la Békaa.
Dans un communiqué conjoint publié par le comité
central du parti Tachnag et le comité exécutif du parti Hentchag,
les deux formations affirment que le choix des candidats est le résultat
d’une série de consultations avec les chefs spirirituels, les partis
et les notables arméniens du Liban”. Le communiqué ajoute:
“Ces candidats de coalition représentent l’unité des rangs
arméniens”.
Pour Beyrouth, les candidats sont: Abraham Dedeyan, Mihran Safarian
(Hentchag) Hagop Pakradouni (Tachnag), Arthur Nazarian et Estéphan
Obajian. Au Metn-Nord, Sebouh Hovnanian (Tachnag) et pour Zahlé
Georges Kassarji.
Evidemment, d’autres candidats arméniens sont sur les listes
patronnées par M. Hariri à Beyrouth, notamment Jean Oghassapian,
ancien officier qui a démissionné pour s’engager dans la
politique, ainsi que Nizar Najarian, proche des Forces Libanaises.
M. Misbah el-Ahdab:
Des exigences financières?
AU MONT-LIBAN
Au Kesrouan, le tableau électoral est en train de se mettre
en place. Une première liste vient d’être formée groupant
l’ancien ministre Georges Frem, les députés Camille Ziadé,
Elias el-Khazen et Mansour el-Bone, Me Neemetallah Abi-Nasr pour le Kesrouan.
Pour Jbeil MM. Nazem Khoury, Farès Souaïd et Moustapha
Husseini.
Une deuxième liste doit se former autour de l’ancien ministre
Farès Bouez et devant grouper: MM. Farid Haykal el-Khazen, Gilberte
Zouein (Kesrouan), Emile Naufal, François Bassil et Abbas Hachem
(Jbeil).
Une troisième liste est en gestation dont l’une des figures
est un jeune ingénieur plein de dynamisme Clovis el-Khazen, qui
prône de nouvelles idées sur la scène politique.
Certains des partisans de M. Georges Frem lui reprochent, d’ailleurs,
de ne pas avoir honoré les engagements antérieurs qu’il avait
pris en faveur du changement et d’être resté dans le courant
traditionnel.
BAABDA - ALEY
Cette région a toujours été connue pour la présence
active des partis politiques. Même si les partis, de nos jours, n’ont
plus l’impact et l’influence qu’ils avaient avant la guerre, ils sont présents
et on les retrouve sur la liste Hélou-Arslane, autant que sur celle
patronnée par M. Walid Joumblatt.
La première dejà formée et officiellement proclamée
depuis une semaine, groupe le “Hezbollah”, le mouvement “Amal”, le parti
social national syrien (PSNS), le courant Arslan et indirectement le “Waad”,
parti de M. Hobeika.
Du côté de la liste (de 9 membres sur onze) parrainée
par M. Walid Joumblatt, on relève une alliance entre le PSP, les
Kataëb, des proches du Bloc National et le courant haririen. Un siège
chiite pour le “Hezbollah” est gardé libre; un autre pour Arslan.
Le Parti national libéral est le grand absent de ces listes
lui qui, autrefois, du temps de feu le président Chamoun, était
des plus actifs dans la région de Baabda. Le PNL, ainsi que les
F.L. et le courant aouniste ont décidé d’appeler au boycott
de ce scrutin, tel que nous l’avions évoqué dans notre précédente
livraison (Voir “La Revue du Liban” - NÞ3752 du 5 au 12 août).
Au Metn-Nord, rien de vraiment nouveau, sinon la diatribe opposant
le ministre de l’Intérieur, Michel Murr au député
Nassib Lahoud. On s’attend, par ailleurs, à la formation d’une ou
de deux listes face à celle de M. Murr.
M. Nassib Lahoud, le Dr Albert Moukheiber et M. Pierre Amine Gemayel
ne forment-ils pas une même liste? Et est-ce vrai que sur la liste
Murr, la place de Moukheiber resterait vacante?
A noter, aussi, que les alliances électorales au Metn-Nord (Kataëb
et PSNS sur une même liste) et au Metn-Sud (PSP et Kataëb, PSNS
et Hezbollah sur une autre), sont plutôt contre nature. Mais les
impératifs du scrutin sont autres que les idéaux politiques.
Au Chouf, face à la liste Joumblatt, une deuxième est
toujours en gestation autour de deux pôles maronite et sunnite: Me
Naji Boustani à Deir el-Qamar et le député Zaher el-Khatib
à Iklim el-Kharroub.
LIBAN-NORD, SUD ET BÉKAA
Une surprise de taille à Tripoli: le député Misbah
el-Ahdab qui devait figurer sur l’une des deux listes principales de cette
circonscription, fera cavalier seul. De fait, M. Najib Mikati, ministre
des T.P., ayant à ses côtés le ministre de l’Agriculture
Sleiman Frangié, a annoncé la formation de la liste qui se
présente comme suit: Pour Tripoli: Najib Mikati, Ahmad Karamé,
Mohamed Kabbara, Mohamed Safadi, Jean Obeid, Maurice Fadel et Ahmed Hbous.
Pour Zghorta: Sleiman Frangié, Estéphan Doueihy et César
Moawad. Pour Minyé: Salah Kheir. Pour le Koura: Farid Mekari, Fayez
Ghosn et Salim Saadé. Pour Batroun: Sayed Akl et Boutros Harb.
Misbah el-Ahdab ne figure pas sur la liste et M. Mikati donne l’explication
suivante: “La liste devait être en principe complète. Malheureusement,
le député el-Ahdab avait des revendications personnelles
et financières que nous avons tous refusées”.
Quant à M. Frangié, il va plus loin disant que “M. Ahdab
aurait demandé trois cent cinquante mille dollars pour se joindre
à la liste. Une condition qui a été unanimement rejetée.”
Le jeune député nordiste qui jouit d’une large popularité
à Tripoli, rejette ces allégations disant que l’argent réclamé
était destiné à financer la machine électorale.
Ahdab considère plutôt qu’il a été écarté
de la liste, car les autres membres sont persuadés que M. Omar Karamé
va la percer.
Confiant en lui-même, il fera cavalier seul.
La deuxième liste doit voir le jour autour de M. Omar Karamé
et de Mme Nayla Moawad, les maronites de Tripoli devant être représentés
par M. Samir Frangié.
Dans la première circonscription du Liban-Nord qui groupe le
Akkar, Bécharré et Denniyeh, deux listes se font face déjà
et une troisième est en préparation.
Sur le front électoral du Liban-Sud et des différentes
circonscriptions de la Békaa, la situation est assez calme encore
et on se demande s’il y aura vraiment des surprises, que ce soit à
Zahlé où deux listes s’affrontent où à Baalbeck-Hermel.
A noter que le député Chawki Fakhoury a annoncé qu’il
ne se présentait pas. Quant au chef religieux du “Hezbollah”, cheikh
Hassan Nasrallah, il s’est déplacé en personne au domicile
de Hussein Moussawi à Baalbeck pour lui demander de retirer sa candidature,
afin que l’électorat chiite demeure unifié autour des candidats
intégristes.
Le dépôt des candidatures pour le Mont-Liban et le Nord s’achève aujourd’hui vendredi 11 août et, le retrait, le vendredi 18 août. Le scrutin devant se dérouler, pour ces deux circonscriptions, le 27 août.