LÉGISLATIVES:
NOMBREUX CROCS-EN-JAMBE ENTRE LES CANDIDATS

Les dates-limites pour la présentation des candidatures - aujourd’hui vendredi 11 août au Mont-Liban et au Liban-Nord et vendredi prochain dans les autres circonscriptions, - réchauffent davantage l’atmosphère et incitent les candidats à redoubler d’efforts, en vue de s’assurer le plus grand nombre de suffrages. Ceci relègue au second plan toutes les autres questions de l’heure, y compris les ultimes développements au Liban-Sud, après le déploiement de la force mixte (Armée-FSI) mercredi à l’aube dans les régions libérées.

A la fin de la semaine courante, toutes les listes électorales devront être proclamées à Beyrouth et ailleurs, en prévision du scrutin fixé aux 27 août et 3 septembre. Le chef du gouvernement a retardé jusqu’à lundi soir la proclamation des noms de ses colistiers, afin de permettre aux partis arméniens de désigner leurs candidats. Dans le même temps, ces derniers se sont employés à régler le problème suscité par le fait, pour M. Yéghia Jérédjian, d’avoir rallié la liste du président Hariri, ce qui a amené le parti Hentchag à l’exclure, ainsi que l’a annoncé M. Sérop Démerjian, président du comité exécutif.
A Tripoli, également, la proclamation des listes a été retardée, en raison des tractations en vue du choix des candidats. Ainsi, le candidat sunnite de Minieh a empêché MM. Najib Mikati et Sleiman Frangié de rendre publique leur liste. Ceux-ci devaient retenir le nom de M. Saleh Kheir, alors que M. Hachem Alameddine figure sur la liste de M. Omar Karamé. De ce fait, M. Mahmoud Tebbo n’a été pris sur aucune liste, alors que le Dr Mohamed Jisr est sur la liste karamiste, à la place de M. Wassim Izzeddine qui s’est désisté en sa faveur. A Baalbeck-Hermel, le “Hezbollah” a pris sur sa liste M. Ibrahim Bayane, en plus d’un nouvel allié, M. Massoud Houjairi. Mais le parti n’a encore rien décidé à propos de son alliance avec M. Georges Najm, candidat maronite à Jezzine.

FAKHOURY ET WAKIM HORS COURSE
Il y a lieu de signaler plusieurs évictions de députés, dont la candidature a été exclue ou qui ont préféré se désister pour maintes raisons. Tel est le cas de MM. Najah Wakim et Hassan Yatim à Beyrouth; de M. Chaouki Fakhoury, à Zahlé et de M. Misbah el-Ahdab, à Tripoli.
Par ailleurs, la polémique se poursuit, de plus en plus virulente, entre MM. Michel Murr, ministre de l’Intérieur et candidat au Metn-Nord et Nassib Lahoud, son concurrent direct. Les deux hommes échangent les accusations et une “affaire de portraits” est à la base de la dernière diatribe qui les oppose. M. Lahoud soupçonne le ministre de l’Intérieur d’avoir fait enlever ses portraits collés sur des panneaux publicitaires dans la région metniote. M. Murr rétorque qu’il n’y est pour rien, la décision en ce sens ayant été prise par les municipalités, parce que ces panneaux sont réservés, initialement, à la publicité commerciale...
Fait à signaler: le président Salim Hoss, considéré comme très proche de M. Lahoud, a pris fait et cause pour le ministre de l’Intérieur, ce qui a amené le député du Metn à le blâmer pour avoir pris position, précipitamment, sans entendre les deux sons de cloche.
A Tripoli, un discours incendiaire du président Omar Karamé n’a pas manqué de retenir l’attention des observateurs. En effet, l’ancien chef du gouvernement a pris violemment à partie, sans le citer nommément, M. Sleiman Frangié, ministre de l’Agriculture, de même que le président Rafic Hariri, les accusant de s’immiscer dans les affaires intérieures de la capitale nordiste.
M. Karamé a dénoncé, d’autre part, l’utilisation de l’argent à des fins politiques et la façon dont sont formées les listes, “à tel point que 90 pour cent des futurs députés sont maintenant connus, alors que nous ignorons qui constitue les listes et se tient derrière les “rouleaux compresseurs” et les “autobus”. “Si Tripoli est calme, conclut-il, tout le Liban-Nord le sera”.
D’ailleurs, le président Hoss lui-même n’a pas manqué de s’en prendre “à ceux qui usent de la puissance des espèces sonnantes pour s’assurer les suffrages des électeurs” avant d’enchaîner: “Nous nous trouvons face à une montagne d’argent”, a-t-il conclu, faisant allusion, sans le nommer, à M. Hariri. “Notre arme est celle des prises de position, a-t-il affirmé et elle nous permettra d’avoir le dernier mot”. Le Premier ministre peut le proclamer avec plus de fermeté, qu’il a pu disposer du soutien des partis arméniens dont trois candidats figurent sur sa liste...
Pour en revenir à Tripoli, il semble que M. Hariri peut être tenu responsable de l’éviction de M. Misbah el-Ahdab, (connu pourtant pour être l’un de ses alliés), de la liste Mikati-Frangié, afin d’y inclure M. Samir Jisr, porte-parole du courant haririen dans le Nord.

PERPLEXITÉ À JBEIL-KESROUAN
A Jbeil-Kesrouan, on patauge en pleine perplexité, en raison des courants antagonistes qui s’affrontent dans cette circonscription, à tel point qu’aucune liste n’avait été formée jusqu’à mardi.
De fait, MM. Georges Frem et Mansour el-Bone se disputent la tête de liste. Ceci a eu pour conséquence d’exclure plusieurs de leurs éventuels colistiers, entre autres: MM. Séjaan Azzi, Antoine Khoury, Badih Hobeiche et le Dr Farid Elias el-Khazen (autre que Farid Haykal el-Khazen, neveu de M. Rouchaïd el-Khazen, député du Kesrouan), celui-ci ayant été remplacé par M. Elias el-Khazen, autre député de la circonscription. En revanche, les candidats de Jbeil: Nazem Khoury, Farès Souaid et Moustapha Husseini ont été maintenus sur la liste.
Il semble que le “financement” de l’opération électorale soit l’une des causes des divergences opposant MM. Frem, El-Bone et Camille Ziadé. Ceux-ci devaient avoir comme colistiers: MM. Neemetallah Abi-Nasr, Farid Elias el-Khazen et le trio Jbeiliote.
Une autre liste est en cours de formation comprenant: MM. Farès Bouez, Farid Haykal el-Khazen, Henri Sfeir et trois candidats de Jbeil: MM. Emile Naufal, François Bassil et Abbas Hachem. M. Mahmoud Aouad, député de la circonscription, semble en avoir été exclu.

LA “LISTE DE LA CONCORDE NATIONALE”
On peut dire que la “bataille des listes” est pratiquement terminée dans la capitale. En effet, après que les présidents Hoss et Hariri eurent proclamé les noms de leurs colistiers, M. Tammam Salam a annoncé la constitution de la sienne qui comprend (à Beyrouth II): MM. Mohamed Berjaoui, Mohamed Machnouk, Mehran Séférian, Habib Ephrem.
Présentant ses alliés en sa résidence de Moussaitbé, en présence de MM. Zouhair Osseiran et Nadim el-Hachem, représentant respectivement, les Ordres de la Presse et des journalistes, M. Salam a pris à partie, sans le citer nommément, le président Hariri, disant qu’il ne s’est pas prêté aux efforts qu’il déployait en vue d’éviter à Beyrouth une bataille électorale féroce, par la mise sur pied de listes de coalition. “Et de plus, il utilise les espèces sonnantes pour tout acheter: l’asphalte, les trottoirs, les maisons, les balcons et l’air au nom de ce pauvre citoyen qu’on exploite”.
On a relevé l’absence sur la liste salamiste du candidat grec-orthodoxe, probablement dans l’intention d’y joindre M. Najah Wakim qui, comme on sait, a décidé de renoncer à poser sa candidature.
Qu’en est-il, à présent, du “cas Najah Wakim”? Le député de Beyrouth reviendra-t-il sur sa décision de ne plus briguer un siège parlementaire, après avoir siégé sous l’hémicycle pendant près d’un quart de siècle?
M. Wakim précise qu’il s’est plié à la décision du “Mouvement du peuple”, en compagnie duquel il est déterminé à poursuivre le combat en faveur de la liberté et de la démocratie, ses compagnons de lutte ayant noms: Sayed Frangié, Amine Kammourieh, Jalal Begdache et son collègue de la Chambre, Jamil Chammas.
De toute façon, en plus des contacts effectués avec M. Wakim pour l’amener à revenir sur sa décision, une délégation du “Hezbollah” lui a rendu visite dans le même but. Aux dernières nouvelles, le parlementaire beyrouthin a promis d’entreprendre certains contacts et concertations avec ses amis et alliés avant de donner sa réponse définitive. Il continue, cependant, à parler d’un “projet particulièrement dangereux pour le Liban”, visant, notamment, à favoriser l’implantation des Palestiniens sur son territoire, en contrepartie, d’une aide substantielle destinée à supprimer une partie de sa dette publique... Sans manquer, naturellement, de décocher ses flèches envenimées contre M. Rafic Hariri, l’accusant de faire feu de tout bois pour réintégrer le Grand Sérail après les élections, à l’effet de poursuivre la réalisation de son plan machiavélique.

NADIM EL-HACHEM

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