A la fin de la semaine courante, toutes les listes électorales
devront être proclamées à Beyrouth et ailleurs, en
prévision du scrutin fixé aux 27 août et 3 septembre.
Le chef du gouvernement a retardé jusqu’à lundi soir la proclamation
des noms de ses colistiers, afin de permettre aux partis arméniens
de désigner leurs candidats. Dans le même temps, ces derniers
se sont employés à régler le problème suscité
par le fait, pour M. Yéghia Jérédjian, d’avoir rallié
la liste du président Hariri, ce qui a amené le parti Hentchag
à l’exclure, ainsi que l’a annoncé M. Sérop Démerjian,
président du comité exécutif.
A Tripoli, également, la proclamation des listes a été
retardée, en raison des tractations en vue du choix des candidats.
Ainsi, le candidat sunnite de Minieh a empêché MM. Najib Mikati
et Sleiman Frangié de rendre publique leur liste. Ceux-ci devaient
retenir le nom de M. Saleh Kheir, alors que M. Hachem Alameddine figure
sur la liste de M. Omar Karamé. De ce fait, M. Mahmoud Tebbo n’a
été pris sur aucune liste, alors que le Dr Mohamed Jisr est
sur la liste karamiste, à la place de M. Wassim Izzeddine qui s’est
désisté en sa faveur. A Baalbeck-Hermel, le “Hezbollah” a
pris sur sa liste M. Ibrahim Bayane, en plus d’un nouvel allié,
M. Massoud Houjairi. Mais le parti n’a encore rien décidé
à propos de son alliance avec M. Georges Najm, candidat maronite
à Jezzine.
FAKHOURY ET WAKIM HORS COURSE
Il y a lieu de signaler plusieurs évictions de députés,
dont la candidature a été exclue ou qui ont préféré
se désister pour maintes raisons. Tel est le cas de MM. Najah Wakim
et Hassan Yatim à Beyrouth; de M. Chaouki Fakhoury, à Zahlé
et de M. Misbah el-Ahdab, à Tripoli.
Par ailleurs, la polémique se poursuit, de plus en plus virulente,
entre MM. Michel Murr, ministre de l’Intérieur et candidat au Metn-Nord
et Nassib Lahoud, son concurrent direct. Les deux hommes échangent
les accusations et une “affaire de portraits” est à la base de la
dernière diatribe qui les oppose. M. Lahoud soupçonne le
ministre de l’Intérieur d’avoir fait enlever ses portraits collés
sur des panneaux publicitaires dans la région metniote. M. Murr
rétorque qu’il n’y est pour rien, la décision en ce sens
ayant été prise par les municipalités, parce que ces
panneaux sont réservés, initialement, à la publicité
commerciale...
Fait à signaler: le président Salim Hoss, considéré
comme très proche de M. Lahoud, a pris fait et cause pour le ministre
de l’Intérieur, ce qui a amené le député du
Metn à le blâmer pour avoir pris position, précipitamment,
sans entendre les deux sons de cloche.
A Tripoli, un discours incendiaire du président Omar Karamé
n’a pas manqué de retenir l’attention des observateurs. En effet,
l’ancien chef du gouvernement a pris violemment à partie, sans le
citer nommément, M. Sleiman Frangié, ministre de l’Agriculture,
de même que le président Rafic Hariri, les accusant de s’immiscer
dans les affaires intérieures de la capitale nordiste.
M. Karamé a dénoncé, d’autre part, l’utilisation
de l’argent à des fins politiques et la façon dont sont formées
les listes, “à tel point que 90 pour cent des futurs députés
sont maintenant connus, alors que nous ignorons qui constitue les listes
et se tient derrière les “rouleaux compresseurs” et les “autobus”.
“Si Tripoli est calme, conclut-il, tout le Liban-Nord le sera”.
D’ailleurs, le président Hoss lui-même n’a pas manqué
de s’en prendre “à ceux qui usent de la puissance des espèces
sonnantes pour s’assurer les suffrages des électeurs” avant d’enchaîner:
“Nous nous trouvons face à une montagne d’argent”, a-t-il conclu,
faisant allusion, sans le nommer, à M. Hariri. “Notre arme est celle
des prises de position, a-t-il affirmé et elle nous permettra d’avoir
le dernier mot”. Le Premier ministre peut le proclamer avec plus de fermeté,
qu’il a pu disposer du soutien des partis arméniens dont trois candidats
figurent sur sa liste...
Pour en revenir à Tripoli, il semble que M. Hariri peut être
tenu responsable de l’éviction de M. Misbah el-Ahdab, (connu pourtant
pour être l’un de ses alliés), de la liste Mikati-Frangié,
afin d’y inclure M. Samir Jisr, porte-parole du courant haririen dans le
Nord.
PERPLEXITÉ À JBEIL-KESROUAN
A Jbeil-Kesrouan, on patauge en pleine perplexité, en raison
des courants antagonistes qui s’affrontent dans cette circonscription, à
tel point qu’aucune liste n’avait été formée jusqu’à
mardi.
De fait, MM. Georges Frem et Mansour el-Bone se disputent la tête
de liste. Ceci a eu pour conséquence d’exclure plusieurs de leurs
éventuels colistiers, entre autres: MM. Séjaan Azzi, Antoine
Khoury, Badih Hobeiche et le Dr Farid Elias el-Khazen (autre que Farid
Haykal el-Khazen, neveu de M. Rouchaïd el-Khazen, député
du Kesrouan), celui-ci ayant été remplacé par M. Elias
el-Khazen, autre député de la circonscription. En revanche,
les candidats de Jbeil: Nazem Khoury, Farès Souaid et Moustapha
Husseini ont été maintenus sur la liste.
Il semble que le “financement” de l’opération électorale
soit l’une des causes des divergences opposant MM. Frem, El-Bone et Camille
Ziadé. Ceux-ci devaient avoir comme colistiers: MM. Neemetallah
Abi-Nasr, Farid Elias el-Khazen et le trio Jbeiliote.
Une autre liste est en cours de formation comprenant: MM. Farès
Bouez, Farid Haykal el-Khazen, Henri Sfeir et trois candidats de Jbeil:
MM. Emile Naufal, François Bassil et Abbas Hachem. M. Mahmoud Aouad,
député de la circonscription, semble en avoir été
exclu.
LA “LISTE DE LA CONCORDE NATIONALE”
On peut dire que la “bataille des listes” est pratiquement terminée
dans la capitale. En effet, après que les présidents Hoss
et Hariri eurent proclamé les noms de leurs colistiers, M. Tammam
Salam a annoncé la constitution de la sienne qui comprend (à
Beyrouth II): MM. Mohamed Berjaoui, Mohamed Machnouk, Mehran Séférian,
Habib Ephrem.
Présentant ses alliés en sa résidence de Moussaitbé,
en présence de MM. Zouhair Osseiran et Nadim el-Hachem, représentant
respectivement, les Ordres de la Presse et des journalistes, M. Salam a
pris à partie, sans le citer nommément, le président
Hariri, disant qu’il ne s’est pas prêté aux efforts qu’il
déployait en vue d’éviter à Beyrouth une bataille
électorale féroce, par la mise sur pied de listes de coalition.
“Et de plus, il utilise les espèces sonnantes pour tout acheter:
l’asphalte, les trottoirs, les maisons, les balcons et l’air au nom de
ce pauvre citoyen qu’on exploite”.
On a relevé l’absence sur la liste salamiste du candidat grec-orthodoxe,
probablement dans l’intention d’y joindre M. Najah Wakim qui, comme on
sait, a décidé de renoncer à poser sa candidature.
Qu’en est-il, à présent, du “cas Najah Wakim”? Le député
de Beyrouth reviendra-t-il sur sa décision de ne plus briguer un
siège parlementaire, après avoir siégé sous
l’hémicycle pendant près d’un quart de siècle?
M. Wakim précise qu’il s’est plié à la décision
du “Mouvement du peuple”, en compagnie duquel il est déterminé
à poursuivre le combat en faveur de la liberté et de la démocratie,
ses compagnons de lutte ayant noms: Sayed Frangié, Amine Kammourieh,
Jalal Begdache et son collègue de la Chambre, Jamil Chammas.
De toute façon, en plus des contacts effectués avec M.
Wakim pour l’amener à revenir sur sa décision, une délégation
du “Hezbollah” lui a rendu visite dans le même but. Aux dernières
nouvelles, le parlementaire beyrouthin a promis d’entreprendre certains
contacts et concertations avec ses amis et alliés avant de donner
sa réponse définitive. Il continue, cependant, à parler
d’un “projet particulièrement dangereux pour le Liban”, visant,
notamment, à favoriser l’implantation des Palestiniens sur son territoire,
en contrepartie, d’une aide substantielle destinée à supprimer
une partie de sa dette publique... Sans manquer, naturellement, de décocher
ses flèches envenimées contre M. Rafic Hariri, l’accusant
de faire feu de tout bois pour réintégrer le Grand Sérail
après les élections, à l’effet de poursuivre la réalisation
de son plan machiavélique.