Arafat dans le Golfe: Pas de concessions sur Jérusalem.
Yasser Arafat, chef de l’Autorité palestinienne, poursuit sa
tournée dans le monde arabe après la Turquie et se rend à
Moscou, afin de conforter sa position concernant Jérusalem et la
proclamation d’un Etat indépendant en date du 13 septembre. Ehud
Barak, Premier ministre israélien, essaye, pour sa part, de replâtrer
son Cabinet et de remonter la pente, alors qu’il fait face à une
série de difficultés sur tous les fronts. De même,
il recherche des appuis au double plan international et arabe. Pour le
parrain américain la reprise des négociations demeure le
seul recours.
Barak est loin d’être, en ce moment, dans une situation confortable.
Selon un récent sondage, son image de marque est sérieusement
ébranlée dans l’opinion publique: 56% des Israéliens
estiment qu’il n’est pas crédible.
Il a subi un nouveau revers avec la démission de David Lévy,
son ministre des Affaires étrangères et avec le vote du parlement,
en lecture préliminaire, d’une proposition de loi présentée
par l’opposition, pour la tenue d’élections anticipées. Cette
proposition doit être approuvée en trois lectures avant d’entrer
en vigueur.
Il n’a pas réussi non plus à convaincre le Likoud de
former un gouvernement de coalition ou d’union nationale pour faire face
à cette phase critique et décisive que traverse l’Etat d’Israël
et s’est contenté de confier un portefeuille supplémentaire
à quatre de ses ministres pour remplacer une partie des membres
démissionnaires.
Aux Affaires étrangères, il a limogé quatre ambassadeurs
proches de Lévy en poste à Paris, Londres, Berne et Prétoria.
Face à cette situation difficile, des analystes politiques et
des diplomates occidentaux avancent trois possibilités pour Barak.
La première consisterait à renflouer son Cabinet au cours
des vacances de la Knesset. Mais il ne pourra former qu’un gouvernement
de minoritaires (même s’il est rejoint par le mouvement de gauche
“Meretz”), lequel se contenterait d’expédier les affaires courantes,
de préparer des élections anticipées, sans être
en mesure de poursuivre les négociations avec Arafat sur les questions
litigieuses.
La deuxième hypothèse serait de dissoudre le parlement
et d’appeler à des élections anticipées. Mais la victoire
de Barak sera loin d’y être assurée dans une telle conjoncture.
Cela risque de ramener la droite au Pouvoir et de remettre le processus
de paix et toute la région, en danger.
La troisième solution que privilégient l’Amérique
et la Communauté européenne, serait de poursuivre les négociations
avec les Palestiniens, en vue de parvenir à un accord avant le 13
septembre et d’appeler à des élections anticipées
sur le thème d’un accord final.
Pour le parrain américain, il faut à tout prix éviter
la confrontation qui embraserait la région. M. Edward Walker, secrétaire
d’Etat adjoint pour le Proche-Orient, achève une longue tournée
au Proche-Orient préparant le terrain à M. Dennis Ross, émissaire
de la Maison-Blanche pour les négociations de paix. Il pourra décider,
à la lumière de ses contacts, de la tenue d’un nouveau sommet
entre Barak et Arafat avant le 13 septembre. La porte reste ouverte pour
une telle rencontre, mais le temps presse. A moins que, tel que l’a laissé
entendre le leader palestinien et certains hauts responsables, cette date
butoir soit reculée à une échéance ultérieure.
Pour le moment, M. Arafat qui, depuis son retour de Camp David, s’est
déjà rendu en France, en Afrique du Sud, en Turquie et dans
la majorité des pays arabes, poursuit son périple, afin d’obtenir
un réel appui concernant Jérusalem, le retour des réfugiés
et la proclamation d’un Etat indépendant.
Dans le cadre de ces contacts, l’attitude de l’Egypte, un des piliers
de la politique américaine au P.-O., a irrité Washington.
Au moment du sommet de Camp David, le président Clinton avait demandé
à son homologue égyptien de convaincre Arafat de reporter
le règlement de la question de Jérusalem et de signer un
accord sur les autres questions. Mais plutôt que de souscrire au
souhait américain, le président Hosni Moubarak s’est rendu
en Arabie saoudite et a joint sa voix à celle des Saoudiens pour
appeler les Palestiniens à refuser toute concession sur la Ville
Sainte.
Plus récemment, recevant le secrétaire adjoint américain
pour le P.-O., Amr Moussa, chef de la diplomatie égyptienne, a appelé
Edward Walker à rester “impartial” dans le processus de paix. De
même, suite au sommet Moubarak-Barak, M. Moussa a exclu que l’Egypte
fasse pression sur M. Arafat pour qu’il accepte des concessions sur Jérusalem.
On voit à quel point la Ville Sainte constitue un véritable
nœud gordien dans le processus de paix. L’attitude de l’Egypte qui a toujours
fait figure d’intermédiaire, serait-elle due à une montée
de l’intégrisme islamique ou à la nécessité
d’obtenir une aide plus substantielle des Etats-Unis?
Par contre, le roi Abdallah II de Jordanie, poursuit son rôle
“d’interlocuteur écouté par les différentes parties”.
D’ailleurs, pour tous, le dialogue demeure la voie essentielle pour un
accord de paix.