Au
cours d’une tournée électorale l’ayant mené dans trois
localités sudistes, le président Nabih Berri a harangué
ses compatriotes en des termes marqués par la sincérité
et le bon sens. “Je n’aime pas, a dit le chef du Législatif, les
expressions “vie en commun” et “le chrétien est le frère
du musulman”. Nous sommes une seule et même famille, appelée
à coopérer sans réserve, à l’effet d’édifier
l’Etat de la loi et des institutions. Notre photo: le président
Berri en conversation avec M. Knutsson, représentant du secrétaire
genéral de l’ONU.
Au cours d’une tournée électorale qui l’a conduit, dimanche
dernier à Ain Ebel, Rmeiche et Hanine, le président Nabih
Berri a tenu des propos sensées qui lui font honneur.
Réaffirmant que la Résistance - entendre “Amal” et le
“Hezbollah” - sera toujours la “gardienne de la patrie” s’interdisant de
commettre la moindre infraction à la loi ou de violer les règles
institutionnelles, comme il l’avait fait à Jezzine, il s’est adressé
“ à ceux qui sont partis avec l’armée israélienne”,
leur demandant instamment “de se livrer aux autorités, au lieu de
quémander aux portes de l’ennemi et de se laisser humilier par ses
sbires, seule la Justice libanaise pouvant se montrer compréhensive
à votre égard”.
Le chef du Législatif a, d’autre part, appelé tous les
citoyens à tourner la page noire du passé pour en ouvrir
une autre faite d’amour et de tolérance. “Je n’aime pas des termes
et expressions pareils à la “vie en commun”, ou “le chrétien
est le frère du musulman”... Nous sommes un seul peuple et formons
une seule famille, fiers de nos dix huit communautés religieuses,
ce cocktail qui enrichit notre nation et la donne en exemple aux autres
sur le plan de la coexistence et de l’interaction”.
Le président Berri a, également, insisté sur la
nécessité de mettre en échec les complots de l’ennemi
israélien “qui s’ingénie à semer les germes de la
discorde parmi nous, à compromettre notre sécurité
intérieure, à nous brouiller avec nos frères et voisins”.
Ces propos, M. Berri a eu plus de mérite de les tenir qu’il
pouvait craindre de les voir mal interprétés et comparés
à tant de paroles et de promesses mirifiques que les candidats à
la députation ont l’habitude de déblatérer.
Il n’en fut rien: les milliers de personnes rassemblées au cours
de ces meetings l’ont frénétiquement applaudi, pour la raison
qu’ils ne doutent pas de sa sincérité et de sa crédibilité,
car il tient ses engagements et les exécute à la lettre.
Tel n’est pas le cas d’un porte-parole d’une formation islamique ayant
son siège au Liban-Nord qui a débité des déclarations
très peu convaincantes, au cours d’un talk show télévisé
le soir du même jour.
D’abord, il a critiqué le politique financière et économique
de l’ancien chef du gouvernement (M. Hariri), tout en le soupçonnant
d’avoir œuvré en faveur de l’implantation des réfugiés
palestiniens; alourdi exagérément la dette publique; procédé
à l’achat et à la vente de biens-fonds autour desquels plus
d’un point d’interrogation se pose, “parce qu’on ignore dans quel but et
au profit de qui ils ont été acquis” (sic).
En même temps, cet “islamiste” n’a pu justifier le fait pour
sa formation d’avoir rallié une liste nordise bénéficiant
du soutien de M. Hariri, après avoir lâché l’adversaire
de ce dernier - en l’occurrence M. Omar Karamé! Alors qu’il a insisté
sur “la nécessité de nouer des alliances saines en période
électorale”.
Puis, démentant que son groupe milite en vue d’édifier
un Etat islamique au Liban, “parce que la société libanaise
ne le tolère pas”, il a prétendu que son mouvement avait
pour unique objectif “de changer le système en l’améliorant
et de réaliser la réforme à tous les niveaux”.
Comme on peut le constater, le discours diffère d’un homme à
l’autre et selon les circonstances. Mais comme dit le dicton populaire:
“On ne peut contrôler les paroles, ni ceux qui les profèrent”.
Molière n’a-t-il pas écrit que “tous les discours sont des
sottises, partant d’une personne sans éclat?” |