DIMANCHE 27 AOÛT, PREMIER ROUND AU MONT-LIBAN
ET AU LIBAN-NORD DANS UN CLIMAT SURVOLTÉ
La première phase des législatives 2000 aura lieu ce dimanche 27 août au Mont-Liban et au Liban-Nord. Les électeurs sont appelés aux urnes pour élire 63 des 128 membres de l’Assemblée que se disputent 286 candidats (voir “La Revue du Liban” NÞ3754, du 19 au 26 août).
A la veille de ce vote, la question essentielle que se pose chaque citoyen est de savoir si le scrutin sera libre, intègre et exprimera la volonté populaire. Les interférences et pressions des “services” et des “fantômes” dans la formation des listes, le pouvoir excessif de l’argent qui coule à flot, comme jamais par le passé, les attaques virulentes échangées par les candidats, la multiplication des incidents électoraux, à Jbeil, au Sud, à l’AUB, ont donné une image négative de cette campagne allant jusqu’au “dégoût”.
Le citoyen aura-t-il le courage, la clairvoyance et, surtout, toute latitude de faire le bon choix parmi les noms qui lui sont proposés, pour rectifier l’action des “rouleaux-compresseurs” et doter le pays de parlementaires à la hauteur de la tâche qui les attend. Dimanche 27 août au soir, les urnes donneront une première réponse; la seconde viendra le 3 septembre.
Jamais, sans doute, une campagne électorale n’aura été aussi animée. Jusqu’à la dernière minute, les listes et les candidats continuaient à sillonner leur circonscription, y tenant des meetings et des rencontres. S.Em. le cardinal Nasrallah Sfeir était le plus sollicité, vu le prestige dont il jouit à l’échelle nationale. Des candidats de tous bords, toutes régions, toutes confessions ont pris le chemin de Dimane, résidence patriarcale d’été, pour recueillir ses conseils.
En l’absence de toute réglementation de la propagande électorale, les médias, surtout audiovisuels, ont foncé sur cette opportunité. Le fait, aussi, que l’opposition dispose de plusieurs médias, a amené Télé-Liban à sortir de sa neutralité pour défendre les “loyalistes”. Tout cela a envenimé le débat. D’autant plus que l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, a tenu des meetings dans tout le pays, ne cachant pas son désir de réintégrer le Sérail. Ceci est confirmé par les propos qu’a tenus le président de la Chambre. Pour M. Nabih Berri, l’enjeu des présentes législatives, n’est pas le parlement, mais la présidence du Conseil.
On aurait tant souhaité que l’enjeu de ces législatives soit plutôt de définir les positions face à la présence militaire syrienne au Liban, aux relations avec Damas, à l’implantation d’un demi-million de Palestiniens, concernant la politique économique et sociale à suivre pour sortir le pays du marasme dans lequel il se débat; concernant, aussi, la relève au Liban-Sud après la libération...
Dans le précédent article, nous avons donné une configuration d’ensemble des législatives au Mont-Liban et au Liban-Nord. Nous présentons aujourd’hui la situation dans la capitale et les mohafazats du Sud et de la Békaa, où le scrutin aura lieu le dimanche 3 septembre.
Les électeurs y sont appelés à pourvoir aux 65 sièges parlementaires que se disputent 270 candidats.

A Beyrouth, la bataille sera des plus serrées. La capitale a été divisée en trois circonscriptions électorales et ce découpage a fait l’objet d’une vive polémique au Conseil des ministres et au niveau des pôles politiques. Les uns étant pour, beaucoup d’autres étant contre, affirmant que la capitale doit former une même entité électorale. Mais le découpage a été adopté, sans doute pour permettre aux trois leaders sunnites: MM. Hoss, Hariri et Salam de réussir se présentant chacun dans une circonscription différente, tout en affaiblissant l’impact de l’ancien Premier ministre. Le découpage s’est fait de la façon suivante:
Beyrouth I groupe Achrafieh, Mazraa et Saïfi avec six sièges que se disputent 32 candidats répartis comme suit: deux sièges sunnites, 12 candidats; un maronite, 8; un grec-catholique, 4; un grec-orthodoxe, 5 et un évangéliste, 3 candidats.
Beyrouth II groupe Mousseitbé, Bachoura et Rmeil avec six sièges que se disputent 29 candidats répartis comme suit: deux sièges sunnites, 12 candidats; un chiite, 5; un grec-orthodoxe; un arménien-orthodoxe, 3; un représentant des minorités, 6 candidats.
Beyrouth III groupant Aïn el-Mreissé, Ras-Beyrouth, Zokak el-Blat, Médawar, le Port et Minet el-Hosn avec sept sièges que se disputent 23 candidats répartis comme suit: deux sièges sunnites, 10 candidats; un chiite, 3; un druze, 4; un arménien-catholique, 2 et deux arméniens-orthodoxes, 4 candidats.
A Beyrouth, 84 candidats sont en lice pour 19 sièges parlementaires. L’un des aspects saillants de cette bataille réside dans le fait que l’ancien Premier ministre, M. Rafic Hariri qui se présente lui-même dans la première circonscription, a présenté des listes complètes dans les deux autres, faisant face dans la deuxième à la liste patronnée par M. Tammam Salam et, dans la troisième, à celle du Premier ministre, M. Salim Hoss. Un usage abusif, dit-on, est fait de l’argent surtout du côté Hariri qui dispose d’un large appui médiatique, puisqu’il possède une télé, une radio et un quotidien.
Salim Hoss est, pour sa part, sorti de sa réserve, accordant des interviews, organisant des meetings pour faire face à la campagne menée par son prédécesseur et aux attaques virulentes dont il fait l’objet. Les autres candidats ont formé des listes incomplètes ou se présentent à titre individuel. On relève la présence de quelques rares candidates, entre autres le Dr Ghada Abdallah Yafi, Mme Linda Matar, Roula Houri et Ghénoua Jalloul.
Un des aspects spectaculaires de la bataille de Beyrouth fut le retrait du député “frondeur” Najah Wakim de la course, sans qu’on s’explique les raisons de sa décision.
Le dimanche 3 septembre, les urnes relèveront de l’importance des forces en présence, de même dans la Békaa et au Liban-Sud.

Nabih Berri: Son alliance avec 
le “Hezbollah” renforce sa position.

Hariri mène campagne pour 
la présidence du Conseil.

N. Salem écarté à cause de ses 
positions en faveur de Jezzine.

LA BÉKAA: TROIS CIRCONSCRIPTIONS ET CENT CANDIDATS POUR VINGT-TROIS SIÈGES
Le mohafazat de la Békaa a été découpé en trois circonscriptions où cent candidats se disputent 23 sièges; la bataille y est assez calme, malgré l’existence de listes adverses. L’impression qui se dégage est que les minibus sont sûrs de passer.
La première circonscription de la Békaa groupe les cazas de Baalbeck et du Hermel avec dix sièges que se disputent 52 candidats, répartis comme suit: deux sièges sunnites, 9 candidats; un maronite, 8; six chiites, 32; un grec-catholique, 3 candidats.
La deuxième circonscription de la Békaa est formée du caza de Zahlé avec sept sièges, que se disputent 26 candidats répartis comme suit: deux sièges grecs-catholiques, 5 candidats; un maronite, 4; un grec-orthodoxe, 4; un arménien-orthodoxe, 3; un chiite, 5 et un sunnite, 5 candidats.
La troisième circonscription groupe les cazas de la Békaa-ouest et de Rachaya avec six sièges que se disputent 22 candidats répartis comme suit: deux sièges sunnites, 7 candidats; un chiite, 4; un druze, 5; un maronite, 3 et un grec-orthodoxe, 3 candidats.
Un des faits les plus étranges au niveau de la campagne électorale dans ce district est le retour sur la scène politique de cheikh Sobhi Toufayli, alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour tentative de meurtre.
Quant aux candidatures, on relève l’absence de la course du député et ancien ministre M. Chawki Fakhoury, un proche du président Elias Hraoui. Alors que l’ambassadeur à la retraite, M. Fouad Turk est, pour sa part, engagé en force à la tête d’une liste, dans cette bataille, face à la liste “principale” présidée par le député Elie Skaff.

LIBAN-SUD, CIRCONSCRIPTION UNIQUE: 86 CANDIDATS POUR 23 SIÈGES
Au moment où la loi électorale a été promulguée, la partie méridionale du pays était encore sous occupation israélienne. Aussi, a-t-il été décidé que, pour les législatives 2000, le Sud formera une circonscription électorale à titre exceptionnel. A l’avenir, il en formera deux: la première étant formée de Saïda, Zahrani, des cazas de Tyr et de Bint-Jbeil; la deuxième, des cazas de Marjeyoun, Hasbaya, Nabatieh et Jezzine.
Ce découpage avait soulevé une vive polémique, notamment en ce qui concerne la région de Jezzine qui devrait être rattachée à son milieu naturel: Saïda et non Nabatieh. Mais rien à faire, tout comme pour le cas de Bécharré, rattaché, artificiellement, au Akkar, les décisions étaient irrévocables.
Le mohafazat du Sud compte 23 sièges pour lesquels se disputent 86 candidats répartis comme suit: Saïda: deux sièges sunnites, 5 candidats. Zahrani: deux chiites, 6; un grec-catholique, 3; Tyr: quatre chiites, 13 candidats; Bint-Jbeil: trois chiites, 8 candidats; Marjeyoun-Hasbaya: deux chiites, 7; un sunnite, 9; un druze, 6; un grec-orthodoxe, 4 candidats. Nabatieh: trois chiites, 10 candidats; Jezzine: deux maronites, 10 et un grec-catholique, 5 candidats.
Le fait pour le Liban-Sud de constituer une circonscription unique, rend difficile, à de rares exceptions, la possibilité de percer la liste “principale” formée de 23 candidats et patronnée par le président Nabih Berri. A cela s’ajoute la coalition entre “Amal” et le “Hezbollah”, comme partout ailleurs. Pour cela, au Sud, on parle “d’autobus” ou de “rouleau-compresseur” et la bataille est assez plate. Certes, face à la liste majoritaire, il y aura d’autres incomplètes et des candidatures individuelles, mais leurs chances sont minimes. Face au rouleau-compresseur, il y aura l’ancien président de la Chambre, M. Kamel el-Assaad; le président de la CGTL, M. Elias Abou-Rizk; M. Habib Sadek, ancien parlementaire; des représentants du parti communiste et le député actuel Nadim Salem qui a été écarté de “l’autobus” à cause de ses prises de position courageuses en faveur de Jezzine, au moment du retrait des éléments de l’ALS. Quant aux candidatures féminines, on en compte deux: l’actuel député Bahia Hariri et une candidate à Tyr, Bouchra Ayoub Khalil.

NELLY HELOU

Home
Home