CANDIDAT AU METN-NORD EMILE LAHOUD:
“J’AMBITIONNE D’ÊTRE LE PORTE-PAROLE DES JEUNES SOUS L’HÉMICYCLE”

En politique, il a été formé à bonne école, de même qu’au plan militaire, alors que rien ne lui échappe des  problèmes intéressant les jeunes de sa génération.
Ce jeune homme blond d’apparence paisible, portant les soucis de la jeunesse libanaise et se préoccupant de son avenir, a des idées claires et se distingue par une volonté à toute épreuve.
Emile Emile Lahoud n’ignore rien des problèmes des jeunes, ceux de l’émigration et du chômage en tête, sans perdre de vue tant d’autres qui se posent à partir du banc de l’école et de l’université jusqu’au début de la vie active, ceux de l’habitat, du mariage, de la fondation d’une famille et du Liban, en général.
Nous l’avons rencontré à son domicile de Baabdate, noyé dans la verdure où il a répondu à nos questions, même les plus embarrassantes.

REPRÉSENTANT DES JEUNES SOUS L’HÉMICYCLE
Vous ambitionnez de représenter les jeunes et de traduire leurs aspirations à la Chambre des députés. Quelles sont les possibilités d’une législature où la jeunesse libanaise ne compte que dix pour cent à peine de ses effectifs?
En ce qui me concerne, la politique se divise en deux parties: la première que beaucoup utilisent à des fins personnelles repose sur la démagogie et les slogans; la seconde, se base sur la réalité et celle-ci a toujours servi de mobile aux Lahoud.
Pourquoi me suis-je enthousiasmé pour les jeunes et ai-je engagé ma campagne en leur nom? Tout simplement, parce que j’ai découvert que leur cause ne suscite pas l’intérêt voulu.
Bien des faits simples ou secondaires, me paraissent importants et fondamentaux, tels le chômage, l’émigration, les programmes pédagogiques et sportifs, le service du Drapeau, l’âge du vote et d’autres problèmes requérant des solutions urgentes. Je ne prétends pas trouver seul la solution, mais je serai parmi ceux qui contribueront à la trouver.

D’autres avant vous ont tenu un langage identique et n’ont pu rien accomplir à l’ombre d’une majorité parlementaire récalcitrante.
Ils se sont mobilisés pour des causes beaucoup plus grandes. Ainsi, ils n’ont jamais parlé du sport qui constitue une richesse importante pour un pays comme le nôtre. J’ai été pendant sept ans champion du Liban en natation et je crois que nous pouvons renforcer notre économie par le sport.
De même, le service militaire est important. Je l’ai moi-même accompli et je considère qu’il faut le limiter à trois mois tout au plus, car ce serait une perte de temps et une dilapidation de l’énergie des jeunes.
En ce qui a trait à l’âge du vote, j’œuvrerai à l’effet de le ramener à dix-huit ans, pour que le citoyen puisse accomplir son devoir démocratique aux élections.
Tels sont les problèmes secondaires qui n’intéressent personne ou si peu de citoyens et que les hommes politiques évitent d’évoquer. Mais ils m’intéressent et je m’efforcerai de les résoudre.

PAS DE DÉSACCORD PERSONNEL AVEC NASSIB LAHOUD
Qu’est-ce qui vous oppose à Nassib Lahoud?
Aucun désaccord personnel ne m’oppose à Nassib Lahoud, mais une forte émulation pour le bien public. Cependant, j’appartiens à une génération différente de la sienne. Il représente des idées déterminées différentes des miennes. Il est de notoriété publique que deux des trois sièges parlementaires du Metn étaient occupés par la famille Lahoud: mon grand-père, le général Jamil Lahoud et Salim Lahoud, père de Nassib.
En toute franchise, je m’occupe de questions jugées secondaires, celles intéressant les jeunes, sans négliger les grandes causes, mais en m’éloignant de la démagogie et je sais que le moment n’est pas venu pour moi d’en parler.
Aujourd’hui, mon père fait de la politique, en tant que chef de l’Etat. J’ai foi en ce que chaque homme doit accomplir son devoir, l’élément fondamental du succès étant l’entente. Si tous devaient s’acquitter des mêmes tâches, qui s’occuperait des problèmes auxquels je fais allusion?
L’émigration des jeunes est une question qui relève du ministère de l’Education nationale, en ce sens qu’il est tenu d’instituer l’orientation professionnelle pour réduire le nombre des chômeurs. Ainsi, en France ils ont institué plus de vingt Bac, à l’effet d’assurer aux jeunes des emplois dès un âge précoce (entre 10 et 12 ans). A partir de cet âge, il est possible de déterminer l’orientation des jeunes.
Chez nous, après avoir terminé la Philo ou les Sciences expérimentales, un jeune doit opter, nécessairement, pour la médecine, le génie ou l’avocature. Je respecte ces professions libérales qui sont la base de toute civilisation et société civile, mais il existe bien d’autres professions et métiers que peu de gens embrassent, parce qu’ils les considèrent comme secondaires.
Je suis réaliste et je connais mes limites. Je suis pour le savoir et la compétence. Mon expérience avec les jeunes me permet d’aider à trouver les solutions adéquates à leurs problèmes.


M. Emile Lahoud répondant aux questions ce notre ccollaboratrice.

LA POLITIQUE M’ATTIRE DEPUIS L’UNIVERSITÉ
Si votre père n’était pas président de la République, auriez-vous songé à poser votre candidature aux législatives?
Certainement et l’idée se posait à moi depuis quelque temps. J’étudiais le marketing à l’université et en 1996, j’ai décidé de me spécialiser en sciences politiques. A cette date, mon père était commandant en chef de l’Armée. Je savais, alors, que je devrais m’adonner à la politique, sans savoir à quel moment je devrais m’engager dans cette voie.
Les circonstances ont été favorables dès la fin de mes études universitaires et de mon service militaire. Aussi, ai-je décidé de poser ma candidature aux législatives. Telle est la réalité.

Si le ministre de l’Intérieur n’était pas le beau-père de votre sœur, auriez-vous été amené à prendre cette décision?
La famille Lahoud fait de la politique depuis cent trente ans. Jamil Lahoud a commencé dans les années soixante et Michel Murr a fait partie pour la première fois de la liste de mon grand-père.
Nous faisons de la politique non parce que nous la considérons comme un devoir, mais parce que nous avons beaucoup enduré et acquis une expérience en la pratiquant. Pourquoi y renoncer, surtout si nous pouvons contribuer à faire le bien à travers elle?

Si vous êtes élu, beaucoup de gens frapperont à votre porte à des heures de leur choix. Aurez-vous la patience de les recevoir et de prendre connaissance de leurs requêtes et serez-vous disposé à leur rendre service, même si leurs demandes ne sont pas justes?
Ici, il existe une ligne rouge. Je remercie le Très-Haut de ce que jusqu’à ce jour, je n’ai eu à traiter aucune question illégale. J’assure qu’une telle chose ne se produira pas, car mon but est de faire respecter la loi, non de la violer.
Quant à l’affluence des gens, je tiens à rappeler que notre maison a été ouverte de tout temps. Nous avons renoncé à la politique durant trente ans, parce que mon père et mon oncle, Nasri étaient fonctionnaires et, de ce fait, ils ne pouvaient pas faire de la politique.
Tout le monde sera le bienvenu dans ma maison, d’autant que j’aime les gens et l’échange des idées. Mais j’abhorre l’anarchie et je tiens à ce que tout soit organisé. Si nous voulons réussir, nous devons nous acquitter de nos obligations d’une manière saine.
Après les élections, que je sois élu ou pas, la manière de traiter avec les gens sera la même. Ce que je voudrais accomplir, c’est d’aider dans le domaine public sans tomber dans le folklore, les slogans et la démagogie.

MES COLISTIERS SONT LES MEILLEURS
Votre famille est connue pour sa probité, depuis votre grand-père Jamil Lahoud jusqu’à votre père. Etes-vous sûr que tous vos colistiers vous ressemblent?
A mon avis et dans l’état actuel, mes colistiers sont les meilleurs. Au plan de la probité, ils n’en manquent pas et je suis fier d’être avec eux. Tous nous sommes déterminés à agir à l’effet de régler tant de problèmes auxquels le Metn est confronté depuis longtemps. Nous en avons assez de vivre dans un climat de crispation et de tension. Notre politique vise à rassembler, parce que nous avons senti un besoin des Metniotes de répudier les germes de la zizanie, bien que personne n’est en mesure de satisfaire tous les gens tout le temps. J’espère pouvoir coopérer avec mes colistiers si nous sommes élus.

Pensez-vous pouvoir continuer avec eux sous l’hémicycle et resteront-ils solidaires après les élections?
Oui et c’est l’une des qualités qui caractérisent notre liste; c’est le critère sur base duquel ils ont été choisis pour en faire partie. Nous n’avons pas conclu un bazar et tenons à former à l’Assemblée un bloc compact.
D’autres membres de la Chambre partageant nos idées et notre point de vue, pourront rallier notre groupe parlementaire.

Quelle est votre analyse de la situation économique?
La situation régionale joue un rôle important dans ce domaine. Au plan économique, la situation est difficile; il faut la traiter et nous la traiterons. Mon père a une équipe de travail spécialisée et compétente qui s’occupe de ce dossier.
Ici, je voudrais exprimer une opinion personnelle: le Liban avait à affronter un grand défi qui consiste en l’implantation des Palestiniens et selon des sources renseignées, une transaction aurait été proposée à ce sujet. Aujourd’hui, notre pays  paye le prix de son refus de souscrire à cette transaction.
Ce fut une option courageuse et adéquate. Je le dis non parce que le président de la République est mon père, mais parce que beaucoup d’hommes politiques ont adopté la même position énergique et claire. Si nous acceptions cette transaction, nous pourrions avoir la paix pendant cinq ans et, par la suite, les problèmes émergeront de nouveau pour ne plus trouver de solutions. Telle est, en résumé, la situation et je crois qu’elle évoluera vers le mieux-être.

LE CABINET INJUSTEMENT JUGÉ
Le gouvernement Hoss peut-il être taxé de négligence ou bien les circonstances ont-elles conduit le pays à la situation actuelle?
En tant qu’observateur, je dis que le gouvernement est jugé d’une façon injuste. Tous ses membres sont des gens compétents connaissant leurs obligations et la façon de les assumer. Mais lorsqu’on prend en charge un corps mort, peut-on le faire revivre?
Dieu merci, il n’est pas totalement mort et il y a un espoir de le ranimer et même de le sauver. Puis, la décision n’incombe pas uniquement au
Cabinet; l’Assemblée a son mot à dire et celle-ci a gelé un certain nombre de projets et de propositions. Pourquoi?
Parce qu’il existe un climat crispé, en plus de tant de vieux problèmes avec leurs séquelles. Tout cela a besoin de beaucoup de temps pour être redressé et quiconque est à l’intérieur (du Pouvoir) en connaît davantage que celui qui est à l’extérieur. L’information a un grand rôle à jouer aussi.

Comment concevez-vous la manière de rassembler les Libanais que les élections générales ont divisés?
Mon rêve a toujours été en traversant Baabdate, d’être reconnu par mes compatriotes et d’être salué par eux. C’est ce que j’ai dit au cours de ma première réunion avec mon groupe de travail.
Si nous voulons faire de la politique pour nous quereller avec les gens, ce n’est plus de la politique. Malheureusement, une crispation a prévalu dans certaines régions, dont le Metn et nous devons nous employer à la dissiper.

Pensez-vous que l’accord de Taëf a été appliqué dans son intégralité?
Pas du tout et nous ne pouvons accuser personne de cet état de choses, car la situation géographique du Liban est très sensible. L’accord de Taëf était, à l’époque, une tentative valable et, à mon avis, il a beaucoup donné au pays. Mais aujourd’hui, nous nous trouvons dans une nouvelle étape. Aussi, devons-nous mettre le passé de côté et œuvrer pour l’avenir.

Appellerez-vous à un dialogue national entre tous les Libanais, sans exception, en vue d’une action en faveur de l’avenir de ce pays?
La question qui m’importe au plus haut point est celle des jeunes et nous avons, d’ores et déjà, commencé à rechercher le mécanisme pouvant contribuer à améliorer leurs conditions de vie et de travail. Mon rôle et ma mission consistent, aujourd’hui, à transmettre le message, non de trouver la solution au problème. Je m’emploierai à entretenir le contact avec toutes les parties pour atteindre cet objectif. Ma responsabilité prioritaire est vis-à-vis du Metn. C’est mon devoir à l’égard de ma patrie, car je suis fier d’être candidat au siège maronite de ma circonscription.

Etes-vous optimiste quant à l’avenir?
L’homme politique qui n’est pas optimiste en l’avenir est un homme qui a échoué, car le rôle de la politique est d’améliorer la situation et de la mener vers le mieux-être. Il n’est pas possible que quelqu’un assume une charge s’il n’est pas persuadé, à l’avance, de pouvoir améliorer la situation dans laquelle il vit. Je suis très optimiste, parce que je sais que la phase difficile est sur le point de finir, à condition que nous coopérions tous en étant persuadés du fait que des jours meilleurs nous attendent.

Propos recueillis par
NISRINE C. LABAKI

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