Dennis Ross s’entretenant avec
Yasser Arafat: surmonter les divergences.
Dans ce contexte s’inscrit la visite-éclair qu’a effectuée
le souverain hachémite en Israël et dans les territoires occupés.
Accueilli à Tel-Aviv par le Premier ministre israélien, Ehud
Barak, il affirmait: “Il ne faut pas laisser passer l’occasion de la paix,
car une autre chance ne se représentera pas”.
Le roi Abdallah a reconnu les efforts déployés par M.
Barak en vue de parvenir à un accord de paix et l’a exhorté
à poursuivre son action dans ce sens.
M. Barak a répondu en affirmant que le gouvernement israélien
a fait preuve d’une “grande flexibilité” et qu’il est prêt
à “des compromis, mais, ajoutait-il, nous ne voyons pas une approche
similaire de l’autre côté”. Il a rejeté, en quelque
sorte, sur Yasser Arafat, chef de l’Autorité palestinienne, l’échec
du sommet de Camp David.
A Ramallah, le roi Abdallah II s’est entretenu avec M. Arafat et assuré
les Palestiniens de son plein appui concernant la question de Jérusalem.
Le raïs égyptien est également très sollicité
en tant que médiateur. Au Caire, M. Farouk Chareh, chef de la diplomatie
syrienne, a plaidé, pour sa part, en faveur d’un sommet arabe “pour
mettre fin à la situation désastreuse et à la division
des Arabes”, a-t-il affirmé à l’issue de son entretien avec
le président Moubarak.
L’Egypte s’est montrée plutôt réservée quant
à la tenue d’un tel sommet et son ministre des A.E., Amr Moussa,
a préféré renvoyer les discussions sur ce sujet à
la prochaine réunion ministérielle de la Ligue arabe prévue
au Caire, le 3 septembre. “Nous allons voir, dit-il, si le processus de
paix sur tous ses volets, s’oriente vers une paix juste et équilibrée,
les Arabes devant unifier leurs rangs pour empêcher un déséquilibre”.
A noter, qu’avant de se rendre au Caire, M. Chareh s’était rendu
en Arabie saoudite, où il s’est entretenu avec le roi Fahd, le prince
héritier Abdallah et le ministre des A.E., de ces mêmes questions.
Le leader palestinien multiplie, aussi, ses visites au Caire, sachant
que l’Egypte est engagée dans des contacts diplomatiques intenses,
afin d’avancer des idées créatives conciliant les exigences
palestiniennes et israéliennes.
ASSOUPLIR LES POSITIONS ET SURMONTER LES DIVERGENCES
La tâche de M. Dennis Ross, envoyé spécial américain
au P.-O., n’était pas non plus de tout repos. Chargé d’explorer
le terrain en vue d’un nouveau sommet israélo-palestinien, il s’est
montré plutôt prudent sur la possibilité d’aplanir,
à ce stade, les obstacles en vue d’un nouveau sommet, étant
donné la persistance des divergences entre Israéliens et
Palestiniens, notamment en ce qui concerne la question de Jérusalem,
pierre d’achoppement de l’ensemble du processus de paix, ainsi que sur
celles des réfugiés palestiniens et des colonies juives.
M. Arafat accuse M. Barak de ne pas tenir ses promesses sur Jérusalem
et Shlomo Ben Ami, ministre israélien p.i. des Affaires étrangères,
pose comme condition à un nouveau sommet un assouplissement de la
position palestinienne.
M. Barak avait déjà appelé M. Arafat à
faire preuve de “souplesse” pour permettre la conclusion d’un accord.
Une possible réunion tripartite pourrait, toutefois, avoir lieu
à New York entre le président Bill Clinton, MM. Barak et
Arafat qui ont déjà annoncé leur intention de participer
à l’Assemblée générale du Millénium
des Nations Unies du 6 au 8 septembre. Jusqu’au dernier jour de son mandat,
M. Clinton continuera à déployer tous les efforts pour instaurer
la paix au P.-O.
![]() M. Barak à Tel-Aviv: un médiateur écouté. |
![]() Hosni Moubarak en faveur d’un sommet arabe. |
NOUVEAU REVERS POUR BARAK
Pour le Premier ministre israélien, le temps presse, tant sa
position semble être fragile, depuis qu’il a perdu sa majorité,
en juillet, à la Knesset. M. Barak vient de subir un nouveau revers
avec le départ de son chef de Cabinet, Haïm Mendel-Shaked qui
a mis fin à ses fonctions après une étroite collaboration
avec Barak qu’il connaît depuis quinze ans. Il lui reproche de ne
pas se comporter en Premier ministre et de devenir son propre chef de Cabinet.
“Barak, confie-t-il au quotidien Yediot Aharonot, conduit maintenant sur
les jantes: ses pneus sont crevés. Pourtant, il persiste à
conduire avec détermination et dans la panique”.
L’adjoint de M. Mendel-Shaked avait déjà démissionné,
accusant le Premier ministre de transformer Israël en “République
bananière”.
Ces défections sont pour le Likoud, principal parti d’opposition
de droite, une nouvelle occasion en or pour demander à M. Barak
“de reconnaître son échec et de démissionner”. Mais
le chef du gouvernement n’a nullement l’intention de renoncer à
sa charge et, s’il se voit contraint à le faire, il entend gagner
les élections qui suivraient sa chute. Selon les analystes politiques,
M. Barak ne peut prétendre à sa propre succession, que s’il
y a de réels progrès dans le dossier israélo-palestinien.
Pour l’heure, il a annoncé une “révolution laïque”,
prévoyant l’adoption d’une Constitution, une réforme de l’enseignement
et un service national pour tous. Mais vu le rapport des forces au parlement
et le rôle des partis religieux, une telle réforme a peu de
chances de passer et sert davantage de dérivatif face à l’impasse
dans les pourparlers. Mais inutile de se leurrer et une seule alternative
est vitale: aboutir à une solution finale du processus de paix.
Comment parvenir, toutefois, à ce compromis, alors que les Israéliens
attendent toujours des Palestiniens qu’ils jettent du lest sur Jérusalem-Est;
en particulier, sur la question de la souveraineté sur la vieille
ville et sur l’esplanade des mosquées? Quant aux Palestiniens, ils
clament: “une paix véritable est impossible sans le retour de Jérusalem
sous la souveraineté palestinienne”.
Qui va trancher ce nœud gordien?