EFFORTS DIPLOMATIQUES ET MÉDIATIONS POUR SURMONTER LES DIVERGENCES
Le Proche-Orient continue à être le théâtre d’une intense activité diplomatique, de rencontres et contacts ayant  pour objectif de faire avancer le processus de paix.
Deux personnalités marquantes jouent un rôle essentiel de médiateur auprès des parties en conflit: le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie, leurs pays respectifs ayant déjà signé un accord de paix avec Israël.
Tous ces efforts porteront-ils leur fruit avant le 13 septembre, date à laquelle Abou-Ammar doit proclamer l’Etat palestinien?


Dennis Ross s’entretenant avec
Yasser Arafat: surmonter les divergences.

Dans ce contexte s’inscrit la visite-éclair qu’a effectuée le souverain hachémite en Israël et dans les territoires occupés. Accueilli à Tel-Aviv par le Premier ministre israélien, Ehud Barak, il affirmait: “Il ne faut pas laisser passer l’occasion de la paix, car une autre chance ne se représentera pas”.
Le roi Abdallah a reconnu les efforts déployés par M. Barak en vue de parvenir à un accord de paix et l’a exhorté à poursuivre son action dans ce sens.
M. Barak a répondu en affirmant que le gouvernement israélien a fait preuve d’une “grande flexibilité” et qu’il est prêt à “des compromis, mais, ajoutait-il, nous ne voyons pas une approche similaire de l’autre côté”. Il a rejeté, en quelque sorte, sur Yasser Arafat, chef de l’Autorité palestinienne, l’échec du sommet de Camp David.
A Ramallah, le roi Abdallah II s’est entretenu avec M. Arafat et assuré les Palestiniens de son plein appui concernant la question de Jérusalem.
Le raïs égyptien est également très sollicité en tant que médiateur. Au Caire, M. Farouk Chareh, chef de la diplomatie syrienne, a plaidé, pour sa part, en faveur d’un sommet arabe “pour mettre fin à la situation désastreuse et à la division des Arabes”, a-t-il affirmé à l’issue de son entretien avec le président Moubarak.
L’Egypte s’est montrée plutôt réservée quant à la tenue d’un tel sommet et son ministre des A.E., Amr Moussa, a préféré renvoyer les discussions sur ce sujet à la prochaine réunion ministérielle de la Ligue arabe prévue au Caire, le 3 septembre. “Nous allons voir, dit-il, si le processus de paix sur tous ses volets, s’oriente vers une paix juste et équilibrée, les Arabes devant unifier leurs rangs pour empêcher un déséquilibre”.
A noter, qu’avant de se rendre au Caire, M. Chareh s’était rendu en Arabie saoudite, où il s’est entretenu avec le roi Fahd, le prince héritier Abdallah et le ministre des A.E., de ces mêmes questions.
Le leader palestinien multiplie, aussi, ses visites au Caire, sachant que l’Egypte est engagée dans des contacts diplomatiques intenses, afin d’avancer des idées créatives conciliant les exigences palestiniennes et israéliennes.

ASSOUPLIR LES POSITIONS ET SURMONTER LES DIVERGENCES
La tâche de M. Dennis Ross, envoyé spécial américain au P.-O., n’était pas non plus de tout repos. Chargé d’explorer le terrain en vue d’un nouveau sommet israélo-palestinien, il s’est montré plutôt prudent sur la possibilité d’aplanir, à ce stade, les obstacles en vue d’un nouveau sommet, étant donné la persistance des divergences entre Israéliens et Palestiniens, notamment en ce qui concerne la question de Jérusalem, pierre d’achoppement de l’ensemble du processus de paix, ainsi que sur celles des réfugiés palestiniens et des colonies juives.
M. Arafat accuse M. Barak de ne pas tenir ses promesses sur Jérusalem et Shlomo Ben Ami, ministre israélien p.i. des Affaires étrangères, pose comme condition à un nouveau sommet un assouplissement de la position palestinienne.
M. Barak avait déjà appelé M. Arafat à faire preuve de “souplesse” pour permettre la conclusion d’un accord.
Une possible réunion tripartite pourrait, toutefois, avoir lieu à New York entre le président Bill Clinton, MM. Barak et Arafat qui ont déjà annoncé leur intention de participer à l’Assemblée générale du Millénium des Nations Unies du 6 au 8 septembre. Jusqu’au dernier jour de son mandat, M. Clinton continuera à déployer tous les efforts pour instaurer la paix au P.-O.
 
Le roi Abdallah II de Jordanie reçu par 
M. Barak à Tel-Aviv: un médiateur écouté.
Farouk Chareh plaide auprès du président 
Hosni Moubarak en faveur d’un sommet arabe.
 

NOUVEAU REVERS POUR BARAK
Pour le Premier ministre israélien, le temps presse, tant sa position semble être fragile, depuis qu’il a perdu sa majorité, en juillet, à la Knesset. M. Barak vient de subir un nouveau revers avec le départ de son chef de Cabinet, Haïm Mendel-Shaked qui a mis fin à ses fonctions après une étroite collaboration avec Barak qu’il connaît depuis quinze ans. Il lui reproche de ne pas se comporter en Premier ministre et de devenir son propre chef de Cabinet. “Barak, confie-t-il au quotidien Yediot Aharonot, conduit maintenant sur les jantes: ses pneus sont crevés. Pourtant, il persiste à conduire avec détermination et dans la panique”.
L’adjoint de M. Mendel-Shaked avait déjà démissionné, accusant le Premier ministre de transformer Israël en “République bananière”.
Ces défections sont pour le Likoud, principal parti d’opposition de droite, une nouvelle occasion en or pour demander à M. Barak “de reconnaître son échec et de démissionner”. Mais le chef du gouvernement n’a nullement l’intention de renoncer à sa charge et, s’il se voit contraint à le faire, il entend gagner les élections qui suivraient sa chute. Selon les analystes politiques, M. Barak ne peut prétendre à sa propre succession, que s’il y a de réels progrès dans le dossier israélo-palestinien.
Pour l’heure, il a annoncé une “révolution laïque”, prévoyant l’adoption d’une Constitution, une réforme de l’enseignement et un service national pour tous. Mais vu le rapport des forces au parlement et le rôle des partis religieux, une telle réforme a peu de chances de passer et sert davantage de dérivatif face à l’impasse dans les pourparlers. Mais inutile de se leurrer et une seule alternative est vitale: aboutir à une solution finale du processus de paix. Comment parvenir, toutefois, à ce compromis, alors que les Israéliens attendent toujours des Palestiniens qu’ils jettent du lest sur Jérusalem-Est; en particulier, sur la question de la souveraineté sur la vieille ville et sur l’esplanade des mosquées? Quant aux Palestiniens, ils clament: “une paix véritable est impossible sans le retour de Jérusalem sous la souveraineté palestinienne”.
Qui va trancher ce nœud gordien?

NELLY HELOU

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