Au
moment où le président Salim Hoss dirige la délégation
libanaise à l’assemblée générale de l’ONU -
où il prononcera le mot du Liban - on continue à se perdre
en conjectures à Beyrouth autour de la personnalité qui sera
appelée à former le nouveau gouvernement. Avant son départ
pour les USA, M. Hoss a évoqué avec le chef de l’Etat (notre
photo) les questions qu’il évoquera dans son discours à la
tribune des Nations-Unies.
La désignation du futur Premier ministre continue et, pour cause,
à préoccuper les milieux tant officiels, parlementaires,
que médiatiques et populaires. Mais jusqu’ici, aucune indication
n’a filtré quant à la personnalité qui serait appelée
à former le nouveau gouvernement. Et ce, en raison de la perplexité
qui s’est emparée des esprits et de maints facteurs devant être
pris en considération dans le choix du successeur du président
Hoss.
Pour le moment, quatre noms sont le plus fréquement cités,
ceux de MM. Rafic Hariri, Najib Mikati, ministre des T.P.; Adnan Addoum,
procureur général près la Cour de Cassation et Adnan
Kassar, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Beyrouth,
banquier et homme d’affaires.
A cause de la crise économique nécessitant une solution
urgente, le quatrième “présidentiable” devrait avoir le plus
de chance d’accéder à la troisième présidence,
étant donné sa vaste expérience dans les domaines
de l’économie, de la finance et des affaires.
Le fait pour M. Kassar d’avoir pris, cette semaine, l’initiative de
rassembler les responsables des organismes économiques, à
l’effet de préparer, à l’intention de la future équipe
gouvernementale, un plan d’attaque destiné “à briser la marasme
dans lequel le pays est enlisé”, est assez significatif.
M. Hariri pourrait réintégrer le Sérail, s’il
modifiait tant soit peu ses options, sa stratégie et ses objectifs.
A notre modeste avis, s’il revenait à la présidence du Conseil
ou pas, il poserait un problème qui risquerait de provoquer, à
plus ou moins brève échéance, une crise de régime
ou de pouvoir.
S’il retournait au Sérail, il lui serait difficile de coopérer,
sans accroc, avec le chef de l’Etat, parce que les programmes des deux
hommes et la conception qu’ils se font de la manière d’exercer le
Pouvoir ne concordent pas.
De fait, le président de la République a explicité
sa position au cours de la bataille électorale, en précisant
que les principes définis dans son discours d’investiture devront
constituer les grandes lignes de la déclaration ministérielle
du nouveau Cabinet.
Le président Lahoud serait acquis à un gouvernement d’entente
ou d’union, représentatif de toutes les franges politiques, respectueux
des droits de l’homme et des libertés publiques; déterminé
à relancer la réforme administrative en la menant jusqu’à
son terme, à combattre la corruption et le clientélisme.
M. Hariri qui parle d’une “équipe homogène”, pourrait-il
souscrire au programme présidentiel, s’il ne renonçait pas
au sien? On peut en douter...
S’il n’était pas chargé de former le nouveau Cabinet,
le “maître de Koraytem” remuerait ciel et terre pour rendre la tâche
du gouvernement difficile, voire impossible, en lui mettant des bâtons
dans les roues comme il avait agi avec le “Cabinet des 16”. Il pense ainsi
pouvoir déstabiliser le Pouvoir, entretenir l’instabilité,
empêcher le redressement de l’économie et la remise du pays
sur les rails.
Le second “présidentiable” dont on parle, M. Mikati, ne bénéficie
pas, au départ, de l’appui de ses alliés électoraux.
De fait, son colistier, Sleiman Frangié a, dès l’annonce
des résultats du scrutin au Liban-Nord, proclamé son soutien
à M. Hariri.
Quant à M. Addoum, sa candidature a peu de chance d’être
retenue par les membres de l’Assemblée, pour maintes raisons dont
la plus importante est que les “technocrates” ne sont pas indiqués
pour l’étape présente. |