“JE FAIS SOUVENT CE RÊVE ÉTRANGE
ET PÉNÉTRANT...”
D’un député libanais ou d’un ministre offrant un mois
de ses indemnités pour une bourse scolaire ou universitaire.
Utopie, répondra-t-on!
Pourtant, Hugo Chavez, président du Venezuela depuis son élection
à la tête de l’Etat, le fait. Son salaire mensuel de 1200
dollars US (700.000 bolivars) sert à financer des bourses.
Il a déclaré urbi et orbi: “Je ne dépense pas
grand-chose. Je ne paie pas mon logement officiel, ni ma nourriture, ni
mon essence, ni mon chauffeur, ni, etc... Pourquoi en aurais-je besoin?
Il a gardé, uniquement, sa retraite d’officier, équivalente
à ses indemnités de président.
On ne peut demander aux ministres libanais, aux députés
et aux autres hauts responsables de l’imiter. L’amour de l’argent
est trop bien ancré chez le Libanais, pour qu’il renonce à
ces dollars si “chèrement” gagnés!
Pourtant, les ministres Georges Corm et Nagib Mikati avaient suggéré,
au début de 1999, de supprimer les crédits dits “de routes”
alloués chaque année à chaque député:
Cent cinquante millions de livres libanaises, soit la bagatelle de 100.000
dollars US. Dans la plupart des cas, nul ne sait où ces allocations
aboutissent.
Mais tant Georges Corm que Najib Mikati avaient été traités
par de nombreux députés de pas mal de noms, dont les moindres
étaient “peu réalistes”, “démagogues” et “bizarres”.
Evidemment, des hommes intègres, discrets, compétents,
détestant les fla-flas ne peuvent être compris par la majorité
de leurs collègues. Pourtant, ces deux ministres étaient
on ne peut plus sérieux dans leurs propositions. Attendons voir,
si M. Najib Mikati devenant Premier ministre, se rappellera de cette proposition?
***
UNE HISTOIRE DES RELIGIONS? OUI.
UNE SEULE INSTRUCTION RELIGIEUSE? NON.
J’ignore la genèse de cette idée aberrante d’imposer
un livre unique d’éducation religieuse, plus connue sous le nom
d’instruction religieuse à tous les élèves libanais.
L’auteur ou les auteurs de cette proposition sont ou incultes ou de
mauvaise foi.
Comment peut-on enseigner cette matière à des personnes
de différentes religions et qui sera le ou les génies chargés
de la rédaction d’un tel ouvrage?
On pourrait penser à l’enseignement de l’Histoire des religions,
comme un prélude à une meilleure tolérance des Libanais.
On expliquera comment sont nées les différentes religions
dans le monde.
Un point, c’est tout!
Pourquoi le Libanais s’imagine-t-il toujours être plus malin,
plus intelligent que les autres?
Regardons ce qui se passe en France, pays laïc par excellence
(on se réfère toujours à la France parce que c’est
l’étalon-mesure du Libanais, en général).
En France, les écoles laïques recrutent un prêtre
catholique, un ministre protestant, un rabbin et un mufti pour l’instruction
religieuse de leurs élèves. Ceci se fait hors classe régulière
et selon les désirs des parents. Et cela se passe fort bien!
Alors, si la France pays à la culture universelle, de la Liberté,
de l’Egalité et de la Fraternité, n’a pas songé un
seul moment à établir ni à imposer un livre unique
d’instruction religieuse, quel est le huluberlu libanais, l’ignorant, l’inculte
qui a lancé l’idée saugrenue, grotesque, insensée
du livre unique d’instruction religieuse?
***
CE QUE GAGNE UN “ÉLU” DE LA NATION!
Pour commencer, une enveloppe mensuelle de neuf millions de livres
libanaises (6.000 dollars US). Une plaque bleue qui est, en principe, personnelle,
mais dont on fera des duplicatas pour toute la “sainte” famille. Un garde
de corps (pourquoi faire?), un chauffeur, un ou une secrétaire (payés
par la Chambre des députés), une ligne de téléphone
gratuite. Une voiture exemptée de droits de douane, des primes-assurances
pour les écoles, les universités et la santé de la
famille.
Sans compter que nombre de bourses universitaires offertes aux Libanais
par des pays amis, sont attribuées, avant même qu’elles soient
annoncées publiquement, aux rejetons, neveux, parents et alliés
des députés.
Et ceci n’est que la partie visible de l’iceberg. La partie immergée
comprend des cadeaux, de nombreuses allocations pour déplacements,
billets et invitations aux voyages, de tout genre à toutes les occasions
possibles et inimaginables, non seulement pour lui, mais pour la délégation
qu’il formera presqu’au gré de ses désirs et qui comprendra
souvent toute sa “smala”... Et si on ajoute à cela les 100.000 dollars
annuels de frais de “route”, on comprend aisément pourquoi il y
a eu tant de candidats aux législatives qui n’ont pas hésité
à payer les dix millions de L.L., caution ou “frais d’inscription”
(Six mille six cent soixante six dollars), certain que ces derniers feront
des petits, dès leur entrée sous l’hémycicle.
Et rappelons cette fameuse plaque bleue, source de toutes les jalousies
et rivalités entre... ces dames.
On comprendra, alors, pourquoi nos élus, sont loin d’être
des philanthropes et qu’ils n’ont peut-être jamais entendu parler
de “Caritas”, “Cor Unum” et toutes sortes de fondations caritatives et
culturelles.
A leur décharge, cela s’est ainsi, sans doute, presque toujours
passé de cette manière au Liban, à la différence
que le peuple ne crevait pas alors littéralement de faim.... Et
ils n’étaient pas 128...
***
LA MORALE EST UNIVERSELLE
Selon le dictionnaire, la Morale avec un “M” majuscule, est la science
du bien et du mal.
En outre, la Morale qui est la partie la plus importante de la philosophie
(toujours selon le Larousse), est l’ensemble des règles qui doivent
diriger les actions de l’homme.
En fait, la morale est une règle de vie qui s’applique à
tous les hommes.
Il est toujours mal de tuer, de voler, de tromper, de mentir, etc...
sous tous les cieux. Il n’existe pas de société dans le monde
qui considère ces actions comme bonnes et recommandables.
Il est, aussi, reconnu dans toutes les sociétés qu’il
est bon de pratiquer la charité, la justice, d’avoir la foi, etc...
Tant Saint Augustin, Socrate, Montaigne, etc... considèrent
que la morale est inséparable de la conscience... et de la politique.
Il est vrai que certaines nuances diffèrent sur le bien et le
mal, selon le lieu et le temps mais, en général, des ressemblances
sont plus remarquables que les différences dans la compréhension
du bien et du mal.
Par conséquent, si les autorités libanaises veulent concevoir
un manuel unique de morale, il n’y a là aucun problème.