LES PERSPECTIVES
D’AMÉLIORATION POLITIQUE
DISSIPENT LES PRÉVISIONS
ALARMISTES
Au moment où
est institué un débat national concernant la situation économique
au Liban, la Banque du Liban se doit d’apporter quelques réflexions
objectives, d’autant plus que les investisseurs et les consommateurs prennent
leurs initiatives par anticipation.
Les perspectives que la BDL entrevoit à partir de 2001 comportent
des possibilités d’amélioration de l’environnement politique,
ce qui pourrait relancer l’économie plus rapidement que prévu
et prendre à contrepied toutes les prévisions alarmises.
Les événements politiques ont toujours eu de l’influence
sur l’investissement et la consommation. Or, à partir de 2001 et
pour au moins quatre ans, aucune élection nationale pouvant avoir
un caractère conflictuel ne devrait avoir lieu. Si nous ajoutons
à cela le fait qu’Israël, s’étant retiré du Liban-Sud,
ne devrait plus mener contre notre pays des opérations militaires,
nous pourrons conclure que l’environnement politique, jadis négatif,
devrait encourager les investissements et la consommation.
Les ressources financières du Liban demeurent importantes, malgré
un niveau d’endettement élevé, tant dans le secteur public
(136% du PIB) que dans le secteur privé (88%). La croissance des
dépôts bancaires de 12% durant l’année 2000, est un
indicateur positif et nous permet d’avoir des possibilités de crédit
en provenance du secteur bancaire allant au-delà de deux milliards
de dollars. Le consensus qui se produit, actuellement, pour la privatisation
ou au moins pour une meilleure gestion des activités économiques
de l’Etat (eau, électricité, téléphone...),
devrait provoquer la décélération de l’expansion de
la dette publique et, par anticipation baisser la structure des taux d’intérêts
sur nos marchés.
Le développement des marchés de capitaux devrait conduire
à une meilleure capitalisation de nos entreprises qui se financeraient
par l’émission d’actions réduisant ainsi leur endettement.
Les réformes fiscales prévues et une meilleure collection
des taxes et impôts devraient permettre un réajustement fiscal
favorisant la diminution des charges gouvernementales supportées
par les entreprises. Cette action serait d’autant plus favorable, qu’elle
pourrait être accompagnée d’une réforme de la Sécurité
Sociale.
Les programmes de financement gérés par la BDL devraient
aider à canaliser les possibilités de financement aux secteurs
productifs (bonification de 5% sur les taux d’intérêt pour
les crédits à l’industrie, au tourisme et à l’agriculture),
à l’habitat (exemption des réserves obligatoires) et aux
petites entreprises (Kafalat).
La synergie produite par tous ces facteurs aurait pour effet de rétablir
la confiance, cette dernière demeurant le principal moteur de toute
économie, surtout au Liban où le facteur humain est à
la base de l’activité économique.
RIAD SALAMÉ
Gouverneur de la Banque du Liban
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