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De
formation militaire, M. Jean Ogasabian, député élu
de Beyrouth, a servi dans l’Armée où il a été
chargé, dès l’accession du général Emile Lahoud
à la présidence de la République, de la sécurité
du chef de l’Etat, avant d’être nommé commandant adjoint de
la garde présidentielle.
Avant de poser sa candidature aux dernières élections législatives, il a demandé conseil au président Lahoud qui a attiré son attention sur le fait que “la vie politique diffère totalement de la vie militaire”. Aussi, lui a-t-il recommandé de bien réfléchir avant de prendre sa décision. |
Né à Beyrouth en 1954 et dès la fin de ses études
secondaires au collège Champville, il est entré à
l’Ecole militaire et sa formation terminée, il a gravi les échelons
jusqu’à atteindre le grade de colonel. Au préalable, il a
suivi des stages d’entraînement en Jordanie, en France, en Allemagne,
aux Etats-Unis et a obtenu un diplôme en Sciences sociales de l’Université
libanaise.
Il justifie sa décision de troquer sa carrière militaire
contre la vie politique, par le désir de traduire dans ce domaine
son expérience acquise dans l’Armée. Il est persuadé
que l’action politique lui permettra de s’associer au service de la patrie,
à travers sa participation à l’élaboration de législations
susceptibles d’améliorer les conditions de vie et de travail des
citoyens.
LAHOUD ET HARIRI ONT LES MÊMES OBJECTIFS
Comment avez-vous concilié vos relations avec le président
Lahoud et le président Hariri, celui-ci représentant l’opposition
radicale?
Je considère que les aspirations du président Lahoud
ne diffèrent pas, quant au fond, de celles de M. Hariri, le programme
national mis au point par le “courant de l’avenir et de la dignité”,
dont M. Hariri est le chef de file, s’inspirant en grande partie du discours
d’investiture présidentiel.
De plus, l’action de l’un et de l’autre repose sur des constantes,
dont celle relative à la concomitance des volets libanais et syrien.
Puis, à aucun moment, M. Hariri n’a menacé la paix civile
et la sécurité sociale, son objectif visant à relever
le niveau de vie des citoyens.
Dans quel domaine comptez-vous concentrer vos efforts en tant que
membre de l’Assemblée?
J’ai pu accéder au parlement grâce au soutien de l’électorat
beyrouthin, ce qui augmente ma responsabilité. C’est pourquoi, je
me consacrerai à garantir le respect des droits des citoyens et
à leur assurer les services, dont ils ont le plus besoin, tout en
m’acquittant du double rôle qui incombe au député,
celui de contrôler l’Exécutif et de légiférer
en vue de relever le standing de vie des Libanais, en général
et des habitants de la capitale, en particulier.
Je me conformerai au programme national qui constitue un document de
travail pour l’étape future, élaboré à partir
de l’expérience acquise par le président Hariri au Pouvoir.
Continuerez-vous à faire partie du bloc haririen ou bien rallierez-vous
un groupe parlementaire acquis entièrement au président de
la République?
Après mûre réflexion, j’ai décidé
de faire partie du “bloc de l’avenir et de la dignité” et de m’astreindre
à son programme de travail qui répond aux aspirations des
Libanais quant à l’édification de l’Etat de la loi et des
institutions.
MON RÔLE AUX PLANS NATIONAL ET DES SERVICES
En tant que député arménien, où vous
situez-vous par rapport au “Tachnag” et aux autres partis de la communauté
que les législatives ont disloquée?
En plus de mon rôle aux plans national et des services, j’accorderai
une attention particulière à ma propre communauté.
J’œuvrerai à l’effet de régler les problèmes auxquels
elle est confrontée, de favoriser le développement des régions
à prédominance arménienne et de venir en aide aux
institutions arméniennes opérant dans les domaines médiatique,
social et sportif.
Comme je l’ai fait en tout temps, j’agirai en parfaite coordination
avec les partis arméniens, dont j’apprécie les efforts et
le rôle historique. Bien que ces derniers ne se soient pas coalisés
au cours des élections générales, ils visent un même
but, à savoir: sauvegarder les droits et la dignité de leurs
coreligionnaires.
A cet effet, les députés arméniens coopèreront
au sein d’un même groupe pour atteindre ces objectifs et réactiver
la participation des Arméniens à la vie politique libanaise.
Comment jugez-vous les résultats des élections à
Beyrouth où plusieurs “symboles” ayant leur importance, tels le
président Hoss, M. Mohamed Y. Beydoun et des candidats arméniens
en vue ont été évincés de la Chambre?
Le scrutin s’est déroulé dans un climat de liberté
et ses résultats reflètent la tendance et les aspirations
des citoyens. Ceux-ci ont eu l’impression que la politique suivie, ces
derniers temps, a eu pour conséquence d’aggraver la crise socio-économique
et ont accordé leurs suffrages aux listes patronnées par
l’ancien Premier ministre.
La volonté du peuple l’a emporté et nul n’avait l’intention
d’éliminer qui que ce soit. En ce qui concerne le “Tachnag”, on
ne peut nier ce qu’il représente au sein de notre communauté;
aussi, veillerons-nous à réactiver nos rapports avec ce parti.
HARIRI POUR UN NOUVEAU DISCOURS POLITIQUE
Ne considérez-vous pas que le président Hariri a suivi
une “politique éliminatoire”?
Le président Hariri est contre l’élimination de toute
partie politique. Il tend la main à tous et il l’a réitéré
au cours de sa conférence de presse tenue après la proclamation
des résultats des législatives. Il s’est prononcé
en faveur du dialogue politique. Le programme du “courant de l’avenir et
de la dignité” est approuvé par bien des leaderships politiques,
parce qu’il vise à redresser la situation.
Quel est votre candidat à la présidence du Conseil?
Le choix du chef du gouvernement se fera selon les règles, après
les consultations parlementaires du président Lahoud. En ce qui
me concerne, je soulèverai cette question au sein du bloc dont je
fais partie et respecterai sa décision. Je souhaite que le nouveau
Premier ministre puisse constituer un gouvernement où seraient représentées
toutes les forces politiques, afin de pouvoir trouver des solutions adéquates
à la crise socio-économique et de prendre les décisions
voulues relatives au processus de paix dans la région.
Vous voyez-vous ministre dans le prochain Cabinet?
Il est prématuré d’en parler. Cela dépend de la
décision de mon bloc parlementaire, de la forme et des orientations
du prochain Cabinet.