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![]() le chanteur Bono du groupe irlandais U2, venu défendre les objectifs de Jubilé 2000. |
Ces groupements ne pouvaient donc pas rater les réunions de Prague
où se sont succédé les grands argentiers du G7 et
les directeurs des grandes institutions financières internationales,
ainsi que le FMI et la Banque mondiale. Les autorités tchèques
avaient multiplié les barrages, réduit les déplacements,
interdit l’accès du pays à nombre de contestataires. Mais
ceux-ci sont parvenus à forcer tous les barrages, souvent infiltrés
par des anarchistes et des communistes orthodoxes et à scander leurs
slogans anti-mondialisation.
En dépit du folklore qu’ils déploient, de la violence
qui les tente et des excès de leurs anathèmes, leurs discours,
notamment celui du Jubilé 2000 qui avait recueilli 17 millions de
signatures dans 65 pays, commencent à porter. L’appel de cette coalition
internationale avait déjà été entendu l’an
dernier au sommet du G7 à Cologne. Etant donné sa détermination,
il devra forcer certaines résistances. Selon Jubilé 2000,
19.000 enfants meurent chaque jour dans les pays pauvres qui ploient sous
le service de la dette et ne parviennent à investir ni dans le domaine
de la santé ni celui de l’éducation. “Nous n’allons plus
nous contenter de demi-mesures dont ils semblent être fiers, s’indigne
Ann Pettifor, directrice de cette coalition. Nous voulons qu’ils sachent
que nous ne baisserons pas les bras avant qu’ils n’annulent à 100%
les dettes des pays les plus pauvres”. Cette revendication s’inscrit dans
un cadre bien plus vaste, celui de la lutte contre la mondialisation accusée
de servir les pays riches au détriment des pays pauvres.
A Prague, les militants anti-mondialisation
réclament de la nourriture et non des bombes.
La lutte promet d’être longue, bien que des ponts aient été
déjà établis entre le FMI, la Banque mondiale et les
ONG et des efforts substantiels (et néanmoins insuffisants) accomplis
pour la réduction des dettes des pays les plus pauvres et le développement
de la lutte contre la pauvreté.
Ces manifestations n’ont pu occulter les travaux accomplis par le G7
réuni le week-end dernier dans la capitale tchèque. Les ministres
des Finances ainsi que les directeurs des banques centrales des pays les
plus industrialisés ont planché sur le redressement de l’euro
et la lutte contre la flambée du cours du pétrole. Ils avaient
été revigorés deux jours auparavant par l’intervention
concertée (et pour la première fois depuis cinq ans) de la
Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque
du Japon, la Banque d’Angleterre, la Banque centrale du Canada et la Banque
centrale européenne (BCE) pour soutenir l’euro.
En parallèle, Bill Clinton à l’instigation d’Al Gore,
avait fait entrer la crise du pétrole dans la campagne présidentielle
américaine et autorisé, “en prévision de l’hiver”,
le prélèvement prochainement de 5 millions de barils/jour
à cinq ou six reprises. Les Etats-Unis disposent de 570 millions
de barils/jour en réserves stratégiques au Texas et dans
la Louisiane. Ils y avaient puisé, pour la première fois
en 25 ans, en 1991 lors de la guerre du Golfe. Ce qui a incité le
candidat républicain George W. Bush à monter au créneau
et dénoncer ce qu’il a présenté comme une mesure électorale.
Les ministres du G7 ont applaudi à cette initiative, ayant les yeux
braqués sur la réunion des chefs d’Etat des pays de l’Opep,
les 27 et 28 septembre à Caracas.