DÉPUTÉ DE BAABDA-ALEY ANTOINE GHANEM:
“PAS D’AMÉLIORATION DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE SANS STABILITÉ POLITIQUE”

. Licencié en droit des universités de Lyon, Saint-Joseph et libanaise, pratiquant l’avocature depuis trente-deux ans, membre du corps professoral à la Faculté de gestion de l’U.L. depuis cinq ans, Me Antoine Ghanem se distingue par sa modération et la souplesse de ses prises de position, sans transiger toutefois sur les principes.
Ancien chef du régional Kataëb à Baabda, actuel chef du régional à Furn el-Chebbak, il fait également partie du conseil central du parti.
Acquis au dialogue et jouissant d’un long souffle quand il s’agit d’engager la discussion autour de sujets épineux et délicats, il part de l’idée que “la vérité finira par éclater tôt ou tard.”

Troisième candidat des Kataëb à accéder au parlement, il justifie en ces termes le fait pour son parti d’avoir pactisé avec des courants politiques de tendance opposée au sien: “L’alliance entre le leader des Kataëb, Me Mounir Hajj et le candidat du PSNS, Ghassan Achkar sur la liste Murr, était d’ordre purement électoral et non politique. C’est le contraire qui s’est produit dans la circonscription d’Aley-Baabda, en ce sens que M. Walid Joumblatt a tendu la main au courant chrétien, en formulant le souhait de maintenir notre coopération après les législatives.”

QUID DE LA RÉCONCILIATION KATAËB?
Qu’est-ce qui empêche ou retarde la réconciliation entre le parti Kataëb et les fractions dissidentes? Le retour du président Amine Gemayel peut-il contribuer à les rapprocher?
Je souhaite que la réconciliation au sein du parti soit proche et il va sans dire que le retour du président Gemayel peut aider à accélérer l’aboutissement des efforts qui sont déployés depuis un bon bout de temps.
La présence du président Gemayel a contribué, sans nul doute, à renforcer les candidats du parti, plus précisément à Furn el-Chebbak, Chiah, Téhouita et au quartier du Fleuve.

L’alliance conclue entre les Kataëb et le Parti socialiste progressiste a-t-elle quelque chance de se perpétuer après les élections?
Pourquoi pas, tant que Walid bey (Joumblatt) œuvre en faveur de l’entente, de la paix civile, du retour des personnes déplacées à la montagne, de la décision nationale libre, comme de la consolidation de la souveraineté et de l’indépendance.

Comptez-vous coopérer à l’Assemblée nationale avec MM. Pierre A. Gemayel et Nader Souccar?
Je considère que notre parti compte trois députés dans la nouvelle législature. Si M. Pierre Gemayel ne porte pas une carte de membre, il peut être considéré comme membre des Kataëb avant de naître, en sa qualité de petit-fils du fondateur, de fils du président Amine Gemayel et de neveu du président-martyr Bachir Gemayel.

Quels sont vos candidats aux présidences de la Chambre et du Conseil?
La présidence de la Chambre est, d’ores et déjà, assurée à M. Nabih Berri. Quant à la présidence du Conseil, il est prématuré d’en parler.

Vous est-il possible de coopérer avec le PSP, le Bloc national et d’autres groupes politiques considérés jusqu’ici comme des adversaires déclarés aux Kataëb?
Tous ces partis sont mus par la volonté d’œuvrer en faveur du Liban et de collaborer dans les domaines politique, économique et social aux fins d’améliorer les conditions de vie des citoyens.

En plus de votre alliance avec le PSP, qu’est-ce qui a le plus contribué à votre réussite aux législatives?
C’est le fruit de ma longue lutte en faveur du Liban et du parti auquel j’ai adhéré depuis quarante-deux ans. Je continue à vivre alors que beaucoup de mes compagnons sont morts durant la guerre. L’action ininterrompue que j’ai menée durant tout ce temps, m’a valu le soutien de toutes les fractions, sans omettre l’appui du président Amine Gemayel et des Forces libanaises.

LIBÉRER LE CITOYEN DU BESOIN
Quel est votre programme en tant que membre de l’Assemblée?
Le Liban ploie sous une crise économique aiguë qui ne peut être réglée sans stabilité politique. A mon avis, un gouvernement d’entente devrait être constitué, représentatif de toutes les franges de la classe politique, seul capable de redresser la situation.
D’ailleurs, le document d’entente préconise la mise sur pied d’un tel gouvernement.
D’autre part, je réclamerai une amnistie au Dr Samir Geagea, j’œuvrerai en faveur du retour des personnes déplacées à leurs villages dans la montagne et du général Michel Aoun, afin que nous agissions ensemble en vue d’édifier un Liban libre et indépendant.

Quelle est votre analyse des résultats du récent scrutin?
Le régime a assuré des élections libres et démocratiques. D’aucuns ont parlé de “listes préfabriquées”. Or, il s’est avéré que les électeurs ne se sont pas limités à ces listes et le panachage a joué sur une large échelle, permettant l’accession au parlement de quarante-sept nouveaux députés. Il faut déplorer, toutefois, la faible participation de l’électorat chrétien dans ma circonscription.

Le siège autrefois occupé par Pierre Gemayel à Beyrouth, pourra-t-il être récupéré un jour par le parti?
On ne peut comparer les temps présents au passé. Il faut dire que le boycottage d’une partie des électeurs chrétiens et le découpage des circonscriptions ont rendu plus difficile la présence d’un membre des Kataëb parmi les candidats dans la capitale.

OUI À LA RÉCONCILIATION NATIONALE
L’échec du président des Kataëb, Mounir Hajj est-il dû au panachage pratiqué par le PSNS?
Je n’en suis pas sûr, puisque je ne connais pas les dessous de l’opération électorale au Metn-Nord. Mais je souhaitais le succès de Me Mounir Hajj, afin de renforcer notre bloc dans l’hémicycle.

Le discours de M. Walid Joumblatt et “l’éveil de la conscience” auquel il a fait allusion, changeront-ils l’équation actuelle?
La famille Joumblatt est connue pour son patriotisme. Le discours politique du chef du PSP est un appel à la conscience, puisque son père feu Kamal Joumblatt a beaucoup œuvré en faveur de l’indépendance du Liban, en collaboration avec cheikh Pierre Gemayel, les présidents Camille Chamoun, Béchara el-Khoury et Riad Solh. Nous déplorons, aujourd’hui, l’absence de la décision nationale libre telle qu’elle se manifestait au début de l’ère d’indépendance.

Auriez-vous un dernier mot à dire?
Nous saluons le président Lahoud, dont la position nationale ferme a entraîné la libération des portions du territoire national occupées par Israël. Nous souhaitons qu’il œuvre en vue de régler la question politique et d’assurer la réconciliation nationale entre toutes les parties antagonistes. L’union nationale ne se réalisera qu’avec un Cabinet d’entente représentatif de toutes les fractions de la population. Enfin, nous souhaitons au président Lahoud le succès dans son action en vue de l’édification de l’Etat de loi et des institutions.

Propos recueillis par
JOSEPH MELKANE

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