|
LES ASSASSINS DE LA PAIX | ||
Ce
qui s’est passé à Jérusalem résume de la manière
la plus tragique la faillite de la classe dirigeante en Israël.
Voilà près de dix ans que les pays arabes avec les Palestiniens sont engagés dans des négociations de paix avec ce pays. Beaucoup de chemin a été accompli dans cette perspective au niveau des relations d’Etat à Etat. Mais le plus important aura été l’évolution des esprits: du côté arabe, on a fini par s’adapter à l’idée de paix et de coexistence avec ce qu’on appelait autrefois “l’entité sioniste”. Dans la population israélienne, malgré les résistances et les provocations des partis religieux et de la “droite”, en général, une opinion populaire de plus en plus influente s’est formée reconnaissant le droit des Arabes palestiniens, jusque-là appelés “terroristes”, à un Etat; des intellectuels courageux ont réécrit l’histoire de la création de l’Etat d’Israël et de la spoliation des Arabes. Soudain, il y eut l’assassinat d’Itzhak Rabin suivi de l’arrivée au pouvoir de Netanyahu. Le “processus de paix” était, dès lors, bloqué; les sentiments de méfiance et d’hostilité entre les deux populations étaient ranimés délibérément. Barak est venu remettre la négociation sur ses rails. L’espoir renaissait d’une possibilité de compréhension et de coexistence. Après des hauts et des bas et de nombreux retours en arrière, on semblait sur le point de conclure. C’est alors que les adversaires de la paix, sous la conduite de l’aventurier Ariel Sharon, sont entrés en scène pour perpétrer un second assassinat, cette fois collectif. *** On a dit que M. Sharon était préoccupé par les
derniers sondages d’opinion devenus favorables à M. Netanyahu. Il
lui fallait donc reprendre en main ses troupes. Il n’a rien imaginé
de mieux que d’aller se pavaner sur l’esplanade des mosquées, sachant
bien que les Palestiniens ne pourraient pas supporter cette provocation
sans réagir. Il s’était donc entouré de gardes du
corps fournis par l’Armée de M. Barak. Le résultat, on le
connaît: plus de 56 tués et près de 1000 blessés
par balles dans la population arabe en cinq jours d’affrontements.
*** Comment ne pas éprouver devant cette lamentable tragi-comédie
politique, religieuse et militaire, une pensée de compassion pour
son impuissant “parrain” nommé Clinton? Il aura beau se coiffer
de la “Kippa” des Juifs religieux, il ne comprendra jamais dans quelle
galère il s’est embarqué en croyant réconcilier les
Israéliens avec leurs voisins. Mission impossible.
|
![]() |