Ayant
précédé d’une semaine la rencontre des souverains
et chefs d’Etat arabes, fixée aux 21 et 22 octobre au Caire, le
sommet de Charm el-Cheikh a débouché sur des résolutions
qui sont trop belles pour être vraies. En fait, elles ont été
accueillies avec scepticime par l’opinion publique arabe, en raison du
peu de chance qu’elles ont d’être mises en application. D’autant
que Ehud Barak tient mordicus à son “Cabinet d’union” où
il siègerait aux côtés de son adversaire irréductible,
Ariel Sharon.
Quelles que soient les résolutions qu’aura adoptées le
sommet de Charm el-Cheikh et celles que prendra, par la suite, celui du
Caire, une question restera posée à laquelle il est difficile,
pour le moment, de donner une réponse convaincante.
En effet, le principal obstacle que Palestiniens (Arabes en plus du
monde islamique) et Israéliens ont à aplanir, dépasse
le cadre matériel; il est d’ordre psychique. Il s’agit, pour les
uns et les autres, surtout après la dernière quinzaine hystérique
qui s’est soldée par plus de cent tués et deux mille blessés,
dont plusieurs sont grièvement atteints, de dissiper un sentiment
exacerbé difficile à contenir, celui de la haine. Car trop
de sang a coulé...
Avant de se rendre à Charm el-Cheikh pour participer a un sommet-éclair
n’ayant duré qu’une journée, sans un accord préalable
sur son ordre du jour, les Palestiniens donnaient la priorité à
la constitution d’une commission internationale d’enquête - chargée
de déterminer les responsabilités de la dernière escalade
- alors que les Israéliens mettaient l’accent sur la sécurité.
Ceux-ci s’opposaient à la formation d’une telle commission et
l’Autorité palestinienne insistait sur le retrait de “Tsahal” aux
positions que ses effectifs occupaient avant les dramatiques affrontements,
comme sur la levée de “l’embargo de fait” imposé à
la Cisjordanie et à la bande de Gaza. Comment concilier les inconciliables?
Il faut donc s’attendre, tout au plus, après Charm el-Cheikh
à une trêve qui reste précaire, tant que Ehud Barak
n’aura pas renoncé à sa politique belliciste, surtout s’il
parvient à former un “Cabinet d’union” (avec Ariel Sharon), lequel
peut être considéré, à juste raison, comme un
“gouvernement de guerre”...
Dans ce cas, qui pourra garantir une trêve et l’arrêt des
affronte-ments sur le terrain? Ni les Nations Unies, ni les Etats-Unis
- leurs in-térêts étant de plus en plus mena-cés
- et encore moins l’Union euro-péenne, dont l’action, contestée
ou mal vue par Tel-Aviv, n’est pas soutenue par Washington qui tient à
maintenir le Proche-Orient sous son contrôle exclusif. De fait, la
capitale fédérale veut en faire une chasse gardée
où aucune initiative, quelle qu’en soit la nature, ne peut être
entreprise sans son agrément...
Les résolutions de Charm el-Cheikh se répercuteront,
indubita-blement, sur le sommet du Caire, d’autant que le monde tant arabe
qu’islamique ne se fait aucune illusion quant à l’efficacité
du dialogue avec Israël et appelle au “jihad”.
La solution au conflit israélo-arabe, le Mahatma Gandhi l’avait
testée lors du conflit ayant opposé, autrefois, l’Inde à
la Grande-Bretagne: la non-violence!
Mais pour pouvoir l’adopter, il faut commencer par bannir la haine
de part et d’autre. Est-ce aujourd’hui possible?
“En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre
en surface et en profondeur”, lit-on dans “Tous les hommes sont frères”
de l’apôtre de la non-violence qui soutenait, déjà,
à l’époque: “Le monde est fatigué de la haine que
la bienveillance seule peut annihiler”.
Il ne tient donc qu’à Ehud Barak et à tous les “faucons”
israéliens, Ariel Sharon en tête, de s’en convaincre et d’agir
de manière à rétablir la confiance avec les Arabes,
pour pouvoir entretenir avec eux des relations saines, susceptibles de
favoriser leur normalisation.
Tout le reste n’est que paroles creuses et produit l’effet du mirage
dans le désert. C’est une “cuisson de cailloux”. |