LA SEMAINE DES ÉCHÉANCES:
APRÈS LA RENTRÉE PARLEMENTAIRE, LE SOMMET ARABE DU CAIRE

Cette semaine se caractérise par le fait qu’elle est celle des échéances: la nouvelle législature entame son mandat qui sera prolongé de huit mois.
Le président Nabih Berri a été réélu à l’unanimité pour un troisième mandat, par cent vingt-quatre voix (deux bulletins blancs ayant été retirés de l’urne), alors que deux députés: MM. Elie Aoun et Moustapha Saad se sont absentés pour cause de maladie.
De même, M. Elie Ferzli, vice-président, s’est succédé à lui-même, alors que MM. Ayman Choucair, Farid el-Khazen ont été élus secrétaires (respectivement par 102 et 106 voix); MM. Abdel-Rahman Abdel-Rahman (117 voix), Serge Toursarkissian (76 voix) et Antoine Haddad (66 voix), commissaires (M. Georges Kassarji n’a obtenu que 64 voix).
 

M. Kabalan Issa el-Khoury, doyen d’âge, 
prononçant son discours, entouré des 
benjamins de l’Assemblée: MM. Pierre A. 
Gemayel et Emile Lahoud.

Le président Nabih Berri déposant 
son bulletin dans l’urne.

M. Kabalan Issa el-Khoury, doyen d’âge (89 ans), a présidé la séance, comme le veut la coutume, à laquelle ont assisté le chef et les membres du gouvernement, l’ex-président Charles Hélou, les chefs des missions diplomatiques, des leaders syndicalistes et un grand nombre de représentants des médias, M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes en tête.
MM. Emile Lahoud et Pierre Gemayel, benjamins de l’Assemblée, ont assumé le rôle de secrétaires et procédé au dépouillement des bulletins de vote. Deux autres échéances ayant leur importance figurent sur l’agenda d’octobre, celles du gouvernement et du sommet arabe du Caire. En ce qui concerne les consultations parlementaires en vue de la désignation du Premier ministre, elles ont été reportées au début de la semaine prochaine, le chef de l’Etat devant préparer ses dossiers, car il présidera la délégation officielle à la rencontre des souverains et chefs d’Etat.
 

MM. Emile Lahoud et Pierre Gemayel 
procédant au dépouillement des bulletins, 
aidés des fonctionnaires de la Chambre.

M. Berri assis parmi les députés,
 près du président Omar Karamé.

NOUVELLE RENCONTRE LAHOUD-HARIRI
A ce propos, il y a lieu de faire état de la seconde rencontre, en moins de dix jours, ayant réuni le président Emile Lahoud et M. Rafic Hariri au palais de Baabda, deux jours avant la rentrée parlementaire.
Les deux hommes ont échangé les vues, naturellement, sur le problème gouvernemental au double plan du programme à élaborer et des qualifications des nouveaux ministres, à la lumière des défis auxquels le pays est confronté aux plans interne et régional. La tendance serait en faveur d’un Cabinet représentatif, capable d’assumer les charges du Pouvoir dans les circonstances présentes, à la dimension des responsabilités qui lui incombent.
Plusieurs combinaisons ministérielles sont mises en avant, presque toutes prévoyant un gouvernement de vingt-quatre membres. L’une d’elles est ainsi constituée: MM. Rafic Hariri, Najib Mikati, Abdel-Rahim Mrad (ou Sami Khatib), Mme Ghenwa Jalloul et Kassem Hachem (sunnites); Pierre Hélou (ou Fouad el-Saad), Sleiman Frangié, Jean Obeid (ou Boutros Harb), Georges Frem (ou Neemtallah Abi-Nasr) et Khalil Hraoui (maronites).
MM. Mohamed Abdel-Hamid Beydoun, Mahmoud Abou-Hamdane, Hussein Khalil et Bassem el-Sabeh (chiites).
MM. Michel Murr (ou son fils Elias), Issam Farès, Assaad Hardane (ou le Dr Karam Karam), grecs-orthodoxes.
MM. Elie Skaff (ou Nicolas Fattouche) et Michel Pharaon (grecs-catholiques).
MM. Walid Joumblatt, Marwan Hamadé ou Ghazi el-Aridy (druzes). Agop Kassardjian et Sebouh Hovnanian (Arméniens).
On s’attendait que la nouvelle équipe ministérielle fût mise sur pied avant les consultations parlementaires, afin de prévenir toute divergence au moment où il sera procédé à la nomination des membres du gouvernement et, surtout, à la répartition des portefeuilles. Mais il a été jugé préférable d’attendre la fin du sommet arabe.
Entre autres exemples, des tractations et divergences qui opposaient les blocs de l’Assemblée, celle qui mettait aux prises MM. Ali Hassan Khalil et Ghazi el-Aridy, suite à l’appui proclamé par M. Walid Joumblatt à M. Habib Sadek, ancien député, lors des législatives au Sud.
Mais tout est maintenant rentré dans l’ordre, preuve en est le message que le leader du PSP a adressé au chef du Législatif - et dont celui-ci a donné lecture après sa réélection, M. Joumblatt lui ayant envoyé un mot d’appui avec cette mention: “Un, deux, trois: Nabih, ô ma vie!” (allusion à la troisième élection de M. Berri).
 

Les ambassadeurs assis dans les 
travées \réservées au corps diplomatique.

 

M. Melhem Karam, président de 
l’Ordre des journalistes, félicitant le 
président Berri; à gauche, M. Elie 
Ferzli, vice-président, donne 
l’accolade à un député.

REPORT DES CONSULTATIONS
Pour en revenir au report des consultations parlementaires, il semble qu’il ait été motivé par les préoccupations présidentielles, le chef de l’Etat étant accaparé par les développements dramatiques de la conjoncture régionale.
D’autant que le secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a semé le trouble dans les esprits, quand il a prétendu que “l’enlèvement de trois soldats israéliens par les “Hezbollahis” dans les fermes de Chébaa, constituait une violation de la résolution 425 du Conseil de Sécurité”. Ignorant, délibérément, les violations réitérées par Israël de la “ligne bleue” et son refus d’élargir les Libanais détenus dans ses prisons.
Ceci a amené le président de la République à expliciter le problème en recevant, mercredi dernier, M. Javier Solana, représentant de l’Union européenne pour les affaires politiques et sécuritaires, faisant retomber sur l’Etat hébreu l’entière responsabilité de la tension qui persiste dans la région frontalière où “Tsahal” a envoyé des renforts en effectifs et équipements militaires.
“Pourquoi, a demandé le président Lahoud à M. Solana, aucune réaction n’a été enregistrée dans la communauté internationale, lorsque le Liban a réclamé la libération de ses citoyens détenus dans les geôles israéliennes, alors que des réactions en chaîne se sont manifestées suite à la capture de trois soldats ennemis!”
Le chef de l’Etat a assuré, en réponse à une question du responsable européen, que “la stabilité ne peut être rétablie dans la région proche-orientale, tant qu’une paix juste et globale n’y est pas instaurée. Ce qui ne peut se réaliser, si Israël n’évacue pas le Golan et se retire jusqu’à la frontière de juin 1967.
Lorsque M. Solana a émis le souhait de voir les forces régulières libanaises déployées en force le long de la “ligne bleue”, le président Lahoud l’a informé de la présence d’un important effectif de soldats et des forces de sécurité intérieure le long de cette ligne, celles-ci suffisant amplement à assurer la sécurité dans le secteur.
M. Solana ayant déploré les manifestations de Palestiniens dans la région frontalière, le chef de l’Etat a rappelé qu’il a, maintes fois, réclamé la reconnaissance du droit au retour de ces réfugiés disant que “leur présence en territoire libanais constituerait une bombe à retardement”, ainsi qu’il l’a proclamé lors du sommet francophone du Canada.

ANNAN, MÉDIATEUR
Par ailleurs, il y a lieu de signaler que le secrétaire général de l’ONU, qui effectuait une visite à Beyrouth, s’est rendu précipitamment à Tel-Aviv, pour tenter de mettre fin à la violence et freiner l’escalade sur le terrain, avant d’avoir rencontré Sayed Hassan Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah”, comme prévu dans le programme de son séjour libanais.
Le président Lahoud avait attiré l’attention de M. Annan sur les violations réitérées de l’armée israélienne de l’espace aérien libanais, ce qui est interprété comme autant de violations de la résolution 425, tout en réaffirmant que les fermes de Chébaa sont bel et bien libanaises, de l’aveu même du président Bachar Assad. Aussi, l’enlèvement des trois soldats israéliens à proximité de ces fermes ne peut-il être considéré comme une violation de la 425.
“Si, a souligné le président Lahoud, le Hezbollah a capturé trois membres de “Tsahal”, c’est après avoir désespéré d’obtenir la libération des Libanais détenus en Israël. Aussi, se propose-t-il d’échanger les trois “otages” contre nos concitoyens, en plus du quatrième Israélien ayant le grade de colonel, membre du “Mossad”.
Ce dernier se déplaçait dans les capitales européennes avec un faux passeport, à partir de fin juillet, notamment en Bulgarie où il a rencontré Athanase Athanassov, chef des services de renseignements bulgares, avec lequel il a échangé les vues sur les moyens d’empêcher des islamistes de nationalités arabe et palestinienne d’entreprendre, à partir de Sofia des opérations terroristes dirigées contre des intérêts israéliens ou occidentaux et, particulièrement, américains.

NADIM EL-HACHEM

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