![]() M. Kabalan Issa el-Khoury, doyen d’âge, prononçant son discours, entouré des benjamins de l’Assemblée: MM. Pierre A. Gemayel et Emile Lahoud. |
![]() Le président Nabih Berri déposant son bulletin dans l’urne. |
M. Kabalan Issa el-Khoury, doyen d’âge (89 ans), a présidé
la séance, comme le veut la coutume, à laquelle ont assisté
le chef et les membres du gouvernement, l’ex-président Charles Hélou,
les chefs des missions diplomatiques, des leaders syndicalistes et un grand
nombre de représentants des médias, M. Melhem Karam, président
de l’Ordre des journalistes en tête.
MM. Emile Lahoud et Pierre Gemayel, benjamins de l’Assemblée,
ont assumé le rôle de secrétaires et procédé
au dépouillement des bulletins de vote. Deux autres échéances
ayant leur importance figurent sur l’agenda d’octobre, celles du gouvernement
et du sommet arabe du Caire. En ce qui concerne les consultations parlementaires
en vue de la désignation du Premier ministre, elles ont été
reportées au début de la semaine prochaine, le chef de l’Etat
devant préparer ses dossiers, car il présidera la délégation
officielle à la rencontre des souverains et chefs d’Etat.
![]() MM. Emile Lahoud et Pierre Gemayel procédant au dépouillement des bulletins, aidés des fonctionnaires de la Chambre. |
![]() M. Berri assis parmi les députés, près du président Omar Karamé. |
NOUVELLE RENCONTRE LAHOUD-HARIRI
A ce propos, il y a lieu de faire état de la seconde rencontre,
en moins de dix jours, ayant réuni le président Emile Lahoud
et M. Rafic Hariri au palais de Baabda, deux jours avant la rentrée
parlementaire.
Les deux hommes ont échangé les vues, naturellement,
sur le problème gouvernemental au double plan du programme à
élaborer et des qualifications des nouveaux ministres, à
la lumière des défis auxquels le pays est confronté
aux plans interne et régional. La tendance serait en faveur d’un
Cabinet représentatif, capable d’assumer les charges du Pouvoir
dans les circonstances présentes, à la dimension des responsabilités
qui lui incombent.
Plusieurs combinaisons ministérielles sont mises en avant, presque
toutes prévoyant un gouvernement de vingt-quatre membres. L’une
d’elles est ainsi constituée: MM. Rafic Hariri, Najib Mikati, Abdel-Rahim
Mrad (ou Sami Khatib), Mme Ghenwa Jalloul et Kassem Hachem (sunnites);
Pierre Hélou (ou Fouad el-Saad), Sleiman Frangié, Jean Obeid
(ou Boutros Harb), Georges Frem (ou Neemtallah Abi-Nasr) et Khalil Hraoui
(maronites).
MM. Mohamed Abdel-Hamid Beydoun, Mahmoud Abou-Hamdane, Hussein Khalil
et Bassem el-Sabeh (chiites).
MM. Michel Murr (ou son fils Elias), Issam Farès, Assaad Hardane
(ou le Dr Karam Karam), grecs-orthodoxes.
MM. Elie Skaff (ou Nicolas Fattouche) et Michel Pharaon (grecs-catholiques).
MM. Walid Joumblatt, Marwan Hamadé ou Ghazi el-Aridy (druzes).
Agop Kassardjian et Sebouh Hovnanian (Arméniens).
On s’attendait que la nouvelle équipe ministérielle fût
mise sur pied avant les consultations parlementaires, afin de prévenir
toute divergence au moment où il sera procédé à
la nomination des membres du gouvernement et, surtout, à la répartition
des portefeuilles. Mais il a été jugé préférable
d’attendre la fin du sommet arabe.
Entre autres exemples, des tractations et divergences qui opposaient
les blocs de l’Assemblée, celle qui mettait aux prises MM. Ali Hassan
Khalil et Ghazi el-Aridy, suite à l’appui proclamé par M.
Walid Joumblatt à M. Habib Sadek, ancien député, lors
des législatives au Sud.
Mais tout est maintenant rentré dans l’ordre, preuve en est
le message que le leader du PSP a adressé au chef du Législatif
- et dont celui-ci a donné lecture après sa réélection,
M. Joumblatt lui ayant envoyé un mot d’appui avec cette mention:
“Un, deux, trois: Nabih, ô ma vie!” (allusion à la troisième
élection de M. Berri).
![]() Les ambassadeurs assis dans les travées \réservées au corps diplomatique. |
![]() M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes, félicitant le président Berri; à gauche, M. Elie Ferzli, vice-président, donne l’accolade à un député. |
REPORT DES CONSULTATIONS
Pour en revenir au report des consultations parlementaires, il semble
qu’il ait été motivé par les préoccupations
présidentielles, le chef de l’Etat étant accaparé
par les développements dramatiques de la conjoncture régionale.
D’autant que le secrétaire général des Nations
Unies, M. Kofi Annan, a semé le trouble dans les esprits, quand
il a prétendu que “l’enlèvement de trois soldats israéliens
par les “Hezbollahis” dans les fermes de Chébaa, constituait une
violation de la résolution 425 du Conseil de Sécurité”.
Ignorant, délibérément, les violations réitérées
par Israël de la “ligne bleue” et son refus d’élargir les Libanais
détenus dans ses prisons.
Ceci a amené le président de la République à
expliciter le problème en recevant, mercredi dernier, M. Javier
Solana, représentant de l’Union européenne pour les affaires
politiques et sécuritaires, faisant retomber sur l’Etat hébreu
l’entière responsabilité de la tension qui persiste dans
la région frontalière où “Tsahal” a envoyé
des renforts en effectifs et équipements militaires.
“Pourquoi, a demandé le président Lahoud à M.
Solana, aucune réaction n’a été enregistrée
dans la communauté internationale, lorsque le Liban a réclamé
la libération de ses citoyens détenus dans les geôles
israéliennes, alors que des réactions en chaîne se
sont manifestées suite à la capture de trois soldats ennemis!”
Le chef de l’Etat a assuré, en réponse à une question
du responsable européen, que “la stabilité ne peut être
rétablie dans la région proche-orientale, tant qu’une paix
juste et globale n’y est pas instaurée. Ce qui ne peut se réaliser,
si Israël n’évacue pas le Golan et se retire jusqu’à
la frontière de juin 1967.
Lorsque M. Solana a émis le souhait de voir les forces régulières
libanaises déployées en force le long de la “ligne bleue”,
le président Lahoud l’a informé de la présence d’un
important effectif de soldats et des forces de sécurité intérieure
le long de cette ligne, celles-ci suffisant amplement à assurer
la sécurité dans le secteur.
M. Solana ayant déploré les manifestations de Palestiniens
dans la région frontalière, le chef de l’Etat a rappelé
qu’il a, maintes fois, réclamé la reconnaissance du droit
au retour de ces réfugiés disant que “leur présence
en territoire libanais constituerait une bombe à retardement”, ainsi
qu’il l’a proclamé lors du sommet francophone du Canada.
ANNAN, MÉDIATEUR
Par ailleurs, il y a lieu de signaler que le secrétaire général
de l’ONU, qui effectuait une visite à Beyrouth, s’est rendu précipitamment
à Tel-Aviv, pour tenter de mettre fin à la violence et freiner
l’escalade sur le terrain, avant d’avoir rencontré Sayed Hassan
Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah”, comme
prévu dans le programme de son séjour libanais.
Le président Lahoud avait attiré l’attention de M. Annan
sur les violations réitérées de l’armée israélienne
de l’espace aérien libanais, ce qui est interprété
comme autant de violations de la résolution 425, tout en réaffirmant
que les fermes de Chébaa sont bel et bien libanaises, de l’aveu
même du président Bachar Assad. Aussi, l’enlèvement
des trois soldats israéliens à proximité de ces fermes
ne peut-il être considéré comme une violation de la
425.
“Si, a souligné le président Lahoud, le Hezbollah a capturé
trois membres de “Tsahal”, c’est après avoir désespéré
d’obtenir la libération des Libanais détenus en Israël.
Aussi, se propose-t-il d’échanger les trois “otages” contre nos
concitoyens, en plus du quatrième Israélien ayant le grade
de colonel, membre du “Mossad”.
Ce dernier se déplaçait dans les capitales européennes
avec un faux passeport, à partir de fin juillet, notamment en Bulgarie
où il a rencontré Athanase Athanassov, chef des services
de renseignements bulgares, avec lequel il a échangé les
vues sur les moyens d’empêcher des islamistes de nationalités
arabe et palestinienne d’entreprendre, à partir de Sofia des opérations
terroristes dirigées contre des intérêts israéliens
ou occidentaux et, particulièrement, américains.