DÉPUTÉ DE KESROUAN-JBEIL FARID EL-KHAZEN:
"Le Cabinet ne peut réaliser la réconciliation nationale" "Le Cabinet des trente, une catastrophe nationale"
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Il allie la pondération de l’homme sage à “l’esprit rebelle” de la jeunesse; se dit progressiste sans être de gauche et opposant sous conditions, non satisfait de la manière dont le “Cabinet des trente” a été formé, parce qu’il le juge incapable de réaliser la réconciliation nationale. Le président Hariri, soutient-il, n’a pas disposé de toute la latitude nécessaire pour mettre sur pied la combinaison ministérielle conforme à son souhait. Aussi, cette dernière a-t-elle perdu cinquante pour cent de sa crédibilité dès le moment de sa constitution.

M. el-Khazen précise, tout d’abord, qu’il est progressiste sans être de gauche, prône un Etat démocratique moderne et se préoccupe de préserver les libertés publiques ainsi que le régime libéral. Cheikh Farid pense que le Liban ne peut survivre sans équilibre interne, le pays ayant payé très cher le prix du déséquilibre qui s’est produit dans sa contexture nationale. “Malheureusement, ajoute-t-il, nous passons de la victoire d’une partie à la prostration de l’autre. Sans l’équilibre sauvegardant les acquis de toutes les composantes de notre peuple, la stabilité politique, économique et sécuritaire ne peut être assurée”.

Comment expliquez-vous votre succès fulgurant aux législatives où vous avez obtenu le plus grand nombre de voix?
Cela est dû, d’abord, au réseau d’amitiés et de connaissances nouées par la famille politique dont je me réclame. Puis, j’ai pris la ferme détermination de tenir un discours franc, ce qui m’a valu la confiance des citoyens. Je m’attendais à être élu, mais non à obtenir un tel nombre de suffrages.

HARIRI N’A PAS FORMÉ LE CABINET DE SON CHOIX
Votre oncle, M. Rouchaid el-Khazen, considère que le nouveau Cabinet est incapable de réaliser l’entente nationale. Etes-vous de son avis?
Certainement. D’ailleurs, le gouvernement Hariri a perdu 50 pour cent de sa crédibilité dès sa formation. Je crois que le Premier ministre n’a pas eu toute la latitude pour constituer une combinaison ministérielle de son choix. Le bloc parlementaire dont je fais partie, a avancé sa candidature à la présidence du Conseil, partant de sa conviction qu’il dispose d’atouts lui permettant de redresser la situation économique. S’il avait pu mettre sur pied un gouvernement tel qu’il le souhaitait, il aurait constitué une autre équipe gouvernementale, car il se proposait de produire un choc au sein de l’opinion publique, le relèvement de notre économie étant lié, directement, à la confiance du peuple qui aurait été mis en état de souscrire aux décisions, même les plus impopulaires, que le Pouvoir serait amené à prendre. Je n’accorderai donc pas la confiance au Cabinet, parce qu’il n’est pas à même de sortir le pays de l’ornière. J’admets qu’aucun gouvernement ne peut satisfaire tout le monde. Mais à ma connaissance, M. Hariri envisageait de former un Cabinet où tous les courants chrétiens auraient été représentés, pour que ces derniers ne sentent pas qu’ils sont marginalisés.

OPÉRATION DE TROC
Qu’est-ce qui a empêché le président Hariri de constituer un tel Cabinet?
Le jeu des quotas qui s’est transformé en opération de troc. Il n’y a pas de mal à ce que le chef de l’Etat et le président de la Chambre soient représentés au sein du Cabinet par des éléments jouissant de leur confiance, mais il importe que cela prenne en considération l’intérêt supérieur de la nation et assure l’équilibre au plan de la représentation nationale. Je n’imagine pas un gouvernement dont font partie Michel Moussa et Michel Pharaon, mais non Elie Skaff, celui-ci tenant un discours pondéré et étant soucieux de sauvegarder le système et l’unité nationale.

DÉCLARATION MINISTÉRIELLE ORDINAIRE
Que pensez-vous de la déclaration ministérielle du “Cabinet des 30”?
Depuis 1943, toutes les déclarations ministérielles se ressemblent. De plus, le gouvernement n’est pas au niveau souhaité, sa représentativité étant plus importante que son programme.

Votre alliance avec MM. Farès Bouez et Abbas Hachem persistera-t-elle et sur quelle base?
Elle est motivée par la convergence d’opinions au niveau tant régional, que national. Mon collègue, Farès Bouez est un brillant parlementaire ayant acquis de l’expérience durant les années où il a détenu le portefeuille des Affaires étrangères. M. Hachem jouit, quant à lui, d’une grande popularité.

Comment réglerez-vous les problèmes dont pâtit votre région?
Notre opposition au gouvernement s’atténuera, au cas où il exécutera des projets vitaux pour notre circonscription, concernant son ravitaillement en eau et électricité, la réfection des routes et l’installation des égouts. L’environnement se place en tête des priorités, la pollution étant provoquée par la centrale de Zouk.

Qu’en est-il du barrage de Chabrouh?
Son financement est assuré. Cependant, la réalisation du projet tarde à être entamée.

OPPOSÉ AU CABINET
Comment sont vos relations avec les députés de Kesrouan-Jbeil?
Au niveau personnel, elles sont bonnes, quoiqu’il y ait opposition sur le plan politique. Contrairement aux loyalistes, notre bloc s’oppose au Cabinet et non au président Hariri personnellement et à ses capacités. Partant de mon opposition constructive, j’ap-prouverai toute action gou-vernementale constructive.

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