Dans Cette Rubrique
RENCONTRE DE BTEGHRINE:
OPPOSITION PLURIELLE DIFFICILE À CONSTITUER
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"MOIS DU SHOPPING"
ET REVENDICATIONS SALARIALES OU PROFESSIONNELLES
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POUR OU CONTRE LA GUÉRILLA PALESTINIENNE: OÙ VA LE SUD?
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L'ÉTAT RESPONSABLE
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Par EDOUARD BASSIL
RENCONTRE DE BTEGHRINE:
OPPOSITION PLURIELLE DIFFICILE À CONSTITUER
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Les rencontres entre les antagonistes d’hier, en prévision du dialogue ou de la formation d’un front politique, pareilles à celle ayant rassemblé, samedi dernier plusieurs personnalités à Bteghrine, ne paraissent pas devoir donner les résultats qu’escomptent leurs initiateurs. En effet, les points de divergence entre les participants à ces assises, sont plus nombreux et complexes que les points de convergence. D’autant que les détracteurs du Pouvoir en place ne peuvent dépasser certaine “ligne rouge”.

Beaucoup de tapage médiatique avait précédé la rencontre ayant rassemblé, samedi dernier au domicile de M. Georges Haoui à Bteghrine, plusieurs personnalités de différents bords, en vue de réactiver le dialogue et, partant, la vie politique à l’échelle nationale. Sur le plan pratique, rien ou presque n’en est sorti, surtout quant au fond. Les convives s’étant promis de se retrouver - sans fixer aucune date à leur seconde agape - afin d’approfondir le débat entamé autour des questions litigieuses. L’initiateur de ce déjeuner politique avait tenu à préciser dès le moment où il a lancé son idée, qu’il ne s’agissait pas de former un “front” contre qui que ce soit, tout en nourrissant l’ambition “de forcer le pouvoir à engager le dialogue avec les différentes composantes de la classe politique”. (sic). C’était, implicitement, un blâme adressé à ceux qui détiennent les commandes au niveau de l’Etat, à qui on fait grief d’être réfractaires au dialogue. Le Premier ministre n’a-t-il pas répliqué à ceux qui, lors du débat de confiance, préconisaient la tenue d’un congrès national en vue de dégager un consensus autour des problèmes vitaux: “La Chambre des députés est l’endroit indiqué pour de telles assises”? Le président Rafic Hariri feignait d’ignorer que toute la classe politique n’était pas représentée au parlement et que le dialogue ne se fait pas entre des personnes du mêmes avis et de même couleur... Comme on demandait, justement, à M. Nassib Lahoud, député du Metn, s’il n’avait pas été surpris par “l’hétérogénéité” de la liste des invités il a répondu: “Il serait préférable d’élargir la liste et de rassembler le maximum de cohérence”. Mais en dépit de la défection de deux de ses anciens alliés: MM. Omar Karamé et Hussein Husseini (avec lesquels Mme Nayla Mouawad s’est solidarisée), M. Lahoud s’est dit satisfait du premier contact de Bteghrine. Le parlementaire metniote s’explique: cette rencontre a réuni beaucoup de personnes dont les dénominateurs communs sont l’opposition à l’Etat et la volonté de rééquilibrage des relations libano-syriennes. De plus, elles sont acquises au renforcement des relations avec Damas. Enfin, elle a confirmé les résultats des dernières législatives au Metn et le plébisicte populaire enregistré dans cette circonscription. Aussi, l’adversaire de M. Nassib Lahoud, en l’occurrence M. Michel Murr, a-t-il rapidement réagi et décoché une flèche empoisonnée en direction de son compatriote Georges Haoui, ex-secrétaire général du P.C. libanais: “Comment, a-t-il demandé, voulez-vous que le communisme renaisse à Bteghrine par la grâce de M. Haoui qui est motivé par des intérêts personnels?” L’ancien ministre de l’Intérieur qui semble avoir été indisposé par ces agapes politiques, tenues nous sa barbe et dans son propre fief, a laissé entendre qu’il prendra position au moment opportun. Autrement dit, il attendra la suite de ces retrouvailles pour réagir et élaborer la stratégie de l’action à entreprendre... Le mot de la fin a été dit par Walid Joumblatt qui a déclaré: “C’est une nouvelle chance pour le dialogue et nous ne la laisserons pas passer. Nous menons un combat pour les libertés, le société civile et le Liban, notre pays ne pouvant être à la fois Hong Kong et Hanoï”...


"MOIS DU SHOPPING" ET REVENDICATIONS SALARIALES OU PROFESSIONNELLES
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La grogne fait boule de neige, étant donné l’indifférence avec laquelle les gouvernants réagissent aux revendications des divers secteurs nationaux. Dans la seule journée d’hier (jeudi 1er février), trois grèves ont paralysé les écoles publiques, les offices autonomes et l’Université libanaise. Le secteur bancaire est également menacé par une cessation du travail et les agriculteurs crient leur colère à cause de la mévente de leurs récoltes. Notre photo: la commission parlementaire de l’Agriculture s’est penchée mardi sur le secteur agricole.

Le “mois du shopping” qui s’est ouvert le 1er février, démarre dans une atmosphère électrisée, alourdie par des grèves sectorielles et une menace d’escalade en signe d’appui à des revendications salariales ou professionnelles. Certains amis lecteurs semblent avoir été gênés par notre commentaire de la semaine écoulée où nous mettions en garde contre la grogne qui risque, écrivions-nous, de faire boule de neige. Nos propos ne procédaient pas d’une vue irréelle de la conjoncture mais, au contraire, d’une vue et d’une analyse authentique effectuée sur le terrain. Il faut être aveugle pour ne pas voir la crise empirer chaque jour davantage. Trois grèves le même jour, déclenchées hier jeudi dans les écoles publiques, l’Université libanaise et les offices autonomes suffisent pour donner une idée de l’ampleur des problèmes qui se posent dans les différents secteurs nationaux. Peut-on passer sous silence la colère des agriculteurs et la menace de grève des employés du secteur bancaire, ces derniers réclamant de nouveaux avantages sociaux et menaçant de bloquer les services des établissements où ils travaillent en plein “mois du shopping”? Pour en revenir à l’enseigne-ment public, soixante mille membres du corps enseignant dénoncent l’inégalité dans l’échelle des traitements et sa-laires par rapport à ceux de leurs collègues du cycle secondaire. Les cinq mille professeurs de l’Université libanaise et en dépit du relèvement des prévisions budgétaires de l’institution (portées de 45 à 55 milliards de livres), désespèrent de bénéficier d’une amélioration de leurs conditions de vie et de travail, tout en se plaignant du clientélisme et de la routine dans lesquels s’empêtre l’université nationale. Plusieurs milliers d’employés des offices autonomes se plaignent de la “politique d’austérité”, dont ils subissent les contre-coups. A l’Electricité du Liban, notamment, le personnel débordé par les heures supplémentaires, rappelle ses revendications touchant les indemnités, la retraite et la mutuelle des fonctionnaires. Que dire du mouvement protestaire des producteurs de fruits et légumes qui se plaignent de la mévente du produit de leurs récoltes à cause de la contrebande opérée à partir des pays limitrophes et de celui des chauffeurs de taxis qui desservent la ligne Beyrouth-Damas, les véhicules syriens travaillant sur la même ligne leur faisant la concurrence sur leur propre terrain? Désespérant de faire entendre leurs doléances aux responsables, les chauffeurs insinuent “qu’ils pourraient être acculés à recourir à des moyens négatifs pour obtenir gain de cause”... Le gouvernement a donc du pain sur la planche et son chef serait mieux inspiré s’il renonçait, momentanément, à ses lointaines pérégrinations ou les espaçait, pour se pencher sur tant de dossiers requérant des solutions urgentes et rapides, avant qu’il ne soit trop tard... A bon entendeur, salut!


POUR OU CONTRE LA GUÉRILLA PALESTINIENNE: OÙ VA LE SUD?
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“L’opération du commando du FPLP-CG dans la région frontalière est une erreur et nous ne tolérons aucune action de la guérilla palestinienne au Sud”, a déclaré le chef du gouvernement. Après une déclaration d’appui aux membres du FPLP-CG. qualifiant leur action de “légitime”, le “Hezbollah” s’est rétracté et a émis des réserves. Le président Nabih Berri s’alignant sur le président Hariri, a réprouvé l’initiative du FPLP. Notre photo: Le chef du Législatif recevant l’émissaire du président Khatami.

Le Liban-Sud est de nouveau au centre des préoccupations nationales, par la faute des autorités officielles qui n’ont pas encore pris la décision requise, afin de rétablir la sécurité le long de la “ligne bleue” et de rassurer les populations civiles. Huit mois après le retrait israélien, les Sudistes vivent sous l’obsession des représailles de “Tsahal”, en réplique aux opérations menées à partir du territoire libanais contre ses positions, par des éléments qualifiés d’incontrôlables et qui, de surcroît, ne peuvent se permettre de se mouvoir dans nos murs, au risque de provoquer une riposte toujours mortelle et destructrice de la part de l’ennemi. Ces éléments se réclamant de FPLP (d’Ahmed Jibril) ont perdu deux des leurs au cours d’une opération dans la région de Chébaa, sur lesquels ont été trouvés des papiers ayant révélé leur identité et affiliation. L’opération avortée de ce commando palestinien a été considérée comme une “grave erreur” par le chef du gouvernement, lequel a ordonné une enquête pour déterminer comment ce commando armé a pu s’infiltrer jusqu’à la frontière, sans que la force mixte (Armée FSI) ait pu le repérer. “Le Liban, a déclaré M. Hariri, ne permettra pas aux Palestiniens d’entreprendre des attaques contre Israël à partir de notre territoire”, afin de ne pas donner à l’Etat hébreu un prétexte pour bombarder nos infrastructures. Tel n’est pas l’avis du “Hezbollah” qui a qualifié l’opération de “légitime” et mis en garde “contre toute position erronée” à ce sujet... Ces deux prises de position contradictoires du Pouvoir et de la Résistance suscitent d’autant plus l’inquiétude, que dans son rapport au Conseil de Sécurité, le secrétaire génértal de l’ONU envisage de mettre fin à la mission de la FINUL au Liban-Sud. (Aux dernières nouvelles, le “Hezbollah” s’est rétracté après avoir proclamé son appui au FPLP-CG...) Sans les Casques bleus dont le nombre va être réduit, progressivement, la situation redeviendrait explosive, surtout si le gouvernement s’abstenait de déployer nos forces régulières le long de la frontière, parce que selon l’avis, du reste logique, de M. Annan, “le Liban doit y affirmer son autorité”. Même le responsable de Fateh (pro-Arafat) s’est dit opposé à toute attaque anti-israélienne à partir du territoire libanais, “parce qu’elle fournira un prétexte à Israël pour attaquer les camps de réfugiés”. Le même responsable arafatiste s’est demandé, à ce propos, pourquoi les autres fronts (des pays de l’étau: Syrie, Jordanie, Egypte) restent interdits à des opérations de la guérilla palestinienne, si le Sud libanais seul doit lui servir de base et de point de départ? En fait, de telles opérations à partir du Liban-Sud sont tout simplement suicidaires et se retournent contre notre pays et ceux qui les déclenchent”. Les Etats arabes devraient élaborer une stratégie commune, au cas où ils se décidaient “à reprendre par la force, ce que l’Etat hébreu leur a pris par la force”...


L'ÉTAT RESPONSABLE

L’État responsable Déplorant la contrebande des produits de la terre qui se pratique à travers la frontière libano-syrienne, le président de la Chambre a fait assumer à l’Etat libanais et aux douanes, la responsabilité d’un tel état de choses... “A moins, dit-il, que certains jugent dans leur intérêt d’encourager une telle opération tant préjudiciable aux producteurs de fruits et légumes libanais”. Ceux-ci crient leur colère ces dernières semaines et encombrent les routes dans les différents districts, par le produit de leurs récoltes qu’ils déversent sur la chaussée, parce qu’ils ne parviennent plus à leur trouver acquéreurs.. Le ministre de l’Agriculture réalise, à l’en croire, la nécessité de résoudre les problèmes qui se posent aux cultivateurs. “L’œil voit, mais la main est courte”, répète-t-il aux délégations venues lui confier leur détresse et demander son intervention afin de mettre un terme à leur malheur. Mais le ministre se plaint de la modicité des prévisions réservées à son département dans le projet de budget 2001. Aussi, a-t-il demandé de les porter de 30 à 50 milliards de livres pour qu’il puisse satisfaire les doléances des agriculteurs. Il est heureux que la commission parlementaire de l’Agriculture se soit penchée sur ce problème et ait adopté certaines recommandations visant à arrêter la contrebande, à accorder des prêts bonifiés au secteur agricole et, surtout, à réviser les accords signés avec les pays voisins. Reste à savoir si ces recommandations ne tomberont pas dans des oreilles sourdes et ne se perdront pas comme autant de cris dans le désert!

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